La malediction de la galigai
n'auraient aucun mal s'ils se laissaient faire. Finalement il abandonna les prisonniers à la garde de Jacques et descendit aider ses compagnons.
Arrivé dans la salle du premier étage, il claironna :
â Nous sommes maîtres des domestiques !
Comme si ces paroles correspondaient à un signal, les épées des duellistes s'entrechoquèrent. Le jeune Mondreville avait lancé le premier assaut que Richebourg para facilement. Charles se lança aussitôt dans une série de battements appris par son maître d'armes, lui expliquant que c'était une façon imparable de faire perdre confiance à son adversaire. Richebourg recula et céda en se dégageant, cherchant seulement à jauger ce que valait le garçon.
Puis, il battit son fer deux ou trois fois dans de brèves attaques lui permettant de constater à quel point l'autre se révélait un piètre escrimeur. De plus, Charles avait une médiocre colichemarde quand Thibault avait le fer de sa famille, lame deux fois plus lourde. Jugeant pouvoir en finir rapidement, il conduisit plusieurs contre-pointes, égratignant chaque fois son adversaire afin de l'affaiblir. Mondreville recula peu à peu, se rapprochant de Bréval comme s'il cherchait sa protection. C'est alors que Richebourg en eut assez et se fendit pour lui percer le bras.
De façon inattendue, Bréval se jeta en avant, bousculant Charles pour s'interposer. Et ce fut lui qui reçut la lame dans la poitrine. Un flot de sang remontant dans sa gorge, il s'écroula sur le corps de l' Ãchafaud .
Richebourg, stupéfait, resta un moment désemparé, puis retira l'épée du corps du marchand de blé. Plus rapide, Mondreville s'était baissé et avait ramassé le pistolet à silex de Bréval. Il le saisit et le brandit vers Richebourg :
â Tu n'auras jamais Anaïs ! Meurs donc assassin !
Avant qu'il n'ait pu tirer, Tilly lui avait à son tour passé l'épée au travers des reins. Le garçon laissa tomber le pistolet et cracha un flot de sang. Il eut le temps de balbutier un dernier mot :
â Pèreâ¦
Et tomba sur l' Ãchafaud .
41
A u premier étage, tandis que Bauer attendait les sentinelles, la fumée du canon à feu se dissipa peu à peu et Desgrais découvrit le carnage. Quatre hommes perdant leur sang de multiples plaies gémissaient sur le pavé, atteints par la grenaille ou des échardes de bois. Un cinquième était déchiqueté. Les deux derniers, encore debout, paraissaient abasourdis.
L'exempt balaya la salle des yeux, meublée de deux immenses lits fermés par des portières à rideaux. Il y découvrit plusieurs coffres sur lesquels étaient entreposés des mousquets et des épées. Au milieu se dressait une table couverte de débris de flacons de vin. Au fond, une autre porte, fermée.
Soudain, une voix se fit entendre, provenant d'un des lits.
â Messieurs, je suis Gramucci. Ne me tirez pas dessus !
â Sortez sans crainte ! cria Desgrais.
Le cordelier sortit du lit par une portière.
â Si nous avions su votre présence, Bauer n'aurait jamais tiré ! s'excusa Desgrais.
â J'ai tout fait pour obtenir de dormir dans la pièce d'à côté, mais ils n'ont pas voulu, expliqua le cordelier. Ils sont encore quatre dedans.
â Peuvent-ils fuir ?
â à part sauter d'une fenêtre, non !
à cet instant, le canon à feu tonna. L'un des deux hommes debout se jeta à genoux et se mit à prier. Les blessés gémissaient.
â Monsieur Bauer attendait les sentinelles. Elles viennent d'arriver, paix à leur âme, fit Desgrais.
En effet, tout était terminé car le Bavarois entra.
â La place est à nous, annonça-t-il.
Avisant Gramucci en robe de moine, il demanda :
â C'est notre ami cordelier ?
â Bernardo Gramucci, se présenta l'ancien secrétaire de Concini. Vous êtes le fameux Bauer ? C'est avec ça que vous avez tiré ?
â Oui. Que fait-on de ces gueux ? Dois-je leur couper la gorge ?
â Pour l'instant, il s'agit de mes prisonniers, le calma Desgrais. Et il en reste quatre dans cette pièce.
â Ceux-là vont se rendre ! décida Bauer d'un air menaçant.
â Toi !
Il s'adressa à l'un des deux hommes
Weitere Kostenlose Bücher