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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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et étaient réduits à la portion congrue à cause des bénéfices vertigineux que prenaient les traitants.
    Parmi les impôts, la gabelle était la moins bien encaissée, à cause d'une fraude immense et du sel vendu partout en contrebande. Ces pertes venaient même de provoquer la banqueroute des rentes de l'Hôtel de Ville à laquelle Paul de Gondi avait fait allusion lors de la réunion avec le prince de Condé.
    Au XVII e  siècle, chaque dépense de l'État était imputée à une recette. C'est ce qu'on appelait l'assignation. Quand une ressource devenait insuffisante, les créanciers qui possédaient des titres de paiement sur celle-ci ne pouvaient être payés, même si une autre recette de l'État se voyait approvisionnée. Bien sûr, des transferts étaient possibles mais ils restaient exceptionnels, car chaque receveur ou trésorier défendait, bec et ongles, les sommes qu'il détenait sur sa recette.
    De plus, si la plupart des ressources fiscales étaient transmises à l'Épargne 1 , dont La Bazinière était l'un des trésoriers, il existait d'autres institutions qui émettaient des créances et encaissaient des recettes, telles la Caisse des parties casuelles, qui percevait les revenus des ventes d'offices, ou encore celle de l'Hôtel de Ville qui payait les rentes de l'État.
    Cette caisse émettait des emprunts pour le compte de ce dernier que le bureau de la ville plaçait auprès des particuliers. En contrepartie, ceux-ci percevaient des intérêts trimestriels assignés sur les revenus des fermes de gabelle.
    Les retards de paiement étaient endémiques et, depuis le début de l'année 1649, le règlement des rentes de l'Hôtel de Ville était repoussé. Certes, les financiers des fermes justifiaient cet ajournement par la guerre civile, puis par l'absence du roi de la capitale, mais maintenant la Cour revenue, les rentiers attendaient avec impatience l'échéance de mi-septembre.
    Elle ne fut pas payée.
    Pis, le 19 septembre, les bourgeois parisiens apprirent avec une immense émotion la banqueroute des fermiers qui gageaient leurs rentes.
    Réunis à l'Hôtel de Ville, des députés du Parlement et des autres compagnies souveraines mandèrent les fermiers des gabelles. Ceux-ci vinrent s'expliquer mais persistèrent dans leur refus de régler les rentes, assurant ne plus en avoir les moyens. On eut beau les retenir prisonniers, ils ne cédèrent pas. Pourtant, malgré leur faillite, ils paraissaient toujours aussi riches ; aussi la bourgeoisie rentière accusa-t-elle le prévôt des marchands de connivence puisqu'il avait garanti les emprunts émis par la ville.
    Une requête signée par cinq cents des plus considérables rentiers fut présentée au Parlement afin que les fermiers soient enfermés à la Conciergerie, que l'on procède à la saisie et vente de leurs effets, et qu'en cas d'insuffisance, le prévôt des marchands et les échevins soient tenus d'y suppléer par leur propre fortune.
    Les plus radicaux des bourgeois lésés songèrent même à mettre le feu aux maisons des fermiers.
    Avec cette agitation, Paul de Gondi jugea qu'un nouveau front anti-Mazarin s'offrait à lui. Son ami Guy Joly, conseiller au Châtelet, créa, à son initiative, un syndicat des rentiers exigeant des mesures draconiennes. Les syndics, tous anciens frondeurs, se réunirent à l'Hôtel de Ville et portèrent à leur tête le duc de Beaufort et le coadjuteur. La première assemblée réunit trois mille personnes et Joly demanda au Parlement de se réunir, toutes chambres confondues, afin d'obtenir une saisie des biens des traitants faillis.
    Or, une telle réunion des chambres était interdite par les accords de Saint-Germain.
    Ayant parfaitement discerné la manœuvre de Gondi, Mazarin avait demandé à l'abbé Fouquet d'envoyer des espions aux assemblées du syndicat des rentiers pour savoir ce qu'ils tramaient. Seulement si Fouquet avait beaucoup d'agents dans les confréries religieuses, les salles de jeu ou les salons littéraires, il n'en avait aucun au sein de la bourgeoisie rentière.
    Par contre, Tomaso Ganducci connaissait beaucoup de marchands. Basile Fouquet sollicita conseil. Connaissait-il des bourgeois ou des gentilshommes connus pour être des

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