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La lumière des parfaits

La lumière des parfaits

Titel: La lumière des parfaits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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avons quelques bonnes paires de brodequins. L’une d’icelles fera mieux l’affaire, sur l’heure. »
    Il claqua des doigts. Le chanoine à la triste figure s’éclipsa et revint peu après avec une solide paire de brodequins aux semelles de bois. Trois autres gardes saisirent Arnaud aux aisselles, aux bras et aux jambes. Ils lui arrachèrent les bottes, l’une après l’autre, sans ménagement aucun.
    Il fut incontinent ligaturé aux poings et aux pieds. Assez curieusement, il n’offrit pas de résistance. Quelle idée pouvait-il bien avoir dans le crâne ?
     
    « Merci ! Grand merci, messire de la Vigerie, pour ce don que vous fîtes avec grâce. Les pauvres de notre évêché vous auront grande reconnaissance pour ce magnifique mantel et pour ses superbes bottes ! le remercia Élie de Salignac, avant de rugir d’une voix de plus en plus forte qui enfla crescendo :
    « Lorsqu’ils sauront de qui viennent ces offrandes, je crains fort qu’ils ne les déchiquettent et les lacèrent ! Car nos rustres, aussi humbles et miséreux soient-ils par ces temps de disette, ont plus de dignité que vous, messire de Largoët ! Lorsqu’ils apprendront tous les maux que vous leur avez infligés. Meurtres ! Viols de pucelles ! Fornications aggravées ! Recel et commerce de biens d’Église ! Crime contre la Chrétienté ! »
    Sa voix, mielleuse au début de la tirade, tonnait à présent, résonnait et rebondissait sur les murs de l’antichambre :
    « Les maux que vous leur avez infligés… Meurtres… Viols de pucelles…
    pucelles… Fornications aggravées… aggravées… Recel de biens d’Église… Église… Église… Crime contre la Chrétienté… Té… Té… »
    Puis se radoucissant tout aussi soudainement qu’il s’était enflammé, l’évêque me prit par le coude et me demanda, ex abrupto :
    « Et les fioles, messire Bertrand ? Mes fioles ? Avez-vous récupéré les saintes reliques ? L’Eau et le Sang du Christ ?
    — L’Eau et le Sang ? Ou le Mal noir, monseigneur Élie de Salignac. »

    Nous étions passés, en revenant de Bretagne, près notre bonne ville fortifiée de Pierreguys, si souventes fois convoitée par les Godons.
    Le maître des maçons qui avaient œuvré à la restauration des murs de mon château de Rouffillac et au rehaussement des murailles de l’enceinte n’avait pas menti.
    Il avait scellé le parchemin qui indiquait l’emplacement des fioles à deux toises de hauteur, dans la pierre de l’un des piliers de la cathédrale Saint-Front. Exactement à l’endroit indiqué. Respectant en cela, à la lettre, les instructions du vieux chevalier qui avait été le confident et le compain d’armes de feu mon père. Avant qu’il ne fut pendu dans la sacristie de la chapelle de la Vierge par un meurtrier inconnu {14} .
     
    En exhibant le document qui portait le seing et le sceau de monseigneur Tison, évêque de Pierreguys, je n’avais pas eu grande difficulté à obtenir du sacristain qu’il mette à notre disposition un escabeau et un outil pour desceller et re-sceller la cache.
    Mais quelle n’avait pas été ma surprise lorsque j’avais découvert que les fioles de Joseph Al-Hâkim, devenu frère Joseph de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem après son entrée dans l’Ordre, et que l’Aumônier général de la Pignotte, le père Louis-Jean d’Aigrefeuille, m’avait confiées lorsqu’il fût au seuil de la mort, étaient toujours dans la chapelle de la Vierge. À Roc-Amadour, dans une trappe aménagée sous le dallage.
    Or donc, je promis à monseigneur de Salignac de les lui remettre en mains propres, sous quinzaine.
    Quant à notre prisonnier, il nous ordonna de l’enferrer dans un des cachots du château de Rouffillac ou de la forteresse de Beynac, plus sûrs que les prisons du prévôt de Sarlat.
    Il nous remit une lettre de cachet que son chanoine avait griffonnée sur le champ, et nous convînmes, tout d’abord, de le confier incontinent à Hélie de Pommiers, le capitaine d’armes du baron Bozon de Beynac.
    Mais compte tenu de la présence d’Éléonore de Guirande, qui avait épousé en troisièmes noces le nouveau capitaine de la place, je jugeai préférable de l’enchefriner à Rouffillac, sous la garde de Michel de Ferregaye.
    Quant à la soi-disant Isabeau, épouse adultérine d’Arnaud, la dame de Dol nous avait promis de la recommander à une mère abbesse de ses connaissances, en attendant que le procès de

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