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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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suivantes que seuls des gens sacrifiant totalement au veau d’or auraient osé tricher sur ce que le père d’Oskar n’aurait pas hésité à appeler des dettes d’honneur.
    Emilie Schindler vint pour la première fois retrouver son mari à Cracovie au début de l’année. Elle trouva que la ville était la plus belle de toutes celles qu’elle avait eu l’occasion de voir, beaucoup plus authentique et agréable en tout cas que Brno avec toutes ses fumées industrielles.
      Le nouvel appartement de son mari lui fit une forte impression. La façade donnait sur le Planty , un parc élégant en forme d’anneau qui bordait la route construite à l’emplacement des anciens murs. Au bout de la rue on pouvait apercevoir la grande forteresse de Wawel. L’appartement d’Oskar, résolument moderne, était au cœur du quartier historique. Emilie admira les tissus et les rideaux de Mme Pfefferberg, qui témoignaient du succès de son mari.
    —  La Pologne semble vous avoir réussi, dit-elle.
    Oskar savait qu’elle pensait à la dot que son père avait refusé de payer, il y avait de cela une douzaine d’années, quand des gens bien intentionnés de Zwittau, de passage à Alt-Molstein, l’avaient averti que son gendre vivait comme un célibataire. Le mariage de sa fille était devenu très exactement ce qu’il avait prédit et il en avait tiré les conséquences : pas de dot.
    Le fait que ces quatre cent mille marks n’eussent jamais été versés avait quelque peu modifié les perspectives d’avenir d’Oskar. Ce qu’ignorait le beau-père, c’est que cette décision causerait beaucoup de peine à sa fille, et que, douze ans plus tard, cette affaire dont Oskar se souciait désormais comme d’une guigne pèserait encore dans l’esprit d’Emilie.
    —  Ma chère, ne cessait de lui répéter Oskar, cet argent, je n’en ai jamais eu le moindre besoin.
    Les relations intermittentes d’Emilie avec Oskar semblent avoir été celles d’une femme qui se sait trompée et sait qu’elle le sera, mais qui prend soin, néanmoins, d’en savoir le moins possible. Son séjour à Cracovie n’a sans doute pas été une partie de plaisir. Elle a dû se rendre à des soirées où les amis d’Oskar savaient la vérité, connaissaient les noms des autres femmes, ces noms qu’elle, Emilie, ne voulait pas entendre prononcer.
    Un jour, un jeune Polonais – il s’agissait de Poldek Pfefferberg qui avait failli tirer sur son mari – se présenta à l’appartement avec un tapis roulé sur son épaule. C’était un tapis turc vendu au marché noir après avoir transité par la Hongrie. Ingrid, qui avait quitté temporairement l’appartement pendant le séjour d’Emilie, avait chargé Pfefferberg de lui en procurer un.
    —  Frau Schindler est-elle là ? demanda-t-il.
    Il estimait plus correct d’appeler Ingrid Frau Schindler.
    —  Je suis Frau Schindler, répliqua Emilie, sachant très bien de quoi il retournait.
    Pfefferberg tenta très habilement de dissiper le malentendu. En fait, il n’avait pas véritablement besoin de voir Frau Schindler dont Herr Schindler lui avait si souvent parlé… Mais il fallait qu’il voie Herr Schindler pour une affaire pressante.
    Herr Schindler était absent, dit Emilie qui offrit à boire au jeune homme. Celui-ci refusa. Il trouvait quelque peu indécent d’être assis et de boire avec la victime.
    L’usine qu’avait louée Oskar se trouvait à Zablocie, de l’autre côté du fleuve, au n° 4 de la rue Lipowa. Les bureaux donnant sur la rue étaient résolument modernes, et Oskar pensait qu’il serait à la fois possible et commode pour lui d’aménager un appartement au troisième étage en dépit du fait que l’environnement industriel était loin de valoir la Straszewskiego.
    Quand Oskar prit possession de Rekord, qu’il baptisa Deutsche Emailwaren Fabrik, l’usine employait quarante-cinq ouvriers qui assuraient une modeste production d’ustensiles. Les premières commandes militaires lui parvinrent au début de l’année. Oskar s’y attendait. Il s’était attiré les bonnes grâces de différents ingénieurs de la Wehrmacht qui faisaient partie du directoire de l’Inspection des armements du général Schindler. Il les rencontrait à l’occasion de diverses soirées et les avait invités à dîner plus d’une fois à l’hôtel Cracovie. On a retrouvé des photos où l’on voit Oskar et ses nouveaux amis assis autour de tables très joliment décorées,

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