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La Loi des mâles

La Loi des mâles

Titel: La Loi des mâles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Druon
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proche parent mâle du dernier roi… c’est-à-dire à
Philippe. Ainsi, la candidature de celui-ci était pour la première fois
officiellement avancée, mais soumise à tant de préalables qu’elle
n’apparaissait que comme une solution éventuelle de compromis et d’arbitrage.
    Ce règlement, présenté
individuellement aux principaux barons favorables à Philippe, reçut leur
acquiescement.
    Seule Mahaut témoigna une réticence,
bien étrangement, devant un acte qui, en fait, laissait envisager l’accession
de son gendre et de sa fille au trône de France. Quelque chose dans la
rédaction la chagrinait.
    — Ne pourriez-vous, dit-elle,
déclarer simplement : « Si les deux filles renoncent… » sans
demander aux pairs de décider si femelle doit régner ?
    — Eh ! ma mère, répondit
Philippe, autrement, elles ne renonceront point. Les pairs, dont vous faites
partie, sont la seule assemblée de recours. À l’origine ils étaient électeurs
du roi, comme les cardinaux le sont du pape, ou les Palatins de l’Empereur, et
c’est ainsi qu’ils choisirent Hugues notre ancêtre, qui était duc de France. Si
à présent ils n’élisent plus, c’est que pendant trois cents ans nos rois ont
toujours eu fils à asseoir au trône [8] .
    — C’est coutume qui vient de la
chance ! répliqua Mahaut. Votre règlement, qui prévoit d’éloigner les
femmes, va servir tout juste les prétentions de mon neveu Robert. Vous verrez
qu’il ne manquera pas d’en user pour essayer de me dépouiller de mon comté.
    Elle ne songeait qu’à sa querelle
successorale d’Artois, et plus du tout à la France.
    — Coutume du royaume n’est pas
coutume de fief, ma mère. Et vous garderez mieux votre comté avec votre
beau-fils régent, ou peut-être roi, qu’avec arguments de légistes.
    Mahaut s’inclina, sans être
convaincue.
    — Voilà bien la gratitude des
gendres, dit-elle un peu plus tard à Béatrice d’Hirson. On leur empoisonne un
roi pour leur laisser la place, et aussitôt ils n’en font qu’à leur guise, sans
tenir compte de rien !
    — C’est que, Madame, il ne sait
justement point ce qu’il vous doit, ni comment notre Sire Louis est parti.
    — Et il ne faut pas qu’il le
sache, Seigneur ! s’écria Mahaut. C’était son frère, après tout, et mon
Philippe a de curieux mouvements de justice. Tiens ta langue, de grâce, tiens
ta langue !
    Durant ces mêmes journées, Charles
de Valois, aidé de Charles de La Marche et de Robert d’Artois, s’agitait fort,
disant partout et faisant dire que c’était démence de confirmer le comte de
Poitiers dans la régence, et plus encore de le désigner comme héritier
présomptif. Philippe et sa belle-mère avaient trop d’ennemis ; et la
disparition de Louis X servait trop bien leurs intentions, maintenant
avouées, pour que cette mort suspecte ne fût pas leur œuvre. Valois, lui,
offrait d’autres garanties. Allié de toujours du roi de Naples, nul mieux que
lui n’était à même de résoudre les problèmes regardant Clémence et la maison d’Anjou.
Ayant servi la papauté romaine, il avait conservé la confiance des cardinaux
italiens, sans lesquels, on le voyait bien, un pape ne se pouvait élire, et
cela en dépit même des mauvais procédés qui consistaient à murer le conclave
dans une église. Les anciens Templiers se rappelaient que Valois n’avait jamais
approuvé la suppression de leur ordre ; les Flamands ne cachaient pas
qu’ils aimeraient négocier avec lui.
    Quand Philippe eut connaissance de
cette campagne, il chargea ses familiers de répondre qu’il était bien étonnant,
en vérité, de voir l’oncle du roi s’appuyer, pour réclamer le pouvoir, sur les
cours étrangères ou sur les adversaires du royaume, et que si l’on voulait voir
le pape à Rome, la France aux mains des Angevins, le Temple ressuscité, et les
Flamands tout à fait émancipés, il fallait sans tarder offrir la régence au
comte de Valois.
    Enfin arriva le décisif vendredi où
devait se tenir l’assemblée. À l’aurore, Béatrice d’Hirson se présenta au
Palais et fut immédiatement introduite dans la chambre du comte de Poitiers. La
demoiselle de parage était un peu essoufflée d’avoir couru depuis la rue
Mauconseil. Philippe se dressa sur ses oreillers.
    — Mâle ? demanda-t-il.
    — Mâle, Monseigneur, et fort
bien membré, répondit Béatrice en jouant des cils.
    Philippe se vêtit à la hâte et se
précipita à

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