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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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refusée tout à plat.
    J’eus, pour consolation de ma décision, le soutien de ce bon chevalier Guillaume et la compréhension du baron de Beynac, qui refusaient, l’un et l’autre, de prêter serment au roi d’Angleterre. Ou à son fils, le prince de Galles.
    Ma tendre épouse avait eu la sagesse de renoncer à sa chaire en l’Université de Montpellier, pour se consacrer aux soins des malades de nos paroisses, avec l’aide de ma sœur Isabeau. Je ne pus que m’en réjouir.
    À l’automne, nous eûmes la surprise et la joie d’apprendre que les chevaliers bacheliers, Onfroi de Salignac et Guilbaud de Rouffignac, pressés de célébrer leurs noces avec les gentes damoiselles de Roquedur, organiseraient une fête somptueuse en le château de Belcastel ou de la Treyne que nous savions situés sur un éperon rocheux, aux confluents de l’Ouysse et de la Dourdonne, en mai prochain. Ils nous y conviaient tous, quel que soit le nombre de convives, et avaient le plaisir de nous bailler deux mille francs en or, par lettres à changer jointes, pour s’acquitter de la rançon que je leur avais avancée à Londres. Le double de la somme que j’avais remise à lord Talbot, pour compte du chevalier de Saint-Omer, Denis de Morbecque !
    Gui de la Mothe-Fénelon fut chargé de les présenter incontinent à notre banquier juif de Cahors pour solde de tout compte. Mes écuyers bretons les accompagneraient, à toutes fins utiles, avec une dizaine d’archers triés sur le volet. Il n’était point question qu’une telle fortune tombât entre les mains d’autres que nous : nos finances avaient grand besoin de se renflouer !
    Ainsi, le roi Jean avait regagné la capitale au printemps dernier, le pélerinage d’Andrinople ayant, ainsi que je le craignais, lamentablement avorté sans avoir eu besoin de curateur au ventre.
    Le roi de Chypre, Pierre de Lusignan, premier du nom, venu quérir son concours et après avoir été reçu royalement en Avignon avec sa sœur, la princesse Échive, festoyait, en oubliant, semblait-il, les raisons de leur venue en Terre de France.
    Le jeune Louis de France, duc d’Anjou, avait-on appris, s’était rendu en pélerinage à Notre-Dame de Boulogne pour y retrouver son épouse qu’il n’avait pas revue depuis plus de deux ans. Or il était des otages qui s’étaient portés garants du paiement de la rançon de son père, le roi Jean.
    En despris des injonctions du dauphin Charles, il s’était sauvé, refusant de regagner l’Angleterre. Le roi Édouard ne décolérait pas. Il avait insulté Jean le Bon, en lui déclarant qu’il avait blêmi l’honneur de son lignage ! On ne connaissait pas encore la réponse qui lui parviendrait. Mais on connaissait l’esprit de chevalerie du roi de France et l’on craignait, à Paris, qu’il ne retournât se constituer prisonnier Outre-Manche.

    En notre ville consulaire de Sarlat et en d’autres villes du Pierregord, les bourgeois se soumirent pour jouir d’une prospérité que leur apportait la paix retrouvée qu’ils n’avaient pas connue depuis plusieurs années. Ils espéraient la voir perdurer encore longtemps. Monseigneur Austère de Saint-Colombe encourageait ses ouailles à prêter hommage à ses nouveaux maîtres. Tout et un peu trop. Un beau jour, lors d’une homélie qu’il avait prêchée devant une quinzaine d’évêques, il avait si outrancièrement louangé le prince de Galles, qu’il avait été convoqué en Avignon pour s’en expliquer devant la Curie !
    Au mois de janvier de l’an 1364, le roi de France se livra à son cousin le roi Édouard, pour épargner à son royaume d’être derechef à feu et à sang. Il y avait là une certaine grandeur chevaleresque que quiquionques et moi ne pouvions lui reprocher. Je dus en convenir. Il s’était comporté en preux.
    Jean le Bon, atteint d’une grave maladie, passa les pieds outre au manoir de Savoy, le huitième jour d’avril de la même année, mettant fin à son règne, sans pour autant éteindre l’écrasante rançon dont le bon peuple de France devait encore s’acquitter : le roi Jean n’était plus le captif du roi Édouard, mais un simple otage qui avait pris la place d’un autre.
    Des obsèques grandioses eurent lieu en la cathédrale Saint-Paul, à Londres, et son corps fut déporté peu après pour être inhumé dans la basilique Saint-Denis.
     
    Après un hiver particulièrement rigoureux, l’on vit des cavaliers transformés en blocs de glace

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