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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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village et n’avait pas eu maille à partir avec quelque Allemand ou quelque Russe.
    Goldberg fut sans doute le premier à quitter définitivement le camp. Il voulait se rendre à Cracovie pour récupérer les petits trésors qu’il avait entassés là-bas avant d’émigrer dès qu’il le pourrait au Brésil.
    Les Russes qui avaient, pris leurs quartiers à Brinnlitz avaient réquisitionné une villa sur la colline pour loger leurs officiers. Ils avaient envoyé au camp une carcasse de cheval que les prisonniers dévorèrent gloutonnement sans imaginer une seconde que cette nourriture très riche allait peser durement sur leurs estomacs après le régime de pain, de légumes et de porridge d’Emilie.
    Lutek Feigenbaum, Janek Dresner et le jeune Sternberg allèrent musarder dans la ville quadrillée par des patrouilles de partisans tchèques. Les habitants d’origine allemande ne semblaient guère rassurés à la vue de ces prisonniers nouvellement libérés. Un épicier leur remit un sac de sucre qu’il avait gardé précieusement dans ses réserves. Le jeune Sternberg ne résista pas à la tentation d’en avaler à pleines poignées avant d’aller le vomir. Combien de prisonniers des camps allaient connaître cette expérience avant de comprendre qu’il leur faudrait une longue marche d’approche vers la liberté et l’abondance.
    Le but de leur expédition était en fait de trouver du pain. Feigenbaum, membre des commandos, était armé d’un revolver et d’un fusil. Quand le boulanger leur eut répété pour la énième fois qu’il était à court de pain, les compagnons de Feigenbaum lui dirent de sortir son arme. L’homme, après tout, était un Sudetendeutsch et, en tant que tel, coresponsable de leurs malheurs. Feigenbaum pointa son pistolet sur le boulanger et se rendit dans l’arrière-boutique. Il y trouva la femme et les filles du patron, paniquées, implorant leur grâce, comme l’aurait fait n’importe quelle famille juive de Cracovie au cours d’une Aktion. Il se sentit envahi par la honte et salua les femmes avant de s’en aller rapidement.
    Mila Pfefferberg connut une expérience similaire lors de sa première visite au village. Alors qu’elle arrivait sur la place, un partisan tchèque arrêta deux filles sudètes et les obligea à retirer leurs chaussures afin que Mila qui n’avait que de misérables galoches puisse en choisir une paire. Le partisan assista à l’échange et partit. Après quelques minutes de perplexité, Mila courut rattraper la fille pour lui rendre ses chaussures. « Elle ne m’a même pas dit merci », racontera Mila plus tard.
    Les Russes avaient pris l’habitude de venir rôder dans le camp pendant la soirée. Ils cherchaient des femmes et Pfefferberg dut menacer de son pistolet un soldat qui s’était saisi de Mme Krumholz. (Celle-ci, dans les années à venir, ne manquerait pas de taquiner Pfefferberg : « Comment, j’avais la chance de ma vie, et ce polisson a cru bon de venir me couper l’herbe sous le pied ! ») Trois filles, plus ou moins volontaires, se rendirent à une soirée soldatesque et revinrent au bout de quelques jours en prétendant qu’elles s’étaient bien amusées.
    L’atmosphère de Brinnlitz était en train de pourrir et les prisonniers commencèrent à déserter le camp. Certains d’entre eux qui avaient appris que leurs familles avaient été entièrement liquidées décidèrent de passer directement à l’Ouest. Ils ne voulaient plus jamais revoir la Pologne. Les deux Bejski réussirent à rejoindre l’Italie et à s’embarquer sur un paquebot sioniste en direction de la Palestine grâce à la vodka et aux coupons de tissu qu’ils parvinrent à échanger. Les Dresner regagnèrent l’Allemagne à pied à travers la Moravie et la Bohême. Janek fut parmi les dix premiers étudiants acceptés à l’université d’Erlangen de Bavière qui allait ouvrir ses portes à la rentrée scolaire.
    Manci Rosner retourna à Podgorze à l’endroit où elle et Henry s’étaient donné rendez-vous à toutes fins utiles… Henry qui avait survécu à Dachau avec Olek se retrouva un jour dans une vespasienne de Munich en même temps qu’un autre homme qui portait la tenue rayée.
    —  Où avez-vous été emprisonné ? demanda-t-il.
    —  A Brinnlitz.
    L’homme ajouta que tout le monde avait survécu là-bas à l’exception d’une vieille femme. Manci, elle, apprit que Henry était en vie par un cousin qui vint lui

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