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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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non…
    — Éléonore ?
    — Oui, parvint-il à dire in articulo mortis.
    — Pourquoi ?
    — N’sais point, messire.
    — Tu mens. Parle ! Si Dieu te prête vie, le gibet t’attend.
    — Pour me saisir de documents en vot’possession, râla-t-il.
    — Lesquels ?
    — ... ...
    — Lesquels ? insistai-je.
    — Des lettres, un acte de succession…, n’en ai point souvenance.
    — Et tu as farfouillé dans mes coffres pour mettre la main dessus ?
    — Non… Non.
    — Qui, alors ?
    — Le page qui… qui vous a servi à boire…
    — Et qu’a-t-il trouvé ?
    –… Rien. A fait chou blanc, ce niquedouille.
    — À la parfin, tu devais m’étrangler ?
    — ... ...
    — Après avoir déjà tenté de me traire en tirant deux flèches sur mon écuyer ?
    — ... ...
    — Lorsque tu as pris Guy de Vieilcastel pour moi ? le secouai-je sans ménagement.
    –… Oui.
    — Tu es toujours aussi maladroit, mon pauvre Tordcol !
    — Puissiez-vous m’accorder votre pardon, messire Brachet ?
    — Oui, je te pardonne, par la miséricorde de Dieu.
    — Le curé… Les derniers sacrements… C’est pour quand ? J’sens la vie se retirer.
    — Le curé est là, mentis-je. Dis-moi : quel est le prix que l’on t’a baillé pour ce meurtre ?
    — Six louis d’or.
    — Comment as-tu su que je me rendrai en cette forteresse ?
    — … …
    — Parle ! » lui ordonnai-je en soulevant sa tête et en la secouant comme un prunier. Éléonore de Guirande ne pouvait savoir. Arnaud non plus.
    « D’aucuns. Qui sont de votre maison.
    — Qui ? » hurlai-je cette fois.
    En un dernier râle, Sébastien Tordcol, plus livide qu’un poulet casher, éructa un nom inintelligible. Il commençait par la lettre S… Ou la lettre F… Un flot de sang jaillit derechef de son bec et souilla la chasuble du curé qui ne put que signer son front. Les yeux du défunt, grand ouverts, se figèrent définitivement.
    L’ancien sergent d’armes du baron Fulbert Pons de Beynac, rétrogradé au rang de valet à pied par icelui suite à son effronterie, avait hissé les voiles pour chevaucher vers Parque. Avant de recevoir les derniers sacrements. Que Dieu lui pardonne ses péchés et l’accueille en son purgatoire. Il avait évité l’un des quatre gibets qui l’attendaient aux fourches caudines de la comté.
     
    Le page, complice innocent de l’ancien sergent d’armes, fut soumis à la question. Il avoua tout à trac.
    Le comte rendit sa sentence : pour avoir tenté de voler des effets à l’un de ses hôtes, il aurait les deux mains tranchées. Pour avoir manqué à l’esprit de chevalerie, il serait pendu jusqu’à ce que mort s’en suive. Grâce à l’intervention de la comtesse Mathilde que j’avais implorée, il ne fut que banni hors du Saint Empire.
    Son mari voulut bailler, à l’aide d’écus sonnants et trébuchants, son défaut de vigilance quant au recrutement des gardes et serviteurs de sa maison.
    Sans l’offenser, je le remerciai en repoussant la bourse qu’il me tendait. Son épouse m’avait gratifié, avec grande discrétion, d’une chose bien plus précieuse : une boîte à message. Elle m’avait prié de ne prendre connaissance de son contenu qu’après notre départ.

    Les sabots de nos chevaux s’enfonçaient dans un sol invisqué, détrempé. Nous pataugions dans un champ de noue. Les douceurs de l’Alsace étaient déjà loin derrière nous. De la comtesse Mathilde d’Œttingen, je ne conservais qu’un message de fin amor et un petit chilindre d’argent serti de pierres précieuses.
    Après avoir assisté à l’office dominical en la cathédrale de Strasbourg et avoir déambulé autour des canaux qui parcouraient la cité, nous avions franchi le fleuve Rhin sur le magnifique pont remparé qui reliait les deux rives.
    Quinze jours à trois semaines plus tard, nous avions pris gîte et couvert pour deux jours et deux nuits de repos dans un Kloster des environs de la ville de Munich, en cette non moins belle région de Bavière.
    Fourbus, plus éreintés les uns que les autres, après nous être contentés de pain, de jambon et de harengs fumés et avoir dormi dans des granges ou des étables pour rattraper le retard pris à Kœnigsbourg, nous avions fait une première halte pour le dîner, aux approches de la ville du Saint Empire, dans une taverne qui nous avait été recommandée par Wilhelm von Forstner : un bouillon de poisson à l’arôme sublime,

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