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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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sur leurs montures, l’eau geler dans les cruches, des animaux périr de froid et de faim pendant que des brigands investissaient les fossés de forteresses, à pied sec.
    Charles le Mauvais, le roi de Navarre, en profita pour piller le Vexin avec l’appui des Anglais et revendiquer territoires et places-fortes. Et pourquoi pas la couronne, avant que le régent ne soit oint et sacré roi de France ? Quelle misère !
     
    Vers la fin avril, un chevaucheur du maréchal de France, Jean le Maingre, dit Boucicaut, me remit un message de Bertrand du Guesclin. Le captal de Buch, Jean de Grailly, notre redoutable adversaire de Maupertuis, tirait la route vers la Normandie. Jean Jouël, cet autre Gascon, s’était emparé du château de Rolleboise. Nantes et Meulan étaient aux mains du Navarrais. Les voies de ravitaillement de Paris seraient bientôt coupées.
    En raison du droit féodal, le régent Charles, duc de Normandie, avait décidé de confisquer les fiefs et autres biens de son vassal, reconnu coupable de félonie, sans avoir à lui déclarer la guerre.
    Bertrand du Guesclin avait réussi à lever une véritable armée. Il avait repris les ports de Vétheuil et de Roany avec l’aide du baron de la Ferté, de Jean de Béthencourt, de Jean de la Rivière et du maître des arbalétriers, Beaudoin d’Annequin. Ils avaient investi la ville de Meulan, réduit celle de Mantes.
    Sur l’ordre du régent, les traîtres avaient été conduits en la capitale et décollés en place publique. Les Gascons n’étaient ni des ennemis ni des Français. Ils avaient subi le sort réservé aux félons lorsqu’ils prenaient les armes contre leur suzerain.
    Bertrand du Guesclin, en sa qualité de capitaine général du roi de France en Normandie, rassemblait tous ses fidèles compains pour unir ses forces et barrer la route du captal de Buch. Il avait levé un ost financé en partie par les mille quatre cents francs-or que le régent lui avait baillés par mandat de paiement.
    Le captal marchait sur Paris à la tête d’une armée de trois mille six cents hommes, sept cents lances, trois cents archers gallois et anglais que renforceraient prochainement des compagnies aux ordres de Jean Jouël et de Bascon de Mareuil, deux Gascons dont je connaissais fort bien le nom et les méfaits.
     
    Je levai aussitôt ma bannière, regroupai une maigre bride autour de moi : six sergents d’armes et six archers. Eudes de Saint-Pol et Yves de Penhoët, mes deux écuyers bretons, se réjouirent de se joindre à nous. Contrairement à toute attente, Charles de Secondat de Montesquiou et Bérenger de Batz de Castelmore obtinrent l’autorisation de nous rallier. Ils entendaient nous prouver que Gascon ne rimait pas toujours avec félon. Je les avertis toutefois du risque qu’ils couraient s’ils étaient capturés. Ils haussèrent les épaules et sautèrent sur leur destrier comme un seul homme.
     
    Le quatorzième jour du mois de mai, notre ost chevauchait en direction du petit village de Cocherel blotti sur la rive dextre de l’Eure.
    Le quinzième jour, nous estravions nos pavillons en arrière de nos corps de bataille, dans la plaine de Hardencourt. L’archiprêtre, Arnaud de Cervole, qui était fieffé dans le Limousin, était plus respectueux que moi du droit féodal qui interdit à un vassal de lutter contre son suzerain, les armes à la main, sous peine de commise de ses biens. J’avais, sait-on jamais, pris quelques dispositions avant mon départ pour déjouer cette procédure si elle venait à être ouverte contre nous.
    Au pire, nous risquions d’être passés au fil de l’épée s’il nous arrivait d’être capturés. Mais de capture, il ne saurait en être question. Je défendrais ma peau chèrement et n’entendais point faire récréance alors que s’offrait à moi l’occasion inespérée d’effacer l’affront que nous avions subi huit ans plus tôt.
    Le seizième jour, les trois corps de bataille anglais, gascon et navarrais commandés respectivement par Jean de Grailly, le captal de Buch, Jean Jouël et Bascon de Mareuil avaient planté leurs étendards sur les hauteurs de la colline. Ils nous attendaient de pied ferme.
    Dans notre camp, nous disposions aussi de trois corps de bataille et d’une réserve de deux cents cavaliers bretons, sous les ordres d’Eustache de la Houssaye, parfaitement dissimulés, le matin même, derrière des haies et des vignes en friche sur les hauteurs.
    Il n’était pas question,

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