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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lui-même ! Allons, Bertrand, en souvenir des bons moments passés ensemble, sors-moi de ce guêpier ! Nous sommes amis depuis notre jeunesse. Tu me dois bien ça !
    — Je crois rêver ! Je n’ai que faire d’amis comme toi, de meurtriers, de violenteurs, et respecte plus volontiers mes ennemis lorsqu’ils respectent l’esprit de chevalerie.
    — Et c’est pour son esprit de chevalerie peut-être, que tu obéis aux ordres d’un écuyer ? Que tu t’es accoquinné avec ce nain qui ne sait ni lire ni écrire ? se paonna-t-il.
    — Le nain, comme tu dis, a été adoubé chevalier par messire Élastre des Marès, pas plus tard qu’hier. Tu n’as ni le courage, ni la force, ni l’intelligence, ni aucune des qualités du chevalier du Guesclin. Tu fais grande honte à tous ceux qui ont connu ta couardise. Malgré les parfums dont tu te pimploches, tu sens toujours la bouse et le crotin.
    — Comment peux-tu oser ? Toi, mon beau-frère ? Ne sommes-nous pas unis par le sang de ta sœur Isabeau, mon épouse ? »
    Je contins à grand harroi de peines mon envie de lui administrer une magistrale paire de claques, mais lui gelai le bec :
    « Menteur ! Tu n’es qu’un sale menteur. Ton épouse n’est point Isabeau Brachet de Guirande !
    — C’est impossible ! Une bagasse aussi prompte à s’escambiller ne peut être qu’un membre de ta mesnie ! »
    Cette fois, la paire de giffles siffla. Je n’avais pu la retenir. Sa tête oscilla, les spondelles cervicales à deux doigts de se rompre.
    « Où est Isabeau ? réponds, par le Sang-Dieu ! Où est Isabeau ?
    — Elle est ici. Vous la retenez en ce château ! Comment veux-tu que le sache ? Isabeau s’est offerte à moi pour que je la protège de tes goûts lubriques et incestueux, elle me l’a avoué elle-même ?
    — Te l’a-t-elle écrit ?
    — Non, elle me l’a dit.
    — Avant que tu ne lui tranches la langue, alors ?
    — Bon, bon, ne nous fâchons pas pour une telle pécadille.
    — Réponds : où est Isabeau ? Réponds, ou je t’émasculerais de mes mains ! »
    Arnaud ne s’amallit plus ; il s’apazima en se frottant les joues et tenta une autre issue :
    « Je vous offre, au capitaine d’armes et à toi, mille écus d’or si vous me faîtes sortir de ce trou à rat. Mille écus !
    — ... ...
    — Deux mille écus à chacun !
    — Sache que nous avons déjà fixé ta rançon à trois mille écus, Bertrand Du Guesclin et moi. Trois mille écus et la remise de ta forteresse de Largoët.
    — Jamais ! rugit-il. Jamais !
    — Si ! Céans ! Tu vas me confier la bague à tes armoiries. Celle que tu portes à ton majeur.
    — Onques ne te la remettrais ! Même sous la torture ! hurla-t-il à oreilles étourdies.
    — Ah oui ? Je connais un moyen plus expéditif. Capitaine, me feriez-vous la grâce de saisir sa main dextre ? Si le sire de Largoët et d’Elven ne veut point nous en faire aimable remise, nous la prendrons en lui tranchant le doigt. Ou la main, je suis tellement peu accort au maniement de la hache, ajoutai-je et brandissant l’outil.
    — Tu n’oseras pas ! Tu ne peux m’estropier comme un simple voleur », gémit-il, en larmoyant cette fois, et en retirant vivement ses mains, les poings fermés.
    Le capitaine, impavide, crocheta son bras dextre d’une poigne de fer, écrasa les doigts sur le sol. Plusieurs phalanges craquèrent. Le même bruit d’os brisés que celui d’une carcasse de poulet entre les mâchoires de mes dogues. Alors, à rebelute, en tremblant de tous ses membres tel un oisillon sortant du nid lors de son premier envol :
    « Pitié ! C’est bon, la voici. »
    En loquant à double tour la porte du cachot, je l’entendis persiffler :
    « Tu me le paieras de ta vie, Bertrand ! »
     
    Par amour pour moi, Mamie expie.
    Pour salut de nos âmes, je prie.
    Dieu tout puissant, sauve du néant
    Ceux qui adorent le grand Satan.
    Dans les jardins de la colère,
    Malheur me blesse et me meurtrit.
    Puissent âmes qui n’ont plus d’erre,
    Faire moults pénitences pour lui.

    Or donc, nous avions fait prisonnier l’un des proches cousins d’un certain sire Trussel, lors de la bataille de Montmuran. Guillaume Trussel, chevalier de grande renommée et lieutenant du duc de Lancastre, envoya à Bertrand un message par lequel il se portait garant du paiement de la rançon de son cousin, en échange de sa mise en liberté.
    Du Guesclin repoussa la requête. Guillaume

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