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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les frères Bouvier. Bien sûr, le notaire accepta, et Louis réunit les deux frères dans la salle commune, entre la cuisine et le grand vestibule de l'étude.
    Anciens soldats, Guillaume et Jacques Bouvier étaient entrés au service de M. Fronsac lorsque Louis n'avait que douze ans. À cette époque, l'étude ayant été attaquée par des bandits, le notaire avait engagé des gardes du corps. Comme ils n'étaient guère occupés, leur besogne consistait surtout à nettoyer la cour du fumier et du crottin des visiteurs. Désormais âgés et ventripotents, si les deux frères ressemblaient maintenant à de braves gardiens, en réalité, ils demeuraient d'effroyables brutes d'une impitoyable sauvagerie.
    Louis leur raconta l'histoire du vol de 1617, la mort des parents de Gaston et son récent emprisonnement. Il termina ainsi :
    â€” Son Éminence nous a promis un décret de prise de corps, aussi agirons-nous au nom du roi. Mais ce Mondreville et ses gens ne se laisseront pas saisir. Il y aura bataille et je comprendrais que vous ne vouliez pas venir. Bien sûr, c'est moi qui vous équiperai.
    â€” Vous plaisantez, monsieur ! protesta Guillaume. Nous nous rouillons ici ! Pour une fois qu'on pourra s'amuser ! Et puis, vous avez besoin de gardes du corps !
    Louis n'avait jamais douté de leur décision.
    â€” Venez demain après-midi chez monsieur de Tilly. Tous réunis, nous vous expliquerons le plan. Vous souperez là-bas et nous partirons après-demain à l'aube crevant. Voici cinquante écus. Ils sont pour louer des montures qui vous conviennent. Il y aura aussi du butin, après l'arrestation.
    *
    Le lendemain, Bauer arriva rue des Blancs-Manteaux après dîner. Le carrosse, conduit par Nicolas, débordait d'épées, pistolets, cuirasses, casques et brigandines. Le géant bavarois avait emporté l'équipement saisi aux cuirassiers du Württemberg ayant attaqué Mercy à la fin de l'hiver 1 . Les plastrons de fer et les cuirasses, tous doublés de cuir, étaient confortables. Il y avait aussi des tassettes pour protéger les jambes, des casques avec couvre-chefs et des épées de bonnes lames faites pour les coups de taille. Surtout, l'équipement noirci serait invisible la nuit.
    Germain Gaultier prévint Bauer que leur maître se trouvait chez Gaston. Le carrosse repartit pour la rue de la Verrerie où toutes les armes furent montées à l'étage.
    *
    Un peu plus tard, Charles de Baatz, seigneur d'Artagnan, se présenta au moment où les domestiques s'apprêtaient à dresser une grande table dans l'antichambre, les membres de l'expédition allant souper. D'Artagnan appartenait au cardinal depuis la dissolution du corps des mousquetaires de M. de Tréville. Homme de confiance du ministre, on le chargeait des dépêches importantes.
    Comme souvent, il était élégamment vêtu, non en bourgeois mais en gentilhomme de Cour, avec un pourpoint cramoisi piqueté d'un petit motif en fil d'argent, une chemise à grand col aux manchettes de dentelle garnies de nœuds de rubans, des culottes de drap portant des flots de galants rouges, des bas de soie et des souliers à talons et bouts carrés, ornés de nœuds. Il avait dû venir en carrosse, car il n'était pas crotté. Seule fausse note dans cette tenue raffinée : une rapière de duel suspendue à son baudrier brodé.
    â€” Monsieur de Tilly ! Monsieur le marquis ! s'exclama-t-il en les étreignant successivement dans une sincère brassée. Quel plaisir ! Quand Son Éminence m'a dit avoir à vous faire porter quelques papiers, je l'ai suppliée de me les confier tant j'avais hâte de vous revoir. D'ailleurs, les voici, dit-il en les sortant d'une poche du manteau porté sur ses épaules.
    Gaston les prit, tandis que Baatz humait l'air en caressant sa moustache en crocs.
    â€” Cela sent rudement bon chez vous, fit-il avec envie.
    â€” Pâté d'anguilles, bisque de pigeons et terrine de saumon au premier service, pieds de veau farcis et poulardes aux truffes au deuxième service, tourte d'agneau à la crème et truffes au court-bouillon au troisième ! s'exclama Bauer qui, arrivant de la cuisine, accola à son tour d'Artagnan.
    Pendant ce temps, Gaston lisait les documents remis par l'ancien

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