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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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magnifiques vêtements, chausses, souliers, chainses de fin caslin, pourpoints, capes, qui comblèrent de joie les compains de Bertrand, vêtus de hardes pour la plupart !
     
    La porte, qui brinquebalait sur ses gonds, s’ouvrit sur un long couloir d’une quinzaine de coudées maçonné dans la formidable épaisseur des murs. Il débouchait sur une grand’salle, la salle des gardes du donjon, à en juger par les reliefs d’un dernier repas et les cottes aux armes du sire de Largoët qui jonchaient le sol.
    Deux escaliers à vis, pris dans l’épaisseur des murs, partaient de la première salle. L’un, destiné à l’usage seigneurial et à l’accueil de nobles visiteurs, desservait tous les niveaux jusqu’au chemin de ronde. Le second, plus étroit, situé sur le mur opposé, destiné à un usage privé, partait du premier étage et débouchait sur les trois autres pièces.
    À chaque niveau, une petite pièce adjacente, aménagée dans l’épaisseur considérable des murs, faisait office de garde-robes ou de cabinet privé. Un étroit couloir menait aux commodités. Le conduit était réservé dans l’épaisseur des murs, et ne donnait pas sur une échaugette à mâchicoulis, contrairement au château de Castelnaud. Toute tentative de pénétration par le conduit était donc impossible et la forteresse imprenable par cette voie. {11}
     
    Nous passâmes chaque pièce, chaque tour au peigne fin. La glacière où étaient conservées les victuailles avait été pillée par les serviteurs et la soldatesque. Il ne restait que quelques miettes de pain.
    Une porte, au dernier étage du donjon, était verrouillée. Il fallut plusieurs coups de hache pour la forcer, tant le bois était massif. Dans l’espace exigu, un coffre. Sur le point d’en faire sauter la serrure, je me ravisai. À deux, nous soulevâmes le coffre. Il pesait son poids d’écus, de bijoux, de ciboires, et les six compains qui m’entouraient se fendirent la gueule jusqu’aux oreilles.
    Hamon Leraut, l’écuyer de Bertrand, nous conseilla de ne pas l’ouvrir. Son poids et le tintement métallique qui s’en échappait ne laissait aucun doute sur son contenu.
    « Messire du Guesclin m’avait ordonné de vous remettre tout ce que nous trouverions, en contrepartie de la remise du château que nous allons investir céans, au nom de Charles de Blois, en attendant l’arrivée d’une garnison.
    « Il serait préférable que vous emportiez le coffre, sans l’ouvrir », me conseilla-t-il.
    Deux puissants archers, aussi courts sur pattes et pareillement musculeux que leur maître, en saisirent les poignées pour le transporter au dehors.
    Lorsque nous découvrîmes l’entrée d’un souterrain, au sud de la forteresse, mon cœur palpita, puis cogna dans ma poitrine aussi fort que le bélier contre l’âme de la poterne.
    Un premier cachot, puis un deuxième, un troisième, taillés dans le roc et fermés par une grille, mais tous inoccupés. Il s’en dégageait de fortes odeurs d’orine, témoins d’une occupation récente.
    Deux salles voûtées, meublées d’une table, d’une cathèdre, de trois ou quatre bancs et d’étagères poussièreuses, communiquaient entre elles par de lourdes portes grand ouvertes.
    Puis, nous nous heurtâmes à un mur. Je le cognai du pommeau de mon épée. Aucun son n’en sortit. Le souterrain menait sans doute autrefois au bourg d’Elven, mais il avait été solidement muré de longue date. Arnaud avait-il craint une intrusion au point de se priver d’un repli possible ?
    Après avoir scruté les pierres à la recherche de quelque mécanique secrète qui en dégagerait l’accès, je dus me rendre à l’évidence. Aucune issue n’existait plus. Si tant est qu’il en eût existé une. Un véritable cul-de-sac.
     
    J’étais amèrement déçu, lorsque, sur le chemin du retour, ma botte émit un son creux. Une trappe, ménagée dans un angle de la deuxième salle souterraine. J’en soulevai les deux battants articulés sur des charnières parfaitement graissées.
    Un trou béant et noir. Une oubliette ! J’arrachai une torche des mains du premier venu, l’agitai à bout de bras dans l’orifice d’où sortait à présent des effluves de moisi, de suance, d’orine et de déjections.
    Mon cœur battait la chamade. Je lâchai la torche. Elle éclaira une petite pièce taillée dans le rocher. Des gouttelettes suintaient sur le granit.
    Des tissus, je devrais dire des chiffes crasseuses,

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