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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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retours de fortune inattendus. Dans de telles conjectures, il vaut mieux faire retraite avant qu'elles ne se transforment en grandes défaites. Monsieur le Prince ne nous appuiera pas, monsieur de Longueville non plus, mais plus grave, notre secret est percé. Monsieur de Tilly sait tout, il est procureur à l'Hôtel du roi, il a l'oreille de Séguier. Si l'affaire a lieu, qu'elle réussisse ou échoue, nous nous retrouverons à la Bastille… ou à Vincennes.
    Beaufort parut soudain moins sûr de lui. D'autant qu'il avait pour habitude de se ranger au dernier avis entendu.
    â€” Que faisons-nous alors ? fit-il fort embarrassé. Nous sommes dans le même vaisseau, il faut périr ou se sauver ensemble.
    â€” Rien ! Laissons Mondreville et Tilly face à face. Cette affaire n'a jamais existé, oublions-la 1 . Si Mondreville succombe et nous accuse, il sera facile de nier. Il n'existe aucun témoin. Nous avons un autre moyen pour affaiblir Mazarin : les bourgeois de Paris commencent à s'agiter avec la banqueroute des rentes de l'Hôtel de Ville. C'est par là que nous devons agir désormais.
    Beaufort, qui comme le dira justement de lui Paul de Gondi dans ses Mémoires n'avait que l'intention des grandes affaires, parut soulagé. Il salua le coadjuteur et rejoignit son carrosse.
    *
    Quand Fronsac et Tilly arrivèrent dans l'antichambre, Gondi les attendait.
    â€” Monsieur Fronsac, fit-il d'un ton très sec, l'une des grandes incommodités des guerres civiles est qu'il faut beaucoup d'application à garder le silence sur ce que l'on ne doit pas dire, surtout si cela peut causer du tort à un ami. Je n'aurais jamais pensé subir votre indiscrétion, ou plutôt votre trahison.
    Louis secoua la tête, surpris de ce reproche.
    â€” Monseigneur, Gaston et moi affrontons depuis plusieurs semaines Mondreville et ses comparses. Monsieur de Tilly a été emprisonné et a failli perdre la vie. Depuis peu, nous avons découvert quel était le dessein de ce maraud, et croyant, à tort je l'avoue, que monsieur de Longueville s'y trouvait associé, j'ai cru de mon devoir de prévenir Monsieur le Prince. Sachez que jamais, ni moi ni Gaston, n'avons envisagé ou imaginé que vous pourriez être mêlé à cette répugnante affaire, sinon j'aurais agi envers vous comme envers Monsieur le Prince, et supplié d'en rester à l'écart.
    â€” Vous avez choisi votre parti, messieurs, laissa tomber le coadjuteur avec insolence. J'avais toute confiance en vous, j'avais tort. Ceci marque la fin de ce que je croyais être une sincère amitié.
    Il tourna le dos sans les saluer et s'éloigna.
    Ainsi, songea Louis, dans un mélange de dépit et de tristesse, il venait de retrouver la bienveillance du Prince pour perdre celle de Paul, son plus vieil ami avec Gaston. Des vagues de souvenirs lui revinrent de l'époque où il avait douze ans : combien il avait été surpris en voyant entrer Gondi dans leur chambrée au collège de Clermont, quand celui-ci n'était que l'abbé de Buzay : tout petit, noiraud de peau, le nez camus, avec des cheveux frisés formant tonsure. Immédiatement, il lui avait fait penser à un moricaud. Déjà, il ne saluait personne. Pourtant, malgré la distance écrasante qui les séparait, il était devenu son ami et celui de Gaston, les admirant même pour leur audace et leur jugement. À tour de rôle, tous trois avaient été consuls ou décurions dans leurs classes, la compétition ne cessant jamais entre eux. Plus tard, ils s'étaient souvent entraidés, et c'était à Paul que Gaston devait d'avoir pu quitter Paris au printemps, lorsque les truands de Beaufort semaient la terreur 2 .
    Tout cela semblait terminé et Louis s'en affligeait. Il regarda Gaston, les mâchoires serrées, et comprit que son ami n'éprouvait pas les mêmes sentiments. Tilly ne pouvait admettre que Paul de Gondi eût noué une alliance avec l'homme ayant tué son père.
    â€” Condé m'a abandonné Mondreville, asséna finalement Gaston. Je n'attendrai pas que Mazarin se décide à agir. J'irai demain à Mondreville et tout se réglera à la façon des Tilly : Nostro sanguine tinctum .
    â€” Je n'ai rien mangé hier, tant j'avais le ventre noué par l'inquiétude, Gaston, mais il

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