La malédiction des templiers
y a d’autres victimes. Ça va mal. Très mal. On va avoir besoin d’appareils d’évacuation sanitaire. Et le plus tôt possible.
— Bien reçu. Restez en contact, fit le contrôleur. Je vais vous passer mon supérieur.
— Attendez, l’interrompit Reilly. L’oiseau, il est toujours là ?
— Affirmatif. Repli dans sept minutes.
Reilly ferma les yeux, avec force, essayant d’oublier la scène de carnage alentour et de se concentrer sur les initiatives à prendre sans délai.
— Le véhicule de la cible ? Vous l’avez suivi ?
— Affirmatif. Il s’est mis à descendre juste après l’explosion. Qu’est-ce que c’était ?
Reilly savait que la déflagration avait été enregistrée par les détecteurs à infrarouges du drone sous la forme d’un gros éclair, mais il choisit d’ignorer la question.
— Et après ? Il est allé où ?
— Il a rejoint le détachement qui se trouvait un peu plus bas et a semble-t-il heurté un des Humvees. Une seule personne en est sortie. Nous supposons qu’il s’agit de votre cible, correct ?
Reilly sentit ses entrailles se nouer.
— Et après ?
— Apparemment un échange de tirs. Et ensuite du mouvement. Trois des nôtres seraient restés au tapis.
Le nœud se resserra encore tandis que son cerveau battait la campagne, essayant de se rappeler combien d’hommes étaient restés avec Tess.
— Trois ? Vous en êtes sûr ?
— Affirmatif. Puis deux silhouettes sont remontées dans le véhicule de la cible, qui est reparti.
Deux silhouettes . Le cœur de Reilly eut un raté.
— Et maintenant, où se trouve-t-il ?
— Restez en ligne, dit la voix avant de reprendre, quelques secondes plus tard : A quatre kilomètres environ au sud de votre position, il se dirige vers une ville appelée Cayirozu.
— Essayez de suivre sa trace le plus longtemps possible. Je crois que notre cible a pris Tess Chaykin avec lui et…
Le contrôleur l’interrompit et annonça, de sa voix lointaine et mécanique :
— Repli dans moins de cinq…
— Restez sur eux, vous m’entendez ! explosa Reilly. Surtout ne les perdez pas. Contactez l’état-major de la Jandarma et informez-les de leur position. Je quitte les lieux.
Ses doigts trouvèrent enfin l’émetteur d’Ertugrul, qu’il empocha et, après un dernier hommage silencieux à son collègue, il se releva et se lança dans la descente du sentier muletier.
A Beale, Reilly ne l’ignorait pas, on allait rapidement perdre le contact avec la Land Rover. Autrement dit, dès que le drone aurait été contraint d’arrêter sa surveillance pour rejoindre sa base, au Qatar, avant d’être à court de carburant. Personne en Californie ne donnerait l’autorisation de laisser s’écraser un appareil d’une valeur de plusieurs millions de dollars représentant le dernier cri, top secret qui plus est, de la haute technologie, juste pour continuer à suivre la cible de Reilly. Même avec la meilleure volonté du monde, il faudrait attendre un bon moment avant que les autorités acceptent d’affecter un nouveau drone à cette mission. D’ici là, la Land Rover aurait disparu depuis longtemps, et Tess avec elle.
Inutile de penser à ça pour le moment.
Mieux valait se concentrer sur l’interminable descente qui l’attendait, dans une quasi-obscurité, sur ce sentier semé d’embûches, avec des jambes qui le soutenaient à peine.
Il lui fallut vingt minutes pour atteindre la clairière où il avait laissé Tess. Les premières lueurs du jour pointaient derrière les montagnes, colorant les environs de douces nuances mordorées. Le spectacle qui l’attendait n’avait toutefois aucun rapport avec cette atmosphère agreste. Trois paracommandos sur le carreau. Trois véhicules inutilisables. Et aucun signe de Tess.
Il s’adossa au Humvee près duquel il l’avait vue pour la dernière fois et reprit haleine. La Jandarma avait probablement envoyé des renforts mais, même déjà en route, il leur faudrait du temps pour arriver. Il devait prendre une décision quant à la suite des événements. S’il restait à les attendre, il se retrouverait plus que probablement embringué dans un redoutable bras de fer juridique et mis sur la touche : le massacre mettrait très certainement les Turcs hors d’eux, et ils ne souhaiteraient sans doute pas avoir dans les pattes un étranger susceptible de se mêler de leur chasse à l’homme. Le problème de la langue était également à prendre
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