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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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Il n’était plus là, lorsqu’on l’y attendait. Sa légende naissante n’était pas usurpée.
    La terre devint rouge. Ne dira-t’on pas que lorsqu’il pleuvait, la terre, aux abords du château de Montmuran se teintait du rouge du sang des combattants ?
     
    À la chaude, Enguerrand et moi avions réussi à contourner Hugues de Calveley et à l’acculer. Pour Bertrand, l’affaire était entendue. Il décompissa, décharpit, décervela grande foison de gens pendant que nous nous précipitions sur le chef de la meute, le jetions à terre et le contraignions à implorer merci.
    La cause était plaidée. Calveley lança un ordre. Les Anglais, encerclés, flèches ou armes d’hast pointées sur eux, moribonds, gémissants ou sanguinolents, baissèrent la garde pour les uns, s’enfuirent clopin-clopant pour les autres. L’obscurité ne nous permit pas de décompter avant le lendemain le nombre de corps qui jonchaient le sol. Une centaine, probablement.
    Une autre centaine fut capturée, dont plusieurs seigneurs. Parmi eux, un dénommé Guillaume Trussel, seigneur de haut lignage proche du duc de Lancastre, avait aussi été pris. Il serait retenu tant qu’il n’aurait pas débougetté de bons écus sonnants et trébuchants.

    Lorsque je rendis à Bertrand du Guesclin la hache qu’il m’avait confiée, elle était rouge. Rouge du sang des Godons. Il la prit et comprit bien vite l’usage que j’en avais fait. Il me la rendit tout à trac, pour m’encourager à la manier souventes fois. En espérant que, onques, je n’oublierais cette façon d’escrémir. Une façon bien à lui. Le maître m’avoua qu’il était en grande fierté pour son nouvel élève, en m’administrant une forte bourrade dans le dos qui me fît trébucher de trois pas.
    « Bravo, Petit ! Tu mérites ta Croix de Fer teutonique ! Mais, vois-tu, je n’ai qu’une Croix de bois à offrir à mes compains d’armes occis par le Godon. Suis encore trop pauvre, un simple écuyer, mal soldé par Charles et par Jean !
    — Les temps changent, Bertrand, pensez plutôt aux belles rançons qui vous seront baillées tantôt par Calveley et d’aucuns chevaliers et écuyers de ses compagnies, le réconfortai-je en essuyant mon épée à dégorgeoir.
    — T’es pas maladroit à l’estoc, non plus, à ce que je vois. Quand nous rejoindras-tu ?
    — Lorsque nous aurons bouté l’Anglais et le Gascon hors d’Aquitaine.
    — L’Anglais, ce sera plus facile, le Gascon… ce sera une autre affaire. Ils se vendent aux plus offrants », s’esbouffa-t-il.
     
    Les prisonniers furent conviés à se rendre dans la basse-cour du château. Pieds et poings liés. Mais en Bretagne comme ailleurs, on ne badinait pas avec le sens de l’hospitalité. Il fut servi aux prisonniers les reliefs du festin qui se déroulait dans la grand’salle du château et bon vin de la Loire. La cour était pleine des sergents d’Arnaud et des gens de Calveley.
    D’aucuns des plus nobles captifs furent invités à partager les dernières issues du banquet avec le maréchal d’Audrehem. Car on ne saurait envisager de débattre rançon avant de leur avoir fait déguster dans la liesse le goût amer de leur défaite…
    Car, en ces temps-là, on savait affronter l’ennemi, le caployer de taille, le mutiler, l’embrocher d’estoc, le hacher menu, l’asservir contre rançon, mais il n’était point question de ne pas le traiter avec quelqu’égard.

    Lorqu’Arnaud avait été accompagné au chevet de sa mère en souffrances de fièvre tierce par le capitaine d’armes, avant qu’il n’eût eu le temps de voir que la forme allongée sur le lit à baldaquin n’était qu’un leurre, lui et ses deux écuyers avaient été saisis par six solides gaillards, sans coup férir, tant avait été grand l’effet de surprise.
    Il avait eu beau se débattre, crier à la traîtrise, rugir et injurier, lorsque le capitaine lui avait mis une dague sous la gorge, il avait cessé de gesticuler. Messire Méhée de la Vigerie n’était pas d’un naturel belliqueux.
    Empêtré dans son long mantel de fourrure bordé d’hermines, craignant qu’on ne l’égorgeât incontinent, il avait bien tenté la prévarication, promettant au capitaine d’armes, en des enchères croissantes, des dizaines puis des centaines d’esterlin d’or et d’argent si on le relâchait. Il s’était déclaré prêt à livrer ses écuyers en gage. Rien n’y avait fait.
    Il s’était accoisé

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