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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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débouchés. « Quant à la production du matériel de guerre, ajoutera Oskar sans rire, elle fut en proie à de nombreuses difficultés techniques dès le début. » En fait, il parviendra à expédier un camion de « pièces de munitions » d’une valeur de trente-cinq mille Reichsmark. « Mais ces éléments étaient déjà semi-finis quand ils étaient arrivés à Brinnlitz, témoignera Oskar. En faire moins et continuer à évoquer les difficultés du démarrage aurait paru de plus en plus suspect et nous aurait attiré des ennuis, pour moi comme pour mes juifs. D’autant que le ministre de l’Armement, Albert Speer, relevait de mois en mois les quotas de production. » En freinant cette production au maximum, Oskar courait plusieurs dangers. Au ministère de l’Armement, on le tenait en piètre estime. Mais surtout, les autres fabricants de munitions étaient furibards. Pour éviter la destruction de tout un ensemble au cours d’un bombardement aérien, les responsables allemands avaient imaginé de fragmenter la production : une usine fabriquait les douilles, une autre les amorces, une troisième mettait les charges dans les obus et assemblait le tout. Les obus fabriqués à Brinnlitz suivaient ainsi une filière qui leur valait d’être contrôlés à chaque étape par des ingénieurs dont Oskar ignorait tout et qu’il ne pouvait pas joindre. Il ne se privait pas de montrer à Stern, à Finder, à Pemper ou à Garde les lettres de protestation qu’il recevait. Elles le faisaient hurler de rire.
    Le 28 avril 1945, Oskar célébrait son trente-septième anniversaire en buvant du cognac en compagnie de Stern et de Mietek Pemper. Ce jour-là, comme nous le verrons plus tard, la vie des prisonniers ne tenait qu’à un fil : le Sturmbannführer Hassebroeck avait lancé l’ordre de les mettre à mort. Mais pour l’instant, Oskar et ses deux prisonniers semblaient beaucoup s’amuser à la lecture d’un télégramme en provenance de l’usine d’assemblage de matériel de guerre de Brno. Le texte indiquait que les obus antitanks fabriqués à Brinnlitz étaient de si mauvaise qualité qu’ils avaient échoué à tous les tests de contrôle. Le calibrage était défectueux, et ils n’avaient pas été moulés à la bonne température, si bien qu’ils se fendillaient.
    — C’est le meilleur cadeau d’anniversaire que j’aie reçu, se pâmait Oskar. Au moins je sais que mes obus ne seront pas responsables de la mort de quelque pauvre bougre.
    Cet incident jette une lumière sur les deux extrêmes de la frénésie ambiante. D’un côté, voici Oskar, l’industriel, qui se réjouit de ne rien produire. De l’autre, le technocrate allemand, à demi fou, qui, sachant que Vienne est tombée, que les armées du maréchal Koniev viennent d’opérer leur jonction avec les Américains sur l’Elbe, croit encore dur comme fer qu’une petite usine de munitions cachée dans les collines de Moravie a encore le temps d’améliorer sa production et de se sacrifier sur l’autel de la discipline et de l’effort de guerre.
    Mais à la lecture de ce télégramme, une question se pose : comment Oskar a-t-il bien pu tenir pendant sept mois dans ces conditions-là ?
    Les gens de Brinnlitz nous ont parlé de toute une série d’inspections et de vérifications effectuées par les hommes de la section D ou les ingénieurs de l’Inspection des armements qui, carnets de contrôle en main, venaient régulièrement fourrer leur nez dans les chaînes de production. Oskar ne manquait jamais de les traiter royalement à déjeuner ou à dîner. La bonne chère étant rare à l’époque, les inspecteurs profitaient largement de l’aubaine. Les prisonniers qui travaillaient sur les tours, les presses ou les fours se rappellent en avoir vu certains tanguer dans les ateliers en exsudant de forts relents d’alcool. Ils racontent l’histoire d’un fonctionnaire qui s’était vanté, au cours d’une des dernières tournées d’inspection de la guerre, que Schindler ne parviendrait jamais à l’amadouer, ni par les bons sentiments ni par le ventre. Oskar lui aurait fait un croc-en-jambe dans l’escalier raide menant des ateliers aux dortoirs, et l’autre se serait retrouvé en bas avec le crâne fêlé et une jambe cassée. Les prisonniers ne se sont cependant jamais mis d’accord sur l’identité du personnage. Certains ont avancé le nom de Rasch, chef SS de la police de Moravie. Oskar ne s’est jamais

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