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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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sourire aux nazis, c’est-à-dire bien avant leur déconfiture.
    Quoi qu’il en soit, Mme Pfefferberg n’avait aucune idée de ce que ce grand Allemand bien mis venait faire chez elle. Peut-être était-il à la recherche de son fils qui, à ce moment précis, se trouvait dans la cuisine. Venait-il pour réquisitionner l’appartement ? sa modeste entreprise de décoration ? ses antiquités ? sa tapisserie française ?
    De fait, avant même la fête de Hanukkah, en décembre, la police allemande mandatée par le bureau du logement viendrait chez les Pfefferberg et les ferait descendre, transis de froid, sur le trottoir de la rue Grodzka. On refusera à Mme Pfefferberg la permission d’aller rechercher un manteau dans son appartement. Quant à M. Pfefferberg qui voudra récupérer dans son bureau une montre en or ancienne, il recevra un coup de poing dans la mâchoire. «J’ai été témoin d’actes scandaleux, avait dit Hermann Göring. Des chauffeurs et des petits chefs s’en sont mis tellement plein les poches que certains disposent maintenant de plus d’un demi-million. » Les innombrables larcins commis par les Allemands étaient sans doute un manquement à la discipline et pouvaient affecter le moral des troupes. Göring en était conscient. Mais en Pologne, cette année-là, la Gestapo n’était pas tenue de faire l’inventaire de ce qui se trouvait dans les appartements réquisitionnés.
    Quand Schindler se présenta chez les Pfefferberg, au second étage de l’immeuble, ils étaient encore les occupants précaires de leur appartement. Mme Pfefferberg et son fils étaient en train de bavarder dans une pièce pleine d’un fatras d’échantillons de tissus et de papiers muraux quand on frappa à la porte. Leopold ne s’inquiéta pas outre mesure car l’appartement comportait deux entrées en vis-à-vis, l’une donnant sur ce qui faisait office de bureau, l’autre sur la cuisine où il se réfugia. De là, il pouvait surveiller le visiteur à travers un interstice. Le grand bonhomme habillé avec soin qu’il apercevait serait-il membre de la Gestapo ? Il alla trouver sa mère pour lui confier son appréhension :
    — Quand tu lui ouvriras la porte du bureau, je pourrai toujours filer par la cuisine.
    Toute tremblante, Mme Pfefferberg ouvrit la porte. Son fils, qui s’était saisi entre-temps de son pistolet, attendait pour s’en aller de pouvoir synchroniser le bruit, si faible fût-il, que ne manquerait pas de provoquer sa sortie avec le bruit que ferait l’Allemand en entrant. Il lui semblait cependant absurde de partir avant de savoir exactement ce que voulait ce dernier. Peut-être faudrait-il le tuer, et, dans ce cas, c’est toute la famille qui devrait fuir en Roumanie.
    Si Pfefferberg, poussé par cette fatalité qui semblait peser alors sur le moindre événement, avait tiré sur Schindler, ni la mort, ni la fuite, ni les représailles qui se seraient ensuivies n’auraient présenté un aspect exceptionnel dans cette période de l’Histoire. Herr Schindler aurait été pleuré brièvement et vengé sommairement. C’eût été la fin d’Oskar. Et à Zwittau, dans son village natal, quelques commères auraient épilogué : « Voyons, il était marié ou non ?…»
    Les Pfefferberg furent surpris par la voix du visiteur. Le ton était calme, courtois, comme celui d’une personne qui viendrait pour affaires ou pour solliciter une faveur. Il tranchait singulièrement avec les ordres gutturaux qui, depuis quelques semaines, écorchaient les oreilles de la population. L’homme avait même l’air amical, ce qui paraissait bizarre, voire suspect.
    Pfefferberg était sorti de la cuisine pour se dissimuler derrière la porte à double battant de la salle à manger. Il apercevait en partie le visiteur.
    —  Vous êtes bien madame Pfefferberg ? s’enquit l’Allemand. Vous m’avez été recommandée par Herr Nussbaum. Je viens d’emménager dans un appartement de la Straszewskiego, et je souhaiterais en refaire la décoration.
    Mina Pfefferberg restait plantée devant la porte. Elle répondit d’une façon si incohérente que son fils, pris de pitié, vint la rejoindre en tenant son pistolet caché sous sa veste. Il pria le visiteur d’entrer tout en prodiguant en polonais quelques paroles de réconfort à sa mère.
    —  Je m’appelle Oskar Schindler.
    Les deux hommes se regardèrent, tentant de se jauger mutuellement. Oskar pensait bien que Pfefferberg était

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