La malediction de la galigai
permettait d'atteindre l'entrée située au premier étage, un passage ogival fermé d'une porte bardée de plaques de fer tenues par de gros clous carrés.
En descendant de voiture, le prévôt expliqua à Louis :
â Le bas des tours est très humide et souvent inondé. Aussi les salles basses sont-elles louées comme cachots pour des seigneurs hauts justiciers.
Il désigna celle de gauche :
â C'est dans celle-ci que Mondreville loue le sien à la vicomté.
Le cÅur battant en songeant que Gaston se trouvait derrière le mur, Louis s'avança. La seule ouverture était une longue meurtrière obstruée par une pièce de bois. Il cria :
â Gaston ! C'est Louis ! Je viens te sortir d'ici !
Dans un long grincement, la porte de l'étage s'ouvrit, découvrant un individu en habit sombre accompagné d'un mousquetaire en casaque.
â Monsieur le prévôt ! Quelle surprise ! fit l'homme en habit, descendant les marches avec précaution.
De petite taille, avec un visage fripé et une chevelure clairsemée, il considéra un instant Fronsac, le regard interrogatif, puis haussa un sourcil inquiet en découvrant Bauer descendant de son cheval monstrueux dans un bringuebalement de ferraille.
â Monsieur Moussel, monsieur le vicomte m'envoie : voici un ordre de libération d'un prisonnier, fit le prévôt.
â Je n'ai aucun prisonnier de monsieur le vicomte ! s'étonna le concierge.
â Qui parle du vicomte ? Je viens chercher le prisonnier de monsieur Mondreville.
â Ah !
Le visage du concierge se rembrunit. Il prit la lettre, l'ouvrit, sortit des bésicles d'une de ses poches et la lut.
â C'est très inhabituel, fit-il, embarrassé. Monsieur Mondreville le sait-il ?
â Peu importe. Conduisez-nous !
â Bien⦠Si ce sont les ordres de monsieur le vicomte⦠Venez avec moi, proposa le concierge, après une ultime hésitation.
Ils montèrent les marches de bois et franchirent le passage à la porte de fer. Derrière se déroulait un escalier en colimaçon pris dans la muraille, sombre et très étroit avec de hautes marches. Fronsac dut baisser la tête pour ne pas se cogner. Bauer devait se douter qu'il aurait du mal à passer, car il resta dehors.
Ils débouchèrent dans une vaste salle d'armes, voûtée par une croisée d'ogives. La pièce était à peine éclairée d'archères, son sol se résumait à un plancher, mais il y avait une belle cheminée.
Dans cette pièce, simplement meublée de coffres, d'une table et d'un dressoir, se trouvaient trois portes communiquant avec les tours, la quatrième n'étant qu'un escalier conduisant à la plate-forme supérieure. Le concierge se dirigea vers l'une d'elles, fermée d'un énorme verrou avec cadenas.
â C'est le cachot loué par monsieur Mondreville, expliqua le prévôt à Louis.
Le concierge sortit une clef et fit tourner le mécanisme du verrou qu'il ôta. à peine la porte était-elle ouverte que Louis s'engouffra dans l'escalier. Une faible luminosité provenant d'une archère permettait à peine d'y voir.
â Gaston ! cria-t-il le cÅur battant.
â Louis ? répondit une voix assourdie.
Gaston se trouvait bien là . Louis le découvrit sur la paille souillée d'un minuscule cachot. Malgré sa barbe rousse pleine de poux, il se jeta dans les bras de son ami qu'il serra un long moment, tant il était ému et soulagé.
â Seigneur ! balbutia-t-il.
â Sortons d'ici ! dit enfin Louis.
Mais il n'avait pas vu que Gaston était enchaîné. Un anneau à la cheville lui laissait à peine la possibilité de faire quelques pas pour se soulager dans un pot.
â Laissez-moi ôter les fers, grommela le concierge, entré à son tour.
S'accroupissant, il ouvrit le cadenas qui fermait l'anneau.
Gaston le repoussa avec brusquerie et s'engouffra dans l'escalier, Louis derrière lui, prêt à l'aider, car il avait vu son ami chanceler.
Ils débouchèrent dans la salle des gardes.
â Voilà monsieur de Tilly, procureur à la prévôté de l'Hôtel du roi, fit Louis en désignant son ami au prévôt et à son fils.
â Langlois, prévôt de
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