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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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1938 et 1939, et il aurait sans doute jugé imprudent de contacter les résistants. On sait, en tout cas, que la plupart des armes furent fournies par quelqu’un au-dessus de tout soupçon : l’Obersturmbannführer Rasch lui-même, chef de la police de Moravie. La petite réserve comprenait des carabines, des armes automatiques, quelques pistolets et quelques grenades. Oskar dira plus tard qu’il avait obtenu le lot « sous le prétexte de pouvoir défendre son usine et pour le prix d’une très jolie bague offerte à l’épouse de Rasch ».
    Nous n’avons que peu de détails sur le marchandage effectué au château Spilberk de Brno, siège des bureaux de Rasch. Mais on peut les imaginer. Herr Direktor, préoccupé par l’éventualité d’une attaque de partisans, se dit prêt à mourir, revolver en main, pour défendre son usine. Mais il aurait d’abord sacrifié son épouse, pour lui éviter le pire. Il évoque également la possibilité d’une poussée russe qui amènerait les barbares aux portes de son fief. Ses ingénieurs dévoués, Fuchs et Schoenbrun, ses techniciens compétents, sa secrétaire allemande, tous ces gens-là méritent de pouvoir se défendre. Ces sombres propos laissent un goût amer dans la bouche. Aussi Oskar préférerait-il entretenir Herr Obersturmbannführer de choses plus attrayantes. Il connaît sa passion pour les beaux bijoux. Et justement, il en a trouvé un superbe la semaine dernière. Peut-il le lui montrer ? « Dès que je l’ai vu, j’ai pensé immédiatement à Frau Rasch », dira Oskar en posant négligemment la bague sur le sous-main de l’Obersturmbannführer.
    Uri Bejski, le frère du faussaire, un beau garçon plein de dynamisme, fut chargé de veiller sur les armes. C’était un protégé d’Emilie qui lui avait donné les clés de l’appartement des Schindler où il allait et venait comme bon lui semblait. Le fils Spira était également dans les petits papiers de Frau Schindler qui lui donnait régulièrement des tartines de margarine.
    Uri forma trois commandos de prisonniers comprenant chacun cinq hommes. Parmi eux, Lutek Feigenbaum, quelques anciens de l’armée polonaise comme Pfefferberg, et ceux que les prisonniers appelaient les « gars de Budzyn ». Tous s’entraînèrent au maniement des armes, notamment des Gewehr 41 W, dans un entrepôt annexe.
    Les « gars de Budzyn » étaient des officiers et des hommes de l’ancienne armée polonaise qui avaient survécu à la liquidation du camp de Budzyn placé sous le Commandement de l’Untersturmführer Liepold. Tous ces hommes, une cinquantaine, très marqués politiquement, travaillaient dans les cuisines d’Oskar. Ils s’étaient familiarisés avec le marxisme pendant leur séjour dans le camp de travail et souhaitaient l’avènement d’une Pologne communiste. Ironie du sort, ils avaient trouvé un havre dans les cuisines bien chaudes d’un capitaliste notoirement apolitique, Herr Oskar Schindler.
    Ils entretenaient de bons rapports avec les prisonniers juifs, qui, mis à part un petit groupe de sionistes, se préoccupaient beaucoup plus de survivre que de faire de la politique. Certains d’entre eux apprirent donc avec Uri Bejski le maniement des armes automatiques dont n’avait jamais disposé l’armée polonaise dans les années 30.
    On peut imaginer que Frau Rasch aurait eu une attaque si elle avait vu se refléter dans son superbe diamant l’image de ce qu’il avait coûté : une bande de juifs et de marxistes armés de mitraillettes.

CHAPITRE 36
     
    Les vieux camarades de beuverie d’Oskar, notamment Amon et Bosch, avaient fini par se persuader que celui-ci était atteint d’un virus pro juif. Ils ne lui en voulaient pas pour autant. Ils avaient connu d’autres gens, bien sous tous rapports, frappés du même mal : une partie de leur cerveau avait été attaquée par une sorte de bactérie magique. Leur aurait-on demandé si la maladie était contagieuse, ils auraient répondu « oui », sans hésitation. Et ils auraient cité, pour étayer leur thèse, le cas de l’Oberleutnant Sussmuth.
    Au cours de l’hiver 1944-1945, Oskar et Sussmuth complotèrent pour tenter de faire sortir trois mille femmes d’Auschwitz, par groupes de trois cents à cinq cents, afin de les installer dans des petits camps de Moravie. Oskar usait de son influence, de son entregent, et versait des pots-de-vin. Sussmuth s’occupait de la paperasserie. Certaines usines de textile de

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