La Liste De Schindler
capturé par les soldats de Patton alors qu’il était hospitalisé dans le sanatorium SS de Vad Tolz . Après un moment de détention à Dachau, il fut livré à la Pologne, prenant place parmi les tout premiers Allemands remis par les Alliés entre les mains des autorités polonaises pour passer en jugement. Un certain nombre d’anciens prisonniers furent appelés à témoigner au procès. Amon, toujours en plein délire, envisageait de faire venir Helena Hirsch et Oskar Schindler comme témoins de la défense. Oskar n’alla pas à Cracovie, mais ceux qui s’y rendirent retrouvèrent un Amon amaigri par son diabète, sans morgue, mais sans complexes. Tous les ordres de déportation et d’exécution avaient été donnés par ses supérieurs hiérarchiques, prétendait-il. C’étaient donc leurs crimes et pas les siens. Les témoins qui relataient les assassinats perpétrés par le commandant faisaient preuve, selon lui, de malice et d’exagération. Certes, quelques prisonniers avaient été exécutés pour actes de sabotage, mais le sabotage est inhérent à la guerre…
Mietek Pemper était assis au banc des témoins avec un autre rescapé de Plaszow qui ne put s’empêcher de dire en regardant Amon : « Cet homme me terrifie encore. » Pemper, le premier témoin appelé à la barre, dressa un tableau complet des crimes d’Amon. Le Dr Biberstein, Helena Hirsch, d’autres encore, racontèrent ce qu’ils avaient enduré. Amon fut condamné à mort et pendu à Cracovie le 13 septembre 1946, très exactement deux ans après son arrestation par les SS pour trafics en tout genre. Les journaux de Varsovie ont relaté son exécution : il monta à la potence la tête haute et fit le salut nazi avant de mourir.
A Munich, Oskar, appelé pour témoigner, identifia Liepold dans une file de prisonniers détenus par les Américains. Un ancien de Brinnlitz qui était aux côtés d’Oskar l’entendit dire à Liepold qui paraissait protester : « Vous voulez que je m’en charge ou vous préférez que je vous laisse entre les mains des cinquante juifs qui vous attendent en bas ? » Liepold fut également pendu, non pas pour les crimes commis à Brinnlitz, mais pour ses assassinats de Budzyn.
Oskar envisageait de s’exiler en Argentine. Il serait fermier comme tant d’autres Allemands qui cherchaient à se refaire là-bas une santé, mais pour d’autres raisons. L’instinct commerçant qui l’avait amené à Cracovie en 1939 le poussait désormais vers les rivages d’outre-Atlantique. Il était sans le sou. La Commission d’entraide, une organisation de secours international juive qui avait contacté Oskar pendant la guerre et qui connaissait son dossier, décida de lui venir en aide. En 1949, elle lui fit don de quinze mille dollars et lui délivra une attestation signée de M. W. Beckelman , vice-président de la Commission d’entraide. En voici le texte :
La Commission d’entraide américaine a vérifié scrupuleusement les activités de M. Schindler pendant la période de la guerre et la période de l’Occupation. Nous disons à toutes les organisations et à tous les individus susceptibles d’entrer en contact avec M. Schindler de faire tout ce qui leur sera possible pour lui venir en aide en reconnaissance des services passés…
Sous prétexte d’utiliser la main-d’œuvre juive dans un camp de travail nazi d’abord en Pologne, ensuite dans les Sudètes, M. Schindler fut en mesure de protéger des juifs programmés pour la mort à Auschwitz et dans d’autres camps de concentration. « Le camp de Schindler à Brinnlitz, nous ont dit des témoins, fut le seul camp de tous les territoires occupés par les nazis où aucun juif ne fut mis à mort, ni même battu, et où tous les travailleurs juifs furent traités comme des êtres humains. »
Aujourd’hui qu’une nouvelle vie s’ouvre devant M. Schindler, aidons-le comme il nous a aidés.
Oskar partit pour l’Argentine avec une demi-douzaine de familles de Schindlerjuden à qui il paya le passage. Il s’établit avec Emilie dans une ferme des environs de Buenos Aires où il demeura une dizaine d’années. Les survivants de Brinnlitz imaginent mal Herr Direktor métamorphosé en fermier. Il n’était pas homme à rester en place. Certains diront qu’Oskar avait réussi à Emalia et à Brinnlitz parce qu’il était entouré d’hommes comme Stern et Bankier qui savaient mettre un frein à ses extravagances. Oskar, en Argentine,
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