La malédiction des templiers
reconnaître. Capable de distordre un tout petit peu la vérité afin de conserver un léger avantage. Mais c’était là son domaine d’expertise à lui, pas à elle. Par ailleurs, compte tenu des exigences, de l’urgence de la situation, et de ce qui était immédiatement réalisable, l’Iranien savait qu’il y avait beaucoup plus de chances qu’ils aient mobilisé un drone d’observation sans pilote qu’un satellite.
Et, de fait, il le repéra assez vite, petit point croisant haut dans le ciel virginal de ce tout début de journée, suivant le moindre de ses mouvements. Il volait à une altitude élevée mais, avec l’envergure d’un Boeing 737, il n’était pas exactement invisible. Il le suivit des yeux d’un air renfrogné, étudiant sa trajectoire. Echapper à sa surveillance ne serait pas une mince affaire, surtout avec une prisonnière en remorque.
Ce qu’il vit ensuite était nettement moins prévisible : le drone se lança dans une longue manœuvre, opérant un virage avant de glisser en silence en direction de l’est, vers la montagne. Zahed le suivit des yeux jusqu’à le perdre de vue, puis se remit à scruter le ciel, à l’affût d’un autre point lumineux.
Rien.
L’Iranien sourit intérieurement. Le drone avait sans doute atteint la limite de son autonomie de vol, et ses adversaires n’avaient probablement pas prévu qu’ils auraient besoin de faire appel à un engin de remplacement pour poursuivre la mission. Il resta là dix minutes encore, juste à la limite des arbres, observant le ciel avec la plus grande attention, s’assurant qu’un second drone ne prenait pas le relais du premier. Une fois quasi sûr que ce n’était pas le cas, il sortit son téléphone portable de sa poche et pressa à deux reprises la touche d’appel, recomposant automatiquement le dernier numéro appelé. Un numéro qu’il avait pris sur l’appareil de Sully.
Une voix ensommeillée répondit au bout de deux sonneries.
— Abdülkerim ? fit-il avec affabilité. Bonjour, ici Ali Sharafi, le client de Suleyman. Je vous ai eu au téléphone hier soir, vous vous rappelez ?
Abdülkerim, l’oncle de Sully, cet expert que le guide lui avait proposé de contacter alors qu’ils exploraient les ruines du monastère, avait à l’évidence été tiré de son lit. Après quelques secondes de silence, il sembla enfin avoir enregistré ce que venait de lui dire son correspondant.
— Bien sûr, dit-il d’une voix traînante, à l’évidence surpris par cet appel matinal. Bonjour à vous.
— Désolé de vous déranger à cette heure indue, poursuivit Zahed, mais nous avons modifié nos plans depuis hier soir et nous sommes arrivés plus tôt que prévu. J’espérais que nous pourrions nous rencontrer rapidement, dans l’heure qui suit si cela vous convient. Histoire de ne pas perdre de temps. La durée de notre séjour ici est malheureusement limitée et en fait, pour nous, plus tôt nous nous y mettrons, mieux cela vaudra.
Abdülkerim toussota avant de répondre :
— Bien sûr, bien sûr. Pas de problème. Autant démarrer tôt, en effet. Le soleil sera moins cuisant.
— Parfait, fit Zahed. A tout de suite, donc. Et merci de vous montrer aussi arrangeant.
Il nota l’heure et l’endroit de leur rendez-vous et raccrocha, satisfait. Puis il retourna vers la voiture et jeta un coup d’œil à l’intérieur par la vitre arrière. Il distingua la silhouette de Tess, plus précisément sa nuque. Sa bonne humeur s’envola. Il lui restait quelque chose d’autre à faire.
Soulevant le hayon de la Land Rover, il pêcha un objet dans le coffre avant de le refermer avec un claquement sec, puis contourna la voiture pour aller ouvrir la portière côté passager.
— Sortez, ordonna-t-il.
Tess le regarda un moment, surprise, et s’exécuta. Elle resta debout devant lui, silencieuse. Il se contenta de la fixer, sans dire un mot puis, à la vitesse de l’éclair, sa main vola et lui administra une gifle d’une violence inouïe.
Sous l’impact, la tête de la jeune femme tourna violemment, l’entraînant dans une chute inévitable. Tess resta au sol, comme clouée, muette. Au bout d’un moment, elle finit par se relever et, frottant ses mains l’une contre l’autre pour se débarrasser de la terre qui les souillait, elle se tourna vers lui. Ses yeux étaient pleins de larmes, mais elle le défiait du regard. Sa joue était marbrée de rouge, la main et les doigts de son ravisseur
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