Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La malediction de la galigai

La malediction de la galigai

Titel: La malediction de la galigai Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
monsieur le vicomte, monsieur.
    â€” Je vais prévenir monsieur le prévôt, décida l'homme âgé.
    Il entra en boitillant légèrement.
    Louis bouillait, s'inquiétant de ce que préparait Mondreville. Peut-être était-il déjà en route pour extraire Gaston du château des Tourelles et l'emprisonner ailleurs. Fronsac hésitait à envoyer Bauer là-bas quand quelqu'un sortit de la salle. Dans la soixantaine, vêtu d'un pourpoint gris à taille haute, en camelot de Hollande, le nouveau venu affichait le regard distant de celui qui ne croit plus à grand-chose. Il était accompagné d'un jeune homme lui ressemblant beaucoup et portant épée.
    â€” Je suis Jacques Langlois, prévôt de cette ville, fit le premier d'une voix chuintante. Voici mon fils Pierre, qui a la survivance de ma charge. Que voulez-vous, monsieur ?
    â€” Pouvons-nous faire quelques pas, monsieur le prévôt ?
    L'autre hocha la tête. Sous les regards déçus et curieux, ils s'éloignèrent des oreilles indiscrètes.
    â€” Mon nom est Louis Fronsac. Je suis chevalier de Saint-Michel. Monsieur (il désigna Bauer) a été l'ordonnance de Monsieur le Prince. Je viens d'apprendre que vous détenez secrètement, dans les cachots du château des Tourelles, monsieur Gaston de Tilly, procureur à la prévôté de l'Hôtel du roi. Monsieur de Tilly est un magistrat on ne peut plus proche de monsieur le chancelier, et fort apprécié de Sa Majesté la régente et de Mgr Mazarin. Vous n'ignorez pas qu'une telle détention est un crime de lèse-majesté, avec toutes les conséquences que cela pourrait impliquer pour vous, pour monsieur le vicomte et pour la ville de Vernon comme ses habitants.
    â€” Monsieur de Tilly ? s'étonna le prévôt. Gaston de Tilly ?
    â€” Le connaissez-vous ?
    â€” J'ai connu son père, Louis de Tilly. La dernière fois que je l'ai vu, c'était ici, justement. Louis était un gentilhomme que je tenais en grande estime. Sur mon honneur, je puis vous assurer que son fils n'est pas prisonnier ici.
    â€” D'où tenez-vous vos affirmations, monsieur ? lança dubitativement le fils du prévôt à Fronsac.
    C'était un homme dans la trentaine, au visage carré et énergique.
    â€” Le fils de monsieur Mondreville vient de me l'avouer il y a à peine une couple d'heures. Son père, pour des raisons que j'ignore, a saisi monsieur de Tilly et l'a enfermé voici près de deux semaines dans un cachot du château des Tourelles.
    â€” Je comprends mieux, chuinta le prévôt en hochant la tête. Monsieur Mondreville loue effectivement un cachot aux Tourelles, pour sa propre seigneurie. Mais ce que vous m'apprenez est fort ennuyeux. Car le prévôt Mondreville est un proche de monsieur le duc de Longueville… Cela aurait-il un rapport avec les troubles ?
    â€” Non, monsieur. Je pense qu'il s'agit d'une affaire familiale.
    â€” Nous allons tirer cela au clair. Laissez-moi vous conduire auprès de monsieur le vicomte. Les prisons de la ville sont ici, mais je n'ai aucune autorité sur les Tourelles, qui dépendent de monsieur le marquis de Blaru. Cependant monsieur Le Normand pourra vous remettre un ordre de libération. Ensuite, je réglerai cette affaire avec monsieur Mondreville, bien que sa seigneurie dépende de la vicomté de Mantes.
    Sous les regards intrigués des curieux, ils revinrent vers la grande salle. Louis entra avec le prévôt et son fils, laissant Bauer et Nicolas dehors.
    *
    Malgré sa haute charpente, il régnait une chaleur insupportable dans la salle du jeu de paume qui disposait seulement de minuscules fenêtres du côté de la cour. Les murs avaient été décorés de tapisseries normandes. Un lustre rond, en fer, portait quelques dizaines de bougies. Des valets distribuaient verres de vin et petits pâtés posés sur des guéridons. Sur une estrade, quatre musiciens jouaient de la viole et du luth.
    Dans l'assistance, nombreuse et bruyante, les éclats de voix fusaient, parfois pleins de colère et de ressentiment. Beaucoup de magistrats s'inquiétaient de leur prochain retour à Rouen. Par contre, les femmes, pour la plupart habillées de ces jupes droites avec busc et collets de dentelles que l'on appelait des modestes

Weitere Kostenlose Bücher