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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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se mit à tapoter l’épaule de Stern tout en continuant de rire.
    En fait, Stern était au courant de ce qui se tramait parce qu’il avait vu les directives adressées à Aue par Eberhard von Jagwitz, directeur au ministère de l’Economie, sur la ligne de conduite à adopter pour « aryaniser » industries et commerces. Aue avait chargé Stern de faire un résumé du mémorandum. Von Jagwitz – bien que le ton de sa missive indiquât qu’il n’y était pour rien et même le regrettait – soulignait que certaines branches du gouvernement, telles que la RHSA de Heydrich (services de sécurité) ou certaines instances du parti, feraient pression pour une « aryanisation » totale de l’industrie. Plus vite les nouveaux directeurs mis en place pourraient se débarrasser des ouvriers qualifiés juifs, mieux cela vaudrait – étant entendu, bien sûr, que la productivité devrait se maintenir à un niveau tolérable.
    Herr Schindler remit les comptes courants de Rekord dans sa poche, puis, se levant, entraîna Stern dans la salle des employés. Dans le brouhaha des machines à écrire, au milieu des sténos et des clercs, ils se mirent tous deux à philosopher. Oskar parlait des origines juives de la religion chrétienne, un sujet qui lui tenait à cœur depuis son amitié d’enfance avec les Kanter de Zwittau.
    Oskar aimait à jouer les philosophes. Mais il avait trouvé à qui parler. Stern avait publié plusieurs articles et thèses sur les religions comparées. Cet érudit, que certains jugeaient pédant, voyait en Oskar un esprit ouvert mais simpliste. Peu lui importait. Une sorte d’amitié mal définie semblait s’être établie entre les deux hommes. Et cette conversation incitait Stern à penser que l’empire nazi s’effondrerait un jour ou l’autre à la manière d’autres empires. Les analogies de l’Histoire avaient amené le père d’Oskar à imaginer exactement la même chose quelques années auparavant.
    Stern ne put s’empêcher de le dire. Les employés juifs du bureau se penchèrent avec ardeur sur leur travail, craignant une réaction. Schindler ne broncha pas.
    Vers la fin de la conversation, Oskar émit quelques propos désabusés :
    Dans une telle époque, philosopha-t-il, il devait être bien difficile aux différentes Eglises de continuer à prétendre que le Père éternel se souciait des choses d’ici-bas. Oui, Schindler n’aurait pas aimé être prêtre dans ces temps où la vie d’un homme n’avait ni plus ni moins de valeur qu’un paquet de cigarettes. Stern acquiesça mais ne put s’empêcher de citer – dans l’intérêt de la discussion, bien sûr – le verset du Talmud annonçant que celui qui sauve un seul homme sauve le monde entier.
    — Bien sûr, bien sûr, dit Oskar.
    Itzhak, à tort ou à raison, a toujours pensé que c’est à ce moment précis qu’il avait placé sa mise exactement là où il le fallait.

CHAPITRE 3

     
    Un autre juif de Cracovie a fait le récit de sa rencontre avec Oskar à cette même époque. Il fut même à deux doigts de le tuer. Leopold (Poldek) Pfefferberg, chef de compagnie dans l’armée polonaise, avait été blessé à la jambe au cours d’un engagement près de la rivière San. Il avait réussi à rejoindre en boitillant l’hôpital polonais de Przemysl où ses connaissances en anatomie – il était diplômé d’éducation physique d’une université de Cracovie – lui avaient permis de donner des soins à d’autres blessés. Pfefferberg, vingt-sept ans, solide comme un bœuf, n’était pas homme à se laisser aller.
    Quand il se retrouva dans la salle d’attente de la gare de Cracovie avec quelques centaines d’autres officiers polonais transférés en Allemagne, il se dit que le moment était venu. Sa propre maison n’était pas loin de la gare. Il serait idiot de ne pas tenter quelque chose, d’autant que la sentinelle allemande affectée à leur garde n’avait pas l’air bien redoutable.
    Pfefferberg avait en sa possession un document estampillé par les autorités allemandes de l’hôpital de Przemysl indiquant qu’il était libre de circuler avec des ambulanciers pour porter secours aux blessés des deux armées. Il s’avança vers la sentinelle et plaça le document sous son nez.
    —  Pouvez-vous lire l’allemand ? demanda Pfefferberg.
    Il fallait jouer serré, se montrer persuasif et faire preuve de cette autorité naturelle qui, sous l’influence des aristocrates aux postes de

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