La malediction de la galigai
valides :
â Va à la porte et raconte à tes amis ce qui est arrivé. Je leur laisse une minute, après je les transforme en hachis.
L'autre obéit pendant que Desgrais emmenait Gramucci vers le palier.
â Monsieur Fronsac est à l'étage supérieur, expliqua-t-il. Voulez-vous une arme ? Il y a eu échange de coups de feu, tout à l'heure.
â Donnez-moi ce que vous avez.
â Votre plan s'est déroulé parfaitement, ajouta Desgrais en tendant son épée. Tout le monde dormait quand nous sommes arrivés.
â Je leur avais dit que vous attaqueriez plus tard. à aucun moment, Petit-Jacques n'a cru que je lui mentais et la garde a été réduite au minimum ce soir afin que ses hommes puissent veiller la nuit prochaine ! sourit le cordelier. Voici le genre de stratagème qui fait gagner une bataille !
*
à peine Charles Mondreville et Bréval tombés, Louis s'était précipité vers la porte de la chambre, entraînant La Goutte avec lui.
â Il en reste un autre de l'autre côté !
Il tenta d'ouvrir, mais la serrure était verrouillée.
Gaston était resté un instant désemparé devant les corps de Bréval et de Charles Mondreville dont il n'avait pas souhaité la mort, mais son émotion ne dura guère.
â Richebourg, aidez-moi ! Prenons ce meuble pour enfoncer la porte !
Aussitôt dit, ils se saisirent d'un lourd banc de chêne, tandis que Guillaume surveillait les prisonniers. Avec La Goutte et Louis en renfort, les gonds furent arrachés en quelques coups.
â Attention ! Mondreville est armé, cria Tilly, s'écartant de l'ouverture.
Mais il n'y eut aucun coup de feu. Fronsac s'empara de la lanterne et la fit glisser sur le sol de la chambre. Illuminée, la pièce parut vide.
Gaston prit le flambeau et s'avança le premier. La fenêtre et le volet étant ouverts, un vent glacial entrait dans les lieux.
â Fouillons, dit Gaston, et surtout sous le lit. C'est un piège bien connu de laisser une fenêtre ouverte pour faire croire qu'on est sorti par là . Richebourg, gardez la porte !
Seulement Mondreville ne se trouvait nulle part. Louis s'approcha de la fenêtre. La lune voilée par un nuage, on ne voyait rien, mais il se souvint des gerbes entassées. Seule explication : Mondreville connaissait l'existence du tas et avait sauté dedans. Soit il était loin, soit il était mort.
â Comment a-t-il osé faire ça ? s'énerva Gaston en comprenant que l'assassin de ses parents avait fui en sautant de plus de quatre toises 1 .
â Il est peut-être mort, les membres brisés, remarqua Louis.
â Tu as raison. La Goutte, va avec Guillaume, prenez des lanternes et cherchez-le. Mais avant, rechargez vos pistolets, il est dangereux. Prévenez aussi Nicolas et ramenez les carrosses.
Quand ils revinrent dans la pièce, Gramucci administrait les derniers sacrements à Bréval. Le fils Mondreville était déjà ad patres .
Desgrais se tenait là aussi, Bauer ayant enfermé les archers de Mondreville avant de partir avec La Goutte et Guillaume.
â Le talent de sorcière de la Galigaï était usurpé ! ricana un Tilly d'humeur morose maintenant que l'assassin de ses parents lui avait échappé. Mondreville a fui et Charles, la chair de sa chair, n'est pas mort sur l'échafaudâ¦
Il s'arrêta, prenant brusquement conscience du nom du brigand.
â ⦠L' Ãchafaud ⦠balbutia-t-il.
En même temps, il écarquillait les yeux en considérant Bréval en train d'agoniser. Fronsac s'était déjà approché du négociant.
â Vous n'êtes pas Petit-Jacques, n'est-ce pas ?
â Non.
â Mais qui est-il, alors ? s'étonna Gaston.
â Tu ne devines pas ? La malédiction aurait dû te mettre sur la voie : c'est lui, le vrai Mondreville.
Un frisson glacial parcourut Tilly.
â Vous aviez deviné ? demanda Bréval dans un sourire déjà figé par la mort.
â Depuis longtemps. Vous aimiez trop le fils Mondreville, dont le père ne paraissait guère s'occuper. Il était votre fils, c'est ça ?
â Oui.
â Pourquoi avez-vous interverti vos noms ?
Bréval fermant les yeux, ils crurent un instant qu'il était
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