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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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sûrs, faciles à défendre, pour y entreposer le produit de leurs rapines, sous la conduite de capitaines qui se comportaient comme des chevaliers-brigands, tels les frères Donadei, qui trafiquaient chaque jour entre le fort de Vitrac et Sarlat, que Reynaud Donadei commandait, pour le plus grand bénéfice de son propriétaire, Gilbert de Domme, qui s’était révélé versatil, violent et cruel.
    En l’an 1358, s’étant entendu secrètement avec les Anglais, il avait tenté, avec la complicité des frères Bernard et Sicard Donadei, de livrer la ville de Sarlat, par une sombre nuit d’hiver, aux troupes anglaises qui s’étaient rassemblées à Saint-Nicolas, par petits groupes. Les traîtres devaient monter sur le mur de la cité, s’emparer de la tour Neuve et de la tour de la Blanquie, lancer des chanlattes aux assaillants tapis dans l’ombre, les aider à grimper jusqu’à la porte de la Rigaudie pour qu’ils tuent les gardes et ouvrent les portes aux troupes assemblées à proximité.
     
    Gilbert de Domme avait prévu que le butin serait transporté au fort de Vitrac, dans la bastide de Domme, à Daglan et à Laccasagne. Fort heureusement, le complot ourdi par les frères Donadei avait été découvert à temps. L’un était mort dans la prison de la prévôté, l’autre avait été cousu vivant dans un sac et jeté dans la Cuze, le douzième jour du mois de février. Le spectacle de cet homme en proie aux affres de l’agonie, se débattant, hurlant, cherchant par de violents soubresauts à échapper à une mort atroce, par suffocation, devait frapper l’imagination des badauds et prévenir toute autre tentative de vilenie.
    En représailles, Gilbert de Domme avait brûlé les faubourgs de la ville, occis plusieurs habitants, investi Campanac, d’où il menait ses brides, à la façon du prince de Galles, pour ravager les récoltes, arracher les pieds de vigne, ruinant bourgeois et manants, au point que le régent Charles avait accordé des lettres de sauvegarde à l’abbé de Saint-Amand de Coly et l’avait autorisé à dresser des fourches patibulaires dans les paroisses de la juridiction sur Condat, Archignac, Saint-Geniès, Lachapelle-Aubareuil, Marcillac et Saint-Quentin. Tous les malfaiteurs pris y avaient été pendus. Jusqu’au jour où les Sarladais, pour mettre fin à leurs forfaits, avaient baillé cinq cents florins d’or au triste sire de Domme, sur le conseil de monseigneur de Salignac qui s’était posé en médiateur.
     
    Ce ne fut qu’à la proclamation du traité de Brétigny, au cours de l’an de grâce 1361, annoncé et proclamé à son de trompes par le maréchal Boucicaut, au nom du roi Jean, par Jean Chandos, au nom du roi Édouard, et par leurs commissaires, que les troubles cessèrent et que les Périgordins durent se soumettre à l’autorité du prince de Galles. Et se résigner, la mort dans l’âme, à faire allégeance à leurs nouveaux maîtres.
    Par lettres patentes aux consuls de Pierreguys, le douzième jour du mois d’août de l’an 1361, le roi Jean déliait ses féaux sujets de la comté du Pierregord et du pays de Pierregurs, des foi et hommage qu’ils devaient à la couronne de France de tout l’amour, féauté, loyauté et serments qu’ils devaient à sa personne, et les priait d’accepter dorénavant l’autorité du roi d’Angleterre et du prince de Galles en leur soumettant tous lieux et places fortes.
    Au mois de septembre, mêmes proclamations furent faites en Poitou, en Saintonge, en Limousin, en Quercy, en Rouergue… et ailleurs. Le royaume avait bien et bel été dépecé. Je n’avais pas imaginé l’ampleur du désastre.
    Je ne pris connaissance du détail de ces ordonnances qu’au cours de l’été de l’an 1363, lorsque le prince de Galles parcourut son duché pour y recueillir, en personne, l’hommage de ses nouveaux sujets. Il fut à Bergerac début août, puis à Pierreguys, où il se recueillit en la cathédrale Saint-Front quelques jours plus tard.
    Je demandai à Élodie, la nouvelle fiancée de Guillaume de Lebestourac, de découdre les symboles de mon appartenance à l’Ordre de l’Étoile de tous mes vêtements et de faire parvenir au Louvre, à Paris, mes fermails à l’icelle effigie, en expliquant que je n’entendais plus obéir à la Maison du roi, le roi m’ayant infligé la douloureuse obligation de prêter allégeance au prince de Galles, allégeance contraire à ma devise que j’avais naturellement

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