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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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son mari soit instruit et le jugement rendu.
     
    Je commis cependant, ce jour-là, en prenant cette décision, une terrible erreur : un traître faisait partie de mon entourage.
    Un homme au-dessus de tout soupçon.
    Un félon de grande habileté et d’une sournoiserie hors du commun s’était glissé dans notre mesnie.
     
    Làs, je ne l’appris qu’à nos dépens. Bien plus tard.

    Peu avant l’heure des vêpres, nous nous présentâmes aux portes du château de Rouffillac et confiâmes le triste sire de Largoët à Michel de Ferregaye. Il répondrait de notre prisonnier sur sa vie. Point d’écritoire, point d’encrier ni de plumes : une paillasse, un seau, deux bougies et un repas frugal par jour, de l’eau à volonté et des ouvrages sur la vie des saints pour qu’il y prenne exemple et médite sur ses forfaits.
    Qu’il reste en bonne forme physique, mais n’engraisse point. Toute sortie était interdite. Toute visite aussi, à l’exception des officiers chargés d’instruire son procès et à la condition formelle qu’ils présentent un sauf allant et venant et un ordre de mission signé par monseigneur de Salignac, valant commission rogatoire.
    Marguerite elle-même ne devait avoir aucun contact avec le prisonnier, de crainte qu’elle ne se livrât à quelques débordements à l’encontre de celui qui avait tenté de la forcer, six ans plus tôt. {15}
     
    Par cette belle journée de mai, la reverdie avait paré la nature de ses couleurs printanières, jaunes, orangées, vertes… Les popliers qui bordaient notre rivière Dourdonne se couvraient de feuilles tendres. Les tilleuls s’épanouissaient de petites feuilles argentées. Les chênes verts étoffaient leur feuillage moucheté de points gris. Les chênes blancs se tapissaient de leur parure d’été, les noyers, plus tardifs, bourgeonnaient de rose.
    L’air était doux, le ciel, bleu azur. Pas un nuage ne l’assombrissait. Une bien belle journée pour des retrouvailles après une absence de huit longs mois, riche pourtant en découvertes d’autres lieux ? d’autres gens : Mathilde d’Œttingen, Winrich von Kniprode, Bertrand du Guesclin, le maréchal d’Audrehem… et tant d’autres.
     
    Dans la cour de notre manoir de Braulen, toute ma mesnie, serviteurs, servantes, enfants, avisés de notre arrivée, nous firent fête en claquant des mains et en riant. Guillaume de Lebestourac, parfaitement remis de ses navrures par la grâce des soins que lui avait prodigués ma douce mie, m’étouffa dans ses bras, riant et pleurant à la fois.
    Toujours point de nuage dans le ciel, mais une seule ombre à ce tableau idyllique : Marguerite. Jeanne et Hugues, mes deux aînés, me sautèrent au cou. Marie et Thibaut se remochinèrent, sans doute contrariés par ce qu’ils considéraient comme une trop longue absence. Geoffroy, le dernier né, âgé d’un an, babillait, gesticulait et criait dans les bras de Louise, sa jolie nourrice.
    Tous avaient grandi en force et en beauté. Je les complimentais, tout en demandant au chevalier de Lebestourac s’ils s’étaient comportés sagement pendant mon absence.
     
    « Mon épouse serait-elle recluse en son atelier, à disséquer des grenouilles ou à se repaître des traités d’Hippocrate et de Galien, au point d’oublier d’accueillir son seigneur ? demandai-je à Guillaume de Lebestourac.
    — Que nenni, Bertrand, ton épouse suit l’enseignement des physiciens et des docteurs ès farmacie en l’université de Montpellier. Elle a été chaudement recommandée par notre évêque et reçue en probation depuis le mois d’octobre. Tu dois accepter son choix et ne point t’y opposer.
    — Par Saint-Louis, que le voudrais-je, ne le pourrais-je ! Elle n’en fait qu’à sa tête, tu le sais, me lamentai-je, un pli amer à la bouche, la gorge nouée.
    — Mais sa tête est bien faite. Elle a grande soif de connaissances et fera une bonne miresse, dotée d’un diplôme prestigieux ! Regarde comment elle m’a soigné, me rassura-t-il en bombant le torse. Tu aurais retardé ton départ de quelques jours, j’aurais chevauché de conserve avec vous pour descharpir du païen. Viens plutôt me conter tes exploits ! Nous allons fêter votre retour dès ce soir. Tu me diras si les issues du banquet que je viens d’ordonner -à mes frais – ne valent pas mieux que les menus des moines soldats teutons ! »
     
    Une bonne bourrade suivit, mais je ne fus ragaillardi que lorsqu’il

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