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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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un étroit tunnel bordé des deux côtés de cellules bouclées, à l’exception d’une seule dont la grille était ouverte. Une demi-douzaine de prisonniers en bras de chemise étaient assis sur des tabourets, la tête tournée contre les murs de façon qu’on ne puisse pas voir leur visage. Oskar remarqua une oreille déchirée. Quelqu’un était en train de renifler sans oser s’essuyer le nez. «Klonowska, Klonowska, ma chérie, avez-vous pensé à donner un coup de fil à nos amis ? »
    Ils ouvrirent une cellule dans laquelle ils lui dirent d’entrer. Il s’était fait quelque souci à l’idée qu’on allait peut-être le mettre dans un endroit surpeuplé. Mais il n’y avait qu’un autre prisonnier dans la cellule, un soldat emmitouflé dans sa capote grise assis sur une des deux paillasses. Il n’y avait pas de lavabo, bien sûr. Simplement un seau à eau et une tinette. L’autre prisonnier, un Waffen SS qui avait le grade de Standartenführer (équivalant à colonel), portait sous son manteau une chemise fripée dont la propreté laissait à désirer. Ses bottes avaient encore des traces de boue.
    — Soyez le bienvenu, monsieur, dit-il en tendant la main au nouvel arrivant.
    Son sourire était un peu tordu, mais il était plutôt bel homme, peut-être un peu plus âgé qu’Oskar. Sans doute était-ce un mouton. Mais alors, pourquoi lui avoir fait endosser l’uniforme ? Et pourquoi un grade aussi élevé ? Oskar regarda sa montre, s’assit, se releva, examina les fenêtres situées très haut. Un peu de lumière filtrait de l’extérieur, mais ce n’était vraiment pas le genre de fenêtre contre laquelle on aurait pu s’appuyer pour éviter le face-à-face avec son voisin de cellule.
    Ils finirent par entamer la conversation. Oskar, sans enthousiasme, mais le Standartenführer avec, semble-t-il, une certaine délectation.
    —  Et votre nom, monsieur ?
    —  Philip.
    Oui, Philip, c’était tout. Pour un gentleman, donner son nom de famille dans une cellule de prison, voilà qui n’était pas correct. D’ailleurs, il était temps que les gens s’appellent par leur prénom. Si cette coutume était entrée dans les mœurs on n’en serait pas là aujourd’hui.
    Oskar se dit que si l’homme n’était pas un mouton, il devait être encore sous le coup d’un traumatisme nerveux, un choc dû à une explosion d’obus peut-être. Il avait fait la campagne de Russie sur le front sud, et son bataillon faisait partie des troupes qui avaient tenu Novgorod pendant l’hiver. Il avait alors obtenu une permission pour aller voir son amie polonaise à Cracovie, et ils s’étaient, selon ses propres termes, « perdus l’un dans l’autre ». On l’avait arrêté dans l’appartement de son amie trois jours après l’expiration de sa permission.
    —  Je suppose, dit-il, que j’ai décidé de ne plus tellement me soucier de l’exactitude militaire après avoir vu la façon dont ces fumiers… (Philip accompagna ses paroles d’un grand geste de la main comme pour indiquer tout ce qui existait de l’autre côté de la cellule : les SS planqués à l’arrière, les comptables, les bureaucrates)… quand j’ai vu la façon dont ils vivaient. Ce n’était pas comme si j’avais décidé de prolonger ma permission d’une façon délibérée. Non, je pensais que moi aussi j’avais le droit de souffler un peu.
    Oskar lui demanda s’il aurait préféré être emprisonné rue Pomorska. Non, Philip préférait être ici. Pomorska ressemblait peut-être plus à un hôtel, mais ces salauds avaient là-bas une cellule réservée aux assassinats, pleine de barreaux chromés bien astiqués. Mais, cela étant dit, de quoi était accusé Herr Oskar ?
    —  J’ai embrassé une fille juive, dit Oskar. Une de mes employées. C’est du moins ce qu’ils disent.
    —  Oh, oh ! En avez-vous perdu vos couilles ?
    Pendant tout l’après-midi, le Standartenführer Philip continua de s’en prendre aux SS. « Des voleurs et des partousards », dit-il. Il n’en revenait pas. Le fric que certains de ces fumiers pouvaient amasser ! Et ils jouaient les incorruptibles. Ils tueraient sans vergogne un pauvre imbécile de Polonais pris avec un kilo de lard en provenance du marché noir, mais eux vivaient comme des seigneurs.
    Oskar jouait les innocents. Comment cela se pouvait-il ? L’idée que des Reichsführers pussent être d’une pareille vénalité choquait cette naïveté provinciale dont

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