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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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une moustache et une barbe en pointe comme c'était la mode. Malgré son air hautain, il dégageait beaucoup de grâce et son regard était vif et profond.
    â€” Je l'ignore, monseigneur ! répondit Petit-Jacques, écartant les mains en une expression stupide. Pour tout vous dire, j'ai d'abord refusé, mais il m'a remis un écu en affirmant que c'était important, qu'il s'agissait d'une lettre de Mgr le duc de Sully au roi, qu'il ne pouvait la porter, car il devait quitter Paris immédiatement.
    â€” Montre ! ordonna le gentilhomme, en fronçant le front.
    Petit-Jacques sortit le courrier écrit par Mondreville.
    â€” Il n'y a pas le cachet du duc ! remarqua le gentilhomme en la retournant entre ses mains.
    â€” Je ne sais rien d'autre, monseigneur, mais je comprends que ma requête vous embarrasse.
    Il fit un geste pour reprendre le pli en précisant :
    â€” Je vais demander à ces messieurs italiens, ils connaissent certainement Sa Majesté.
    â€” Non ! Je la porterai ! se ravisa l'inconnu.
    Petit-Jacques le remercia en s'inclinant et repartit satisfait.
    *
    Par un hasard étonnant, le noble seigneur ayant remarqué l'absence du cachet du duc s'appelait Charles d'Albert. Seigneur de Luynes, il était au service du jeune roi et s'occupait de ses faucons.
    Ã€ la mort de son père, Louis XIII s'était retrouvé seul. Sa mère ne lui marquait aucune tendresse et il n'avait aucun ami. Or seul Charles d'Albert, qui l'approchait chaque jour, s'était pris d'affection pour l'enfant. Il lui avait appris à chasser, lui donnait des conseils et écoutait ses plaintes. Au fil du temps, le fauconnier était devenu le père que Louis XIII avait perdu.
    Le jeune roi, tenant à lui marquer sa gratitude, avait obtenu que Charles d'Albert, qu'on appelait familièrement Luynes, du nom de sa seigneurie familiale, soit fait conseiller d'État et gentilhomme ordinaire de sa chambre. Depuis un an, il était aussi grand fauconnier de France, gouverneur d'Amboise et capitaine du château des Tuileries où il logeait.
    Comme il devait retrouver le souverain afin de préparer une chasse, Luynes se dirigea vers ses appartements, au premier étage du Louvre. Louis le Treizième s'y trouvait avec son maître de danse. Le fauconnier éloigna les domestiques et proposa au jeune roi de l'accompagner dans une embrasure de fenêtre où il lui remit la lettre, lui racontant dans quelles circonstances il l'avait obtenue.
    C'étaient deux feuillets, non signés ni cachetés, mais le roi reconnut immédiatement l'écriture du duc de Sully dont il avait reçu une lettre la veille. Dans cette dernière, le vieil ami de son père lui annonçait l'arrivée d'un prévôt qui aurait d'importantes révélations à lui faire. Or, ce prévôt n'était pas venu, mais peut-être cette mystérieuse missive remplaçait-elle sa visite.
    *
    Le premier feuillet était une mise en garde contre les époux Concini. Sully y fustigeait l'excessive et inouïe élévation d'une maraude étrangère, les aventuriers parvenus après turpitudes et vilenies… un homme et une femme qui ont tellement corrompu… par l'entière disposition qu'ils ont de toutes les charges et trésors de France, qu'il ne leur manque plus, pour se voir en réelle possession de la royauté, que le titre, à quoi ils sont aspirants. La lettre suggérait que la fortune déjà rapinée était suffisante pour qu'ils lèvent une armée et saisissent le Louvre.
    Le second feuillet se révélait plus effroyable encore. On y décrivait, avec un luxe de détails, comment les gens du maréchal d'Ancre s'étaient emparés de la recette des tailles de Normandie – un million de livres –, somme qui leur permettrait de lever cette armée. Il y était précisé qu'un prévôt nommé Tilly enquêtait sur ce vol et aurait dû venir au Louvre, mais qu'il venait d'être assassiné par le maréchal d'Ancre.
    La lecture glaça le roi. Car, depuis plusieurs mois, Louis XIII tremblait. Majeur, il était en droit de gouverner et de diriger le Conseil, mais lorsqu'il en avait fait la demande – à l'instigation de ses amis –, le maréchal d'Ancre avait été en proie à une fureur indicible. Menaçant, il s'était fait

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