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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lubriques, assoiffées de richesse et de pouvoir de mon ancien compain, le triste sire Arnaud, alias Barthélémy Méhée de la Vigerie.
    N’avait-il pas déjà tenté de lui extorquer le mot de passe ? Celui qui ferait reconnaître au possesseur de l’acte de succession et des lettres à changer la jouissance des droits de ma sœur sur le trésor des hérétiques albigeois ? Sa mère, la baronne Éléonore de Guirande, savait que je détenais toutes les clefs et tous les documents. N’était-ce pas elle qui avait chargé Sébastien Tordcol de les dérober, puis de m’occire ?
    Que soit banni à jamais tout esprit de convoitise et de profit personnel ! Ce jour d’hui, je jure sur la mémoire de mon père et de ma mère que je n’agirai hors l’esprit de chevalerie qu’iceux m’avaient enseigné dès ma tendre enfance et dans lequel mon parrain m’avait élevé jusqu’à sa mort.
    Mais la porte entre le bien et le mal est parfois bien étroite. Puisse le Ciel garder mes pensées et mes pas dans l’honneur des armes et l’amour de ma famille.

    « Messire Bertrand ! Auriez-vous bu tantôt trop de ces capiteux vins de Hongrie ? Vous somnolez le nez sur le pommeau !
    — Je ne somnolais point, messire Foulques. J’évoquais quelques souvenirs très prégnants.
    — Fort bien. Puis-je cependant vous conseiller de déchausser ? Votre cheval a certes les sabots bien ferrés, mais il enfonce ses antérieurs jusqu’au jarret dans cette neige épaisse. Un peu de marche soulagera ses membres et vous fera le plus grand bien. Respirez cet air magnifique et admirez les branches de cette forêt de sapins ployer sous le poids de la neige ! N’est-ce point émerveillable ? »
    Je sortis de ma torpeur incontinent, mis pied à terre. Ma botte, en touchant le sol, s’enfonça jusqu’au genou. Je perdis l’équilibre, chus sur le cul avant de m’affaler sur le dos, les deux fers en l’air, devant les applaudissements de mes compains qui riaient à gueule bec.
    « Par les cornes du diable ! » murmurai-je entre les dents.
    « Marchons une demi-lieue, une lieue tout au plus, et nous prendrons gîte et couvert avant la tombée de la nuit dans l’église d’un petit village qui nous est indiqué sur la carte, nous proposa Foulques de Montfort en repliant le parchemin que nous avait remis le chevalier von Forstner.
    « Deux ou trois jours de chevauchée et nous serons rendus aux abords de la forteresse de Marienbourg, mes amis. Nous avons encore quelques jambons fumés, du pain de seigle un peu rassis, de l’avoine pour nos montures et… un peu de courage pour nous allonger sur la paille qui nous attend ».
    Le chevalier de Montfort passa outre aux grognements de la troupe qui trouvait la distance à parcourir encore bien longue et pénible. Le brouillard s’épaississait sur une sente étroite et blanche, au point que nous risquions de nous égarer si nous n’y prenions garde.
    Dans ce foutu brouillard, alors que notre vue ne portait pas à plus vingt ou trente coudées, les sapins se confondaient avec le ciel, le ciel avec le sol, le sol avec le ciel. Des bourrasques de neige nous fouettaient à présent comme autant d’épingles plus acérées les unes que les autres. Deux chevreuils surgirent de la forêt et traversèrent la sente au galop, ne laissant que de légères empreintes dans la neige.
    Des monstres menaçants, mais figés par le poids qui les recouvrait, dressaient leurs troncs et leurs branches sur notre passage. Lorsque nous retrouvâmes nos traces que la neige commençait à recouvrir, nous comprîmes que nous avions tourné en rond.
    Un froid de gueux. Nous grelottions. Devions-nous faire halte et affouer un feu de camp ? Poursuivre notre chemin par temps de lune noire et de tempête de neige ? Après une courte prière, nous décidâmes d’un commun accord de poursuivre notre marche. Pour nous réchauffer, en veillant cette fois à nous laisser guider par nos chevaux le long du sentier.
    Bien nous en prit, la neige cessa soudain de tomber, le vent se calma et une belle lune ronde illumina notre chemin. N’eût été le froid mordant qui nous brûlait les yeux, nous nous serions réjouis de la beauté d’un paysage évanescent d’une niceté immaculée.
    Après ce qui nous parut une éternité, nous atteignîmes le village promis. Un véritable miracle. Enfin, ce qu’il restait du village. Plus âme qui vive. Plus aucun animal domestique. Un silence de mort régnait sur

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