La malediction de la galigai
venant des tourelles du porche. Les sentinelles ne se montraient guère vigilantes. Quand un chien grogna, ou plutôt gémit, ils se figèrent jusqu'à ce que le râle cesse.
La Goutte les guida vers la porte d'entrée de la maison où les deux frères Bouvier attachèrent le petit baril de poudre au loquet. Pendant ce temps, La Goutte surveillait un chien qui continuait de gémir. Desgrais avait son arbalète prête si la bête s'approchait.
Quand la mèche fut installée au tonnelet, Guillaume Bouvier leur indiqua où se mettre à l'abri. Ils avaient tous, maintenant, sorti leurs armes. à peine la déflagration aurait-elle eu lieu qu'ils se précipiteraient dans l'escalier. Chacun savait ce qu'il avait à faire.
Protégé par ses compagnons de façon à rester invisible des sentinelles, Louis alluma les trois lanternes. Ensuite Guillaume enflamma une chandelle à l'une des bougies, puis mit le feu à la mèche courte.
Comme le leur avait ordonné Guillaume, ils avaient appuyé leurs mains sur leurs oreilles quand la déflagration retentit. Malgré cette précaution, Louis resta étourdi un instant. Bauer, qui avait l'habitude, s'était déjà élancé, suivi de Guillaume et de Jacques. Ensuite ce furent Gaston et Desgrais. Finalement, Fronsac bouscula La Goutte pour ne pas être dernier.
L'explosion passée, le silence revint un instant, jusqu'à ce que retentissent des cris d'alarme. Déjà Bauer atteignait le premier étage avec son canon à feu. Il devait y rester avec Desgrais.
Tandis que les autres montaient aux paliers supérieurs, le Bavarois s'installa tranquillement devant la porte et fit feu par deux fois. Ce n'était pas ce qui était prévu, car il devait demander la reddition des occupants avant d'agir, mais lui n'en avait cure. Il savait que, dans ce genre d'assaut, celui qui tirait le premier obtenait un avantage déterminant.
La porte déchiquetée, des hurlements retentirent de l'autre côté.
Desgrais lança :
â Je suis exempt de police ! La maison est investie par les troupes de l'Hôtel du roi. Restez où vous êtes ou vous perdrez la vie !
Il répéta l'avertissement trois fois et personne ne tenta de sortir. Il glissa alors ses pistolets dans son baudrier et sortit la baguette blanche que les exempts brandissaient dans les arrestations. Voyant la situation entre leurs mains, Bauer s'installa devant la cage d'escalier, se doutant que les deux sentinelles du pont-levis allaient arriver.
*
Gaston, Louis, Guillaume et Richebourg s'arrêtèrent au deuxième étage, tandis que La Goutte et Jacques montaient dans les combles s'occuper des domestiques.
Guillaume s'apprêtait à placer le second tonnelet de poudre quand résonnèrent des bruits de verrous. Brusquement la porte s'ouvrit et trois coups de pistolets retentirent, heureusement sans toucher personne.
Immédiatement après, Gaston donna un coup de botte dans le battant et se précipita dans la pièce, épée et pistolet en main.
C'était la salle où Mondreville l'avait reçu. Ãclairée d'un flambeau que l'on venait d'allumer, quatre hommes se tenaient devant lui, en chausses et chemise. Deux avaient pistolets et épée, les deux autres de grands coutelas.
Gaston ne les connaissait pas. Peu importait. Il tira sur le plus proche pistolet. Guillaume, derrière lui, fit feu presque simultanément. L'un des individus, atteint à l'Åil s'écroula. Tilly remarqua juste ses cheveux jaunes et sales. L'adversaire de Guillaume, chauve et édenté, fut touché au-dessous de l'épaule gauche et hurla, mais conserva sa lame à la main.
â Jetez vos armes ! leur cria Gaston qui n'avait utilisé qu'une balle du pistolet à quatre coups que Louis lui avait offert, quelques années plus tôt.
Il voulait éviter les morts pour interroger les prisonniers. Quant à Fronsac et Richebourg, ils avaient conservé leur puissance de feu.
â Je vous arrête au nom du roi ! poursuivit-il. (Il les abusait puisqu'un procureur ne pouvait procéder à une arrestation.)
à ce moment, se produisirent deux événements simultanés. Un nouveau tir du canon à feu de Bauer fit trembler la maison et la porte du fond s'ouvrit. Bréval, Mondreville et son fils surgirent, armés chacun d'un pistolet et d'une
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