La malediction de la galigai
l'espion.
â Tout n'aurait donc été qu'une mystification ?
â Une mystification ? répéta Gaston.
â Exactement, messieurs. Il s'agissait seulement de discréditer Longueville, sans vol ni violence. Uniquement par la calomnie. Malheureusement, vous êtes intervenus dans notre affaire. Ce n'était pas prévu. Et vous avez disloqué notre belle machination.
Le gantier vida le reste de son pot d'un seul coup et le silence s'installa un instant. Louis reconstruisait mentalement une nouvelle interprétation de ce qu'il savait et avait vécu. Mais Gaston interrompit ses pensées en déclarant :
â Mondreville est pourtant le voleur de 1617 !
â Peut-être. Certainement, même. Mais nous l'ignorions quand nous avons échafaudé notre intrigue. Il semble que ce soit vous qui l'ayez découvert.
â Je ne comprends toujours pas ! fit Tilly en secouant la tête. D'où sortent ces trois pendards : Canto, Pichon et Sociendo ?
â C'est moi qui les ai trouvés. Je les ai appâtés en leur parlant du vol de 1617 et en prétendant qu'un nouveau transport aurait lieu bientôt. J'ai cité le nom du prévôt Mondreville comme un complice possible. C'était le seul Mondreville que j'avais trouvé proche de Longueville. Par un effet du hasard, il s'agissait du voleur de 1617 !
â Par manque de chance, ils ont croisé notre route quand tu recherchais les assassins de tes parents, poursuivit Louis pour Gaston. Si ton oncle Hercule n'était pas mort, rien de tout cela ne se serait produit.
â Il n'y aura donc aucun transport de la recette des tailles ? insista Tilly.
â Aucun ! Et cette intrigue n'a plus d'intérêt.
â Je vous remercie d'être venu nous dire que nous nous étions fourvoyés, monsieur Ganducci, fit froidement Louis.
â Fourvoyés ? Sans doute, mais vous auriez fini par découvrir la vérité.
â Peut-être, mais pourquoi nous la révéler maintenant ? s'agaça Gaston.
Ganducci ne répondit pas d'emblée, aussi Louis le fit-il à sa place.
â Si nous avions découvert la vérité et l'avions confiée au prince de Condé, l'affaire aurait fait scandale, c'est cela ? Et la reine aurait été contrainte d'abandonner Son Ãminence pour avoir échafaudé une telle calomnie.
â Décidément, on ne peut rien vous cacher, reconnut le gantier dans un sourire sans joie. Mais il y a plus grave, Mondreville a rencontré Beaufort et Gondi. Je crains qu'il ne leur ait apporté l'affaire.
â Il l'a fait. Confidence pour confidence, monsieur Ganducci, vous pouvez être fier, car je me suis laissé berner par votre intrigue. Persuadé que Mondreville agissait pour Longueville, j'ai prévenu le prince de Condé qui ne m'a pas cru et s'est fâché. Voilà l'origine de notre brouille. Seulement, peu après, Beaufort lui ayant présenté l'affaire, Son Altesse m'a fait revenir de Mercy. Tout à l'heure, devant Beaufort et Gondi, Monsieur le Prince a dit qu'il se refusait à devenir un voleur et à ébranler la Couronne. Le duc et le coadjuteur ont donc décidé d'abandonner.
â Vous me rassurez ! soupira Ganducci. Et je vous sais gré de me confier tout cela. Son Ãminence sera aussi tranquillisée, mais ce ne sera pas suffisantâ¦
â Que souhaite monseigneur ?
â Que vous vous désintéressiez de cette histoire et votre parole que vous n'en parlerez jamais.
â Difficile ! laissa tomber Tilly.
â Que deviendront Canto, Pichon et Sociendo ? demanda Louis.
â Ils n'ont été que des marionnettes. Comme ils ne vous ont pas nui, laissez-les tranquilles. J'aurai peut-être encore besoin d'eux.
â Qui sont ces marauds ?
â Canto de La Cornette était commis chez monsieur de La Rallière. Chargé du recouvrement de la gabelle, il a été condamné à la potence. Pichon, qui se dit seigneur de La Charbonnière, est fils d'un avocat du Mans. Il a été condamné dans cette ville à être pendu pour le viol d'une fille. En fuite, il a été roué en effigie et est entré au service de Venise où il a obtenu une charge de capitaine d'infanterie. Là -bas, il a été poursuivi pour vol, viols
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