La malediction de la galigai
reliant les granges et les écuries.
â Quelle hauteur ?
â Je dirais deux toises, peut-être un peu plus, et le fossé augmente encore cette hauteur.
â On pourrait utiliser l'échelle de corde qui m'a servi à entrer dans la maison de Nicolas Flamel 2 , suggéra Louis.
Gaston grimaça.
â On pourrait, mais ce n'est pas facile de passer un mur avec une échelle de ce type, et Bauer est lourd. Il faudrait surtout connaître le meilleur endroit pour lancer un grappin.
â Et si on envoyait l'un d'entre nous⦠soliloqua Gaston.
â On serait vite repéré, observa Richebourg.
â La Goutte pourrait se faire passer pour un colporteur, proposa Louis.
â Bonne idée ! reconnut Tilly, mais le laissera-t-on entrer ?
â Essayons ! Sinon, comme la lune est encore pleine, nous bénéficierons d'un peu de lumière, sauf si le temps est couvert. Faire le tour de la ferme afin de trouver un endroit favorable serait dès lors possible, suggéra Louis.
â Faisons ainsi, conclut Gaston après avoir réfléchi. Il nous faut donc ton échelle, des cordes et des grappins.
â Il y aura peut-être des chiens dans la cour, suggéra Richebourg.
â C'est vrai. Nous laissons deux molosses en liberté la nuit, dans la cour, à Mercy, reconnut Louis.
â Je me procurerai des arbalètes, décida Tilly. Tans pis pour les chiens.
â Une fois dans la cour, il faudra encore entrer dans le corps de logis. Comment est la porte ?
â Ferrée et solide.
â à moins de pouvoir passer par une fenêtre, la seule solution est d'utiliser une mine, déclara Gaston.
â Tu sais utiliser ce genre d'engins ? s'étonna Louis.
â Non, mais peut-être les frères Bouvier.
â Il faut nous procurer de la poudre.
Gaston hocha la tête. Au fur et à mesure de la préparation, il écrivait à la plume d'oie les problèmes qui se présentaient et le matériel dont ils auraient besoin.
â Une fois la porte brisée, nous entrerons, mais est-on certain qu'il n'existe pas d'autre sortie ?
â à vérifier, admit Tilly, mais je ne le pense pas. En revanche, ils pourraient fuir par les fenêtres avec une corde.
â Il ne faut pas leur en donner le temps, intervint Richebourg. Je passerai le premier et serai à l'étage de Mondreville en quelques instants. Si nous attaquons en pleine nuit, ils n'auront même pas le temps de se réveiller.
â L'escalier se trouve en face de la porte, approuva Gaston. Bauer restera au premier palier. Avec le canon à feu, il arrêtera toute résistance.
â Cela fera des morts innocents, remarqua Fronsac.
â Mes parents aussi étaient innocents ! Tu sais, Louis, j'ai fait pendre bien des brigands et je sais que quelques-uns ne méritaient pas la corde. Seulement, ils avaient été pris avec les autres. C'est la malchance.
â Que La Goutte soit au moins en uniforme et que Desgrais annonce qu'ils représentent la justice du roi. Ceux qui se rendront devront être épargnés.
â Et les domestiques ? intervint Richebourg.
â Ils logent au troisième étage, sous les combles. Ils ne sont certainement pas armés et ne nous gêneront pas.
â La porte des appartements de Mondreville, comment est-elle ?
â Je ne m'en souviens pas, mais je ne la crois pas ferrée.
â Il faudra l'enfoncer ou la faire sauter.
â Prévoyons donc deux mines.
â Qui y aura-t-il chez Mondreville ?
â Lui, son fils et quelques serviteurs. Tans pis pour ceux qui résisteront. Quant à Petit-Jacques, c'est-à -dire Bréval, il se trouvera chez lui, à Longnes. Peut-être devrions-nous le prendre avant ? suggéra Gaston.
â Non, quelqu'un pourrait alors prévenir Mondreville, ce qui gâcherait tout. Et, pour tout te dire, Petit-Jacques sera avec Mondreville, dit Louis.
â Comment peux-tu affirmer cela ?
*
Ils entendirent des voix dans l'antichambre. La Goutte et Desgrais arrivaient et saluaient Armande. Elle proposa à son mari de servir un repas venu d'une rôtisserie de la rue de la Verrerie.
â Je meurs de faim, reconnut Gaston, qui n'avait pas vu l'heure avancer.
Leur repas à la Grande
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