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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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remochinant.
    — Oui, oncle Élie, mais les jours de carême… Il y en eut de nombreux et…
    — Cela est sain pour le corps et l’esprit d’un jeune écuyer. Mais dis-moi, mon neveu, messire Brachet de Born a-t-il bien veillé sur toi ? Il semblerait, à la parfin, se réjouit notre évêque en l’étudiant de la tête aux pieds.
    « Or, donc, viens me conter vos belles aventures au pays des Teutons », poursuivit-il en passant le bras autour des puissantes épaules de mon écuyer.
    Puis, se ravisant, après avoir feint d’ignorer la présence de Guilbaud de Rouffignac et de notre prisonnier ni plus ni moins que la mienne, au demeurant, il s’exclama :
    « Oh ! Quel beau mantel en peau de loutre ! Ou de martre zibeline ? Je n’ai guère de connaissance en matière d’étoffes et de fourrures ! Ne serait-il pas bordé d’hermine ? Vous êtes bien grand seigneur en vos terres de Bretagne, messire Arnaud Barthélémy Méhée de Largoët ! se réjouit l’évêque, vêtu ce jour d’un simple pourpoint écru, tissé en un caslin grossier, un simple mantel de bure à capuche, agrafé par une boucle autour du col et rejeté sur les épaules.
    « Un gentilhomme d’un tel rang ne peut qu’être reçu avec tous les honneurs en notre comté du Pierregord. Nous y avons meilleure viande et meilleur vin, messire Arnaud. Je crains cependant que vous n’en profitiez guère en nos geôles : nous ne sommes point pleure-pain, mais les taxes, les cens, les dîmes, les prébendes rentrent mal par ces temps de misère. C’est triste, et la livre tournois a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis votre départ. »
    Monseigneur de Salignac portait à présent un vif intérêt à notre prisonnier. Un prisonnier encordé et tenu en laisse par mon deuxième écuyer Guilbaud.
    Arnaud se racla la gorge et lui cracha au visage. Un jet de salive plus noir que son âme. Élie de Salignac ne pipa mot. Il sortit de sa manche un linge au bord finement ourlé et dentelé, s’essuya avec un calme monacal, s’approcha de lui et, pour ma plus grande joie, lui balança une baffe magistrale d’un terrible revers de sa main gantée. De la main senestre. Celle qui arborait sur son index un magnifique rubis griffé d’or…
    La tête d’Arnaud fît un quart de tour. Il trébucha. Sur sa joue en feu, d’un sillon écarlate aussi large que celui d’un soc de charrue, des gouttes de sang ruisselèrent sur la blanche hermine de son magnifique mantel en peau de loutre.
    Arnaud ne répliqua pas. Pieds et poings liés, ses mouvements étaient forts réduits. Mais il tremblait à présent. Non de peur, mais de colère.
    Élie de Salignac était de plus petite taille qu’Arnaud. La bague épiscopale l’avait profondément entaillé du menton jusqu’à l’os, à un pouce de l’œil. Vu la violence de la gifle, elle y laisserait une marque aussi indélébile que celle d’un fer rouge sur l’épaule d’un condamné.
     
    Comme si rien n’était survenu, l’évêque palpa le tissu du mantel et, d’une voix douce, presque obséquieuse, sans lever les yeux :
    « Ce mantel est vraiment beau ! Et cette fourrure ! Quel riche seigneur offrez-vous là à nos tourmenteurs, messire Brachet de Born ! De l’hermine aux armes mouchetées de Bretagne ! »
    Puis, passant derrière notre captif, il défit la fibule et, avant de lui ôter le mantel des épaules avec moult précautions :
    « La pièce est fraîche, messire de la Vigerie. Mais permettez-moi de vous aider à vous dévêtir.
    « Messire de Rouffignac, veuillez trancher les liens de ce généreux sire de Largoët et vous assurer qu’il n’ait point une nouvelle et malencontreuse saute d’humeur ! Il a l’humeur chaude et le sang froid d’une vipère. Je crains qu’il ne morde pour distiller son venin. »
    Douze gardes épiscopaux jalonnaient désormais la salle. Guilbaud m’interrogea du regard. J’acquiesçai d’un hochement de la tête. Deux d’entre eux s’avancèrent pour le serrer de près.
    « Vous êtes ruisselant et suant de la nuque jusqu’aux chausses ! Avez-vous aussi les pieds moites et puants ? demanda-t-il perfidement et portant les yeux sur les bottes d’Arnaud.
    « Oh ! Vos heuses ! Je n’avais pas remarqué vos heuses ! Elles sont magnifiques… et d’un cuir d’une telle souplesse ! N’oubliez point de m’indiquer le maître bottier qui vous les a confectionnées ! se gaussa-t-il, avant de renchérir :
    « Nous

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