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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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lacérées et souillées. Un bol, une écuelle. Rien d’autre que ce qui restait des souffrances endurées par un malheureux.
    Point d’ossements. L’endroit puait la mort, mais il n’y avait ni squelette ni cadavre en décomposition. Le malheureux qui avait été enchefriné et emmuré n’était pas mort dans cette tombe sinistre.
    La torche grésilla. Elle aussi finissait sa vie dans un dernier souffle qui illumina le réduit.
    C’est alors que je vis, en en éclair aveuglant, des armoiries aux couleurs passées, sur une pièce d’étoffe qui avait dû être blanche : d’argent et de sable, écartelé en sautoir, le chef et la pointe parti. {12}
    Isabeau Brachet de Born, ma véritable sœur avait été séquestrée céans !
     
    Où était-elle à présent ? Avait-elle était déferrée par Arnaud ou par les gardes de la forteresse ? Dans quel état d’infortune ?
     
    Je pleurai à chaudes larmes et, dans mon ire et mon désarroi, maudis le Ciel de Bretagne.

« Et rêve de voir châteaux forts éventrés et forteresses humiliées   ! »
     
    Propos qu’aurait tenu Bertran de Born, illustre troubadour de langue d’oc, qui se qualifiait lui-même, poète et guerrier.
    Chapitre 8
    En Pierregord, en la ville consulaire de Sarlat, à Rouffillac, Braulen, Tursac, Cahors, puis à Beynac du printemps de l’an de grâce MCCCLIIII à l’été de l’an de disgrâce MCCCLVI. {13}
    « Messires, messires ! De grâce, Son Excellence ne reçoit plus ce jour d’hui ! Elle part se reposer en sa résidence de Saint-André-d’Allas ! Si vous souhaitez être entendu en confession, je ne puis le faire ; adressez-vous plutôt à l’archiprêtre de la cathédrale. C’est à deux pas ! nous adjura le chanoine de petite taille, au visage glabre, à la tonsure parfaite et à la couronne de cheveux qui avait grisonné depuis notre première altercation, deux ou trois ans plus tôt.
    — Ôte-toi de là, noble serviteur de Dieu, avant que je ne t’étripe et ne t’éviscère comme une volaille bien dodue. Bien que volaille criante et piaffante, tu ne sois ! Tonsurée certes, mais point dodue…, lui dis-je en lui serrant le bras à en faire craquer ses maigres os.
    — À la garde ! À la garde ! » hucha l’un des valets d’armes qui étaient de faction devant la porte, tandis que l’autre tentait vainement de nous en interdire l’entrée.
    J’en baillai grand ouvert les battants et pénétrai dans l’antichambre déserte, aux senteurs de cuir et de suance, de relents d’ail et d’oignon, aux murs tapissés de mitres, de crosses et de blasons aux armes de monseigneur Élie de Salignac, évêque de Sarlat, et de ses prédécesseurs.
    La pièce était vide. Monseigneur avait terminé ou reporté ses audiences. Par le couloir du fond, surgirent six gardes de la milice de Sarlat. Ils n’eurent le temps ni de pointer leur lance ni de desforer l’épée.
    Sous une forte poussée pour les écarter de mon chemin, ils s’aplatirent comme des crêpes le jour de la Chandeleur, contre les mitres et les crosses, churent sur le cul ou s’affalèrent sur les carreaux de terre cuite après s’être pris les pieds dans le fourreau de leur épée.
    Quelques chapels de fer roulèrent sur le sol dans un cliquetis de métal cabossé que saluèrent d’autres chapels tournoyants sur eux-mêmes, telles des toupies, en une estampie endiablée. Tout cela s’acheva dans un vacarme assourdissant que répercutaient les voûtes de la pièce. Le son portait haut et fort. Notre évêque aurait pu y tenir chaire.
    Monseigneur de Salignac, en tenue de campagne, alerté par le charivari, se fit annoncer à l’entrée du couloir qui menait à ses appartements. Six autres gardes, épiscopaux cette fois, à ses basques.
    « Oh, Onfroi ! Onfroi, mon neveu ! J’ai grand heur à te revoir en un si bel appareil ! Ainsi, tu as croisé le fer contre les païens ? Nos frères Teutons – que Dieu les bénisse –, ont-ils aussi belle allure qu’on le dit ? Respectent-ils la règle ? J’ai ouï dire qu’ils étaient plus soldats que moines ! Est-ce vrai, mon neveu ?
    — Votre Excellence, tenta Onfroi de Salignac, je dois vous confesser…
    — Onfroi, de grâce, je ne confesse plus à cette heure…
    — Monseigneur, la règle de l’Ordre de Sainte-Marie des Allemands exige beaucoup et donne peu de…
    — T’es-tu rendu aux offices sans faillir ? De jour comme de nuit ? s’enquit Élie de Salignac, en se

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