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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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maintenir la paix, oui. L’arme à la main s’il s’agissait de bouter, hors le duché et le royaume, les Godons et leurs alliés, qu’ils soient de Navarre, d’Aquitaine ou de Bretagne.
    Bertrand du Guesclin n’avait qu’une parole, qu’un seul camp. Chevalier d’un temps nouveau, il relevait d’insolents défis, participait à d’incroyables duels.
    Fils du granit, fils aîné et mal-aimé de ses parents, enfant des ajoncs, des bruyères, des haies et des bois, en communion avec les chênes centenaires de la forêt de Brocéliande qu’il encerclait souventes fois de ses bras pour frotter son torse contre l’écorce rugueuse et puiser un peu de leur sève, ce chevalier des temps nouveaux se révoltait contre les emportements fiévreux d’une chevalerie nourrie des légendes du Roi Arthur.
     
    Le désastre de Crécy était passé par là. Avant que d’aucuns ne comprennent, moi le premier, que le temps d’une chevalerie rangée en ordre de bataille, lance pointée, glaive haut, était révolu, il savait que bien plus profitable était de tendre à l’ennemi des embuscades finement ourdies ou improvisées tout à trac, au détour d’un chemin, d’un marécage ou d’un guet.
    Loin de pouvoir être accusé de couardise ou de récréance pour autant, ainsi que le prouva de magistrale façon le duel qui l’opposa quelques jours plus tard, en présence d’un grand nombre de seigneurs, de mes écuyers Onfroi de Salignac, Guilbaud de Rouffignac et moi, à Guillaume Trussel, un chevalier anglais de belle renommée qui servait dans l’ost du duc Henry de Lancastre.

    Le lundi de Pâques, je me rendis dans le cachot où croupissait celui qui avait été mon meilleur ami.
    « Bertrand, est-ce bien toi ? Que fais-tu là ? Comment Dieu est-ce possible ? s’enquit-il, se frottant les yeux, ébloui par la lumière de la torche que leva le capitaine d’armes.
    « Ah ! Tu es venu me délivrer des griffes de cette fagilhère, à la parfin, tu ne peux imaginer le plaisir que j’ai à te serrer dans mes bras », s’enthousiasma le chatemitte en s’approchant pour me donner la brassée. Les fers qu’il avait aux chevilles lui rappelèrent qu’il était bel et bien enferré. Ils le brisèrent dans son élan, dans un crissement de métal tordu.
    « Oui, Arnaud, je suis venu te déférer…
    — Ah ! Je n’en attendais pas moins de mon meilleur ami ! Depuis combien de temps ne nous nous sommes pas vus ? Que le temps m’a paru long !
    — … te déférer pour te livrer aux mains des tourmenteurs de la prévôté de Sarlat, pour répondre de meurtres, de tentatives de viol et de recel de reliques. Un crime particulièrement grave.
    — La prévôté de Sarlat ! Tu rêves, mon bon ami. Comment oses-tu ? Toi, mon meilleur ami ? Est-ce une saillie ? »
    Il jouait tous les registres d’une partition que je connaissais par cœur.
    « Ce n’est point saillie, Arnaud. Je le regrette mais voici l’ordre d’arrestation paraphé par monseigneur Élie de Salignac qui mande prévôts et baillis de procéder à la commise de ta personne, répondis-je, plus chatemitte que lui.
    « Je crains en outre que tu ne sois dépossédé de tes fiefs et doive bailler forte rançon à dame de Dol, au maréchal d’Audrehem ou à messire du Guesclin, lui-même. »
    — Pour prix de ma libération ?
    — Non, pour celle de Hugues de Calveley, ton féal ami.
    — Hugues de… ? Connais pas ! Je refuse tout à plat ! Elle est bien bonne cette piperie ! le morgua Arnaud de haut. Je suis Breton et ne relève pas de la juridiction de l’évêque de Sarlat ! Mais de celle du duc ! Envoie un coursier. On se portera garant de ma personne.
    — Un duc ? Lequel ? Jean de Montfort ou Charles de Blois ?
    — Charles de Blois est retenu à la cour d’Édouard ! Fais prévenir le duc de Lancastre ! s’emporta le fendant Arnaud.
    — Je crains qu’il n’ait quelque affaire d’une autre importance à régler : Calveley s’est rendu, messire Trussel aussi, l’un de ses principaux lieutenants, et tant d’autres chevaliers qui lui sont proches ! Je crains qu’il ait d’autres chats à fouetter !
    — Peu me chaut en vérité, et je n’ai point de comptes à te rendre, à la parfin. D’ailleurs, tu sais bien que les Bretons sont divisés.
    — Et toi, partagé entre vanité, orgueil et convoitise..
    — Pas plus que tes amis gascons qui ne sont Français qu’à demi, reconnaît le roi Jean

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