La malédiction des templiers
respirant profondément afin de faire baisser son rythme cardiaque, s’essuyant le front.
Simmons leva les yeux vers lui, haletant. Les mouvements de ses mains s’accélérèrent encore, frénétiques.
Rien à faire. Le tissu était trop solide.
— Inutile de vous obstiner ! lui cria Zahed. C’est de la toile à voile. En kevlar. Impossible de la couper. Pas avec ça, en tout cas.
Simmons lui jeta un regard furieux, la sueur dégoulinant sur son visage, une lueur d’affolement au fond des yeux. Il se laissa brusquement tomber à genoux, essayant désespérément de trancher le tissu avec des efforts décuplés.
— Et d’ailleurs, vous savez quoi ? lança Zahed en tirant son téléphone du sac à dos et en le regardant d’un air entendu avant de le tendre en direction de l’archéologue, sachant pertinemment que ce dernier était trop éloigné pour distinguer ce qu’il y avait sur l’écran, mais appréciant fort sa petite plaisanterie. J’ai de nouveau du réseau.
Simmons le regarda, hors d’haleine, les traits déformés par l’épuisement et la détresse.
— A vous de voir, reprit Zahed. Vous voulez rester en vie, ou vous êtes prêt à passer l’arme à gauche ?
L’archéologue ferma les yeux et s’immobilisa. Puis il lâcha son couteau, qui tomba en cliquetant sur les cailloux. Sans ouvrir les yeux, il demeura pétrifié, effondré, tête basse, menton rentré dans la poitrine, bras serrés autour de lui, tremblant de tout son corps.
— Ça c’est un bon garçon, fit Zahed en s’approchant de lui.
Il le fixa un moment, tel un torero dominant sa victime résignée, puis il tendit le bras en arrière et, du revers de la main, asséna à Simmons une gifle magistrale, qui le souleva de terre et l’envoya bouler un peu plus loin.
30
— Ici Hawk Command. Repli dans un peu moins de trente minutes.
La voix du contrôleur du drone retentit dans l’oreillette de Reilly avec une clarté qui aurait pu faire oublier que l’homme aux commandes était confortablement installé à quelques milliers de kilomètres de là, dans les vertes collines de la Californie du Nord. Cette annonce n’avait rien de surprenant : le drone avait survolé la zone toute la nuit. Il jouissait d’une autonomie considérable, mais pas illimitée, et le bel oiseau avait encore de longues heures de vol à couvrir avant de rejoindre son nid.
Reilly fronça les sourcils.
— Bien reçu. Attendez une seconde, fit-il en levant les yeux des deux petits points orange sur l’écran de son ordinateur portable pour consulter du regard le chef du commando, un colosse blotti dans un coin à quelques mètres d’Ertugrul et lui. Combien de temps avant l’assaut ? lui demanda-t-il à voix basse, par précaution.
Le capitaine Musa Keskin, de l’Ozel Tim, la section des forces spéciales de la gendarmerie turque, consulta sa montre et leva les yeux vers le ciel nocturne. L’aube n’allait pas tarder. Le soleil devrait franchir le sommet de la majestueuse montagne qui leur faisait face avant qu’ils puissent le voir, mais son éclat illuminerait les environs bien avant. De la tête, Keskin fit signe à Reilly qu’on y était presque, puis lui montra sa main doigts écartés – le signal qu’il restait environ cinq minutes – avant de se tourner vers ses hommes et de leur adresser le même geste.
Reilly fit signe qu’il avait compris avant de dire au contrôleur :
— On y va dans cinq minutes.
— Bien reçu. Bonne chance, fit la voix. On restera en veille.
Reilly eut un frisson d’appréhension. S’ils se trouvaient ici, c’était davantage faute d’autre option que par conviction d’être au bon endroit. Avant le coucher du soleil, le drone avait repéré un véhicule correspondant à la description et à la couleur d’une voiture signalée comme volée, la veille, à Istanbul. Et, ce qui avait son importance, il n’avait remarqué dans la zone surveillée aucun autre véhicule correspondant à l’un de ceux figurant sur leur liste. La nature du terrain, très accidenté, n’avait pas permis au drone de zoomer sur les plaques d’immatriculation de la voiture, ce qui aurait permis de confirmer ou non qu’il s’agissait bien de celle qu’ils recherchaient, mais le véhicule, une Land Rover Discovery de couleur noire, était garé à côté d’un autre 4 × 4 au pied du volcan, dans une zone que ne fréquentaient guère les amateurs d’escalade et à l’intérieur du quadrant
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