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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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des armées teutoniques sous l’autorité du grand maître, et les commandeurs des autres provinces lorsqu’ils étaient de passage au siège de l’Ordre.
    Tous les Ritterbrüder , les frères chevaliers, pareillement revêtus du grand manteau blanc à la croix de sable, et les Priesterbrüder , les frères-prêtres prenaient place sur la seconde table.
    La troisième table accueillait les Sariantbrüder et les Laienbrüder , les frères-servants et les frères-laïcs, reconnaissables à leur manteau gris. Les frères-servants participaient aux opérations militaires avec un armement plus léger, et les frères-laïcs étaient cantonnés dans les activités agricoles et artisanales nécessaires aux besoins des autres frères : agriculteurs, jardiniers, maréchaux-ferrants, selliers, armuriers, haubergiers, forgerons et autres batteurs de plattes. Néanmoins, tous les frères étaient soumis à la même règle et aux mêmes obligations. Quant à nous, nous étions accueillis à la deuxième table, aux côtés des frères-chevaliers et des frères-prêtres, et nos valets d’armes, à la troisième table.
    Nous eûmes la chance d’arriver à Marienbourg l’un des trois jours de la semaine où l’on servait du bœuf ou du mouton accompagnés d’un plat de légumes. En revanche les frères buvaient de l’eau ou de la bière, mais le vin était interdit !
    On nous avait en outre prévenus que les jours de jeûne d’Église, le seul repas autorisé se prenait une heure et demi après none, et les jours de jeûne propres à l’Ordre, nous aurions droit à un dîner et à une collation en fin de journée.
    Lors des repas, point d’écuyers tranchants ou d’échansons ici : le service de table était assuré par les frères eux-mêmes, à tour de rôle, chaque semaine, qui faisaient ainsi office de serviteurs de table, tandis que l’un d’eux était chargé de lire un passage des Saintes Écritures dans le silence de l’assemblée. Nous partagions tous le même repas, quel que soit notre rang ou notre noblesse.
    Guy de Vieilcastel avait chuchoté quelques mots à son voisin de table, Philippe de Castelja : il fut immédiatement rappelé à l’ordre par un frère-prêtre en un froncement des sourcils et trois coups brefs donnés sur la table avec le manche de son cotel. Les moines-soldats ne badinaient pas avec la discipline !
     
    L’après-midi, les nouveaux pèlerins furent dispensés de maniement d’armes. Nous pûmes faire connaissance avec d’aucuns des nouveaux croisés venus de Lorraine, d’Allemagne, de Hongrie, de Hollande. Un Escot venu d’Écosse était aisément reconnaissable à son tartan, sorte de jupe plissée et multicolore. Il portait une bourse de cuir et d’argent suspendue des deux côtés par une lanière de cuir, à hauteur des coillons. Onfroi de Salignac me demanda si elle était destinée à lui protéger aussi les bijoux de famille ? De gros bas langineux et blancs étaient maintenus sous le genou par une sorte de jarretière, les jambes nues sous le tartan, à nous faire grelotter rien qu’en le voyant, par une température telle, ce jour-là, que l’eau gelait dans les flaques. Un mantel de laine brune recouvrait ses épaules et son pourpoint. À la taille, un braquemart à large lame, à en croire la dimension du fourreau.
    Nous nous saluâmes, les uns et les autres, mais la différence de langue ne facilita guère les civilités. Nous n’avions toujours pas aperçu le frère-chevalier, le bouillant Ritterbrüder Wilhelm von Forstner. Renseignements pris, le chevalier était souffrant et, sur faveur extraordinaire du grand maître, nous apprit le frère hospitalier en charge de l’enfermerie, il y prenait ses repas.
    Lorsque nous sûmes que le traitement consistait à manger de la viande tous les jours, sauf le vendredi, nous nous lançâmes un regard évocateur : n’allions-nous pas nous faire porter pâle très prochainement, pour ne pas subir quatre jours par semaine les affligeants menus composés d’œufs ou de laitages servis avec les deux traditionnels plats de légumes cuits à l’eau de la rivière Nogat ?
     
    Au soir de notre arrivée, nous gagnâmes le dortoir. Il n’était pas chauffé. Nous avions le moral dans les talons. À l’exception de Foulques de Montfort qui, nous le savions, s’accommodait fort bien du régime qui nous était infligé. Il avait raté sa vocation.
    Tous les frères chevaliers et nous dormions dans une vaste salle du

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