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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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Moravie, dont les propriétaires n’étaient pas aussi farouchement antijuifs que les Hoffman, manquaient cruellement de main-d’œuvre. Cinq au moins de ces usines – à Freudenthal , Jagerndorf , Liebau , Grulich et Trautenau – acceptèrent des contingents de prisonnières d’Auschwitz et installèrent des camps pour les recevoir. Ce n’était pas exactement le paradis, et cela d’autant moins que les SS avaient là une liberté d’action que Liepold ne pourrait jamais espérer avoir. Oskar dira lui-même que ces femmes vivaient « dans des conditions insupportables ». Mais au moins, les garnisons SS étaient composées là d’hommes d’un certain âge, moins rigides, moins fanatiques. Bien sûr, il fallait se soustraire au typhus, porter sa faim en bandoulière. Mais au moins, ces petits camps disséminés dans la campagne échapperaient aux ordres d’extermination qui seraient lancés au printemps.
    A cette époque, le virus pro juif avait peut-être frappé Sussmuth, mais il avait terrassé Oskar. Celui-ci avait demandé qu’on lui envoie trente métallos supplémentaires. On sait qu’il avait perdu tout intérêt dans la production de son usine, mais il pensait que trente ouvriers qualifiés en plus apporteraient un surcroît de crédibilité à son entreprise auprès de la section D. Et il désirait ces trente-là avec la même passion dévorante qu’on voyait se consumer sur la poitrine du Sacré-Cœur dans la cuisine d’Emilie. Connaissant les faiblesses de Herr Direktor, il serait difficile de le canoniser. Mais au moins, à défaut de sauver les âmes, il voulait sauver les corps.
    Moshe Henigman, un des trente métallos, a laissé un document racontant leur délivrance tout à fait inattendue. Peu après Noël quelque dix mille prisonniers d’Auschwitz 3 qui travaillaient pour la fabrique d’armes Krupp Weschel -Union, pour la compagnie Terre et Pierre, pour l’usine Farben de carburants synthétiques et pour une usine de démontage d’avions durent quitter Auschwitz pour se rendre à pied, en colonne, jusqu’à Gröss-Rosen. Peut-être l’organisateur du transfert envisageait-il qu’une fois arrivés en basse Silésie, les prisonniers seraient affectés dans les petits camps de travail de la région. Manifestement, les SS qui accompagnaient les détenus n’en avaient cure. Personne ne s’était soucié des températures polaires qui s’étaient abattues sur la région en ce début d’hiver. Personne ne s’était soucié de nourrir la colonne. Les boiteux, les geignards, les asthmatiques étaient impitoyablement sortis des rangs et exécutés. Au bout de dix jours, dira Henigman, il ne restait guère que mille deux cents prisonniers sur les dix mille qui avaient pris la route. Au nord, les armées de Koniev avaient franchi la Vistule près de Cracovie : désormais toutes les routes qu’aurait dû prendre la colonne en direction du nord-ouest étaient coupées. On parqua les survivants dans un camp SS proche d’Opole où le commandant établit une liste des ouvriers qualifiés. Les sélections s’opéraient quotidiennement. Ceux qui n’étaient pas déclarés « bons pour le travail » étaient immédiatement exécutés. Les hommes, à l’appel de leur nom, ignoraient ce qui allait suivre : un croûton de pain ou une balle dans la nuque. Henigman eut la chance d’être sélectionné dans le bon groupe et se retrouva avec quelque trente autres camarades dans un wagon placé sous la supervision d’un soldat SS et d’un kapo. Le train devait se diriger vers le sud. « On nous avait donné un peu de nourriture pour le voyage, se rappelle Henigman. On n’en croyait pas nos yeux. »
    Henigman racontera par la suite l’atmosphère totalement irréelle de leur arrivée à Brinnlitz. « On n’arrivait pas à imaginer qu’il pût encore exister quelque part un camp où les hommes et les femmes étaient ensemble, où il n’y avait pas de brutalités, pas de kapos. » Il en rajoutait quelque peu. A Brinnlitz, les hommes et les femmes étaient séparés. De temps à autre, la blonde petite amie SS d’Oskar ne pouvait s’empêcher de distribuer quelques paires de claques. Et le jour où quelqu’un dénonça à Liepold un prisonnier qui avait volé une patate dans les cuisines, le malheureux dut rester juché toute une journée sur un tabouret placé au milieu de la cour de l’usine, avec une patate coincée dans sa bouche dégoulinante de salive et une pancarte :

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