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La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Mondreville. Un office de secrétaire du roi peut s'acheter à moins de trente mille livres et confère la noblesse, même si elle n'est pas transmissible.
    â€” Tu vas tout dilapider pour passer dans un état qui n'est pas le tien !
    â€” Et toi ? Ne risques-tu pas de tout perdre en jouant au négociant alors que tu n'es qu'un voleur ?
    Ils éclatèrent du rire joyeux de ceux qui voient un avenir radieux s'ouvrir devant eux.
    En rentrant au Cheval d'Airain , Mondreville acheta un chapeau de castor qui lui plaisait ainsi qu'un manteau au col de martre. Il les fit porter à leur auberge par un valet. Petit-Jacques préféra s'offrir un de ces nouveaux pistolets à silex à deux coups qui coûtaient une fortune et qu'il glissa sous son pourpoint.
    Alors qu'ils arrivaient sur le pont Neuf, ils aperçurent des laquais venant de l'Université. Les premiers tiraient un corps encordé. Une horde innombrable suivait, d'où retentissaient des huées et des clameurs obscènes dans lesquelles apparaissaient les noms de la reine mère et de Concini. La populace s'arrêta devant la statue du cheval de bronze d'Henri IV.
    Comme d'autres badauds, Petit-Jacques et Mondreville s'approchèrent et parvinrent jusqu'au corps qu'on s'apprêtait à pendre par les pieds à une potence. Mondreville reconnut à peine le visage du maréchal d'Ancre. Quant au corps, ce n'était qu'une plaie. Interrogeant autour d'eux, ils apprirent que, la veille, le cadavre de Concini, roulé dans une nappe, avait été enseveli à la hâte sous une dalle de l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois. L'inhumation s'était vite sue et cette mise en terre consacrée avait provoqué la colère de la populace qui, aux cris de «  Sortez coyon  ! », avait déterré la dépouille pour la jeter à la voirie. Finalement, quelques centaines de personnes l'avaient traînée au pont Neuf. Là, le corps du maréchal d'Ancre avait été pendu par les pieds à l'une des potences qu'il avait fait dresser pour effrayer ceux osant prendre le parti des princes. Ensuite, la multitude ayant grossi, les plus acharnés avaient détaché le cadavre pour le traîner par le cou, dans la boue, jusqu'à la place de Grève. Prévenus, le prévôt et des archers du Châtelet avaient bien tenté d'intervenir mais s'étaient vus chassés par une masse de gueux auxquels s'étaient joints des bourgeois, des femmes et des enfants. La procession était ensuite allée à la Bastille, où le favori de la reine avait fait enfermer le prince de Condé, puis rue de Tournon devant son hôtel. La populace avait ainsi copié les sinistres étapes que l'on imposait aux criminels en les conduisant, avant leur exécution, sur les lieux de leurs crimes afin qu'ils fassent amende honorable.
    La troupe revenait maintenant de la rive gauche quand celui qui commandait le cortège – un ancien laquais de Concini ! – cria à la foule :
    â€” Il faut que tous ses membres et sa turpitude paraissent à nu !
    Des gueux arrachèrent au corps ses derniers vêtements et, sortant des couteaux, commencèrent les mutilations. Concini fut d'abord essorillé, comme les voleurs, puis on lui coupa les mains. Accusé d'avoir séduit la reine, on tailla son nez pour le défigurer. Ses pieds furent tranchés pour qu'il ne puisse plus fuir le danger comme il l'avait réussi plusieurs fois. Enfin, on l'émascula.
    Les spectateurs, curieux, étaient de plus en plus nombreux. Le pont Neuf regorgeait d'une badautaille se bousculant pour mieux voir. Les carrosses et les cavaliers ne pouvaient plus passer, sauf à crier «  Vive le roi !  », ce qui leur ouvrait un petit passage. Les bouchers, qui avaient détranché le corps, faisaient maintenant la quête, exigeant quelques sols pour leur travail. Au bout d'une heure, ils transportèrent les restes du favori à la rue de l'Arbre-Sec. Là, les forcenés décidèrent de reproduire les tortures de l'enfer. On alluma un feu et, ayant découpé des morceaux du cadavre, on les fit rôtir. Sous les vivats et les applaudissements des spectateurs, des forcenés mangèrent même les viscères et le cœur.
    Un homme, qui priait dans Saint-Germain-l'Auxerrois lorsque la foule était venue chercher le corps de Concini,

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