La malédiction des templiers
monastère. Ils devaient l’avoir avec eux. Qu’est-ce qui a pu leur arriver à cet endroit ? Comment sont-ils morts ? Et qui les a enterrés ? Qui a gravé leurs noms dans la roche ?
— Ça a de l’importance ? rétorqua Tess.
— Bien sûr. Parce que la piste ne s’arrête pas là. Quelqu’un a quitté cet endroit après ce qui s’y est déroulé. Nous devons absolument savoir de qui il s’agissait.
Abdülkerim paraissait totalement dépassé.
— Que voulez-vous dire par « ils devaient l’avoir avec eux » ? Je crois qu’on cherche seulement ces tombes. Que savez-vous de plus sur ces chevaliers ?
La jeune femme continua d’ignorer les questions du Turc.
— Mais comment faire ? lança-t-elle à l’Iranien. Ils sont morts il y a sept cents ans, bon sang ! Et tout ce dont nous disposons, ce sont ces marques sur cette paroi. Rien de plus. Comment pourrions-nous aller de l’avant sur la base de ces seules données ? Il n’y a rien dans le Registre des Templiers, rien dans le journal de l’inquisiteur. Nous sommes dans une impasse.
L’Iranien fit la moue, retournant cette conclusion dans sa tête.
— Mais non, absolument pas, dit-il enfin. Nous ne savons pas ce qui, ou qui, est enterré là. Et tant que nous l’ignorons, nous ne sommes pas au bout de notre quête. Nous devons les exhumer, conclut-il d’un ton décidé. D’après tout ce qu’on sait, il aurait très bien pu être enterré avec eux.
A cette idée, Tess sentit son cœur chavirer. L’homme manifestait plus que de l’entêtement : une véritable obsession.
Le spécialiste de Byzance ouvrit lui aussi de grands yeux :
— Les exhumer ? Nous ?
Zahed se tourna vers lui, les yeux durs.
— Pourquoi ? Ça vous pose un problème ?
— Non, bien sûr que non, répondit Abdülkerim. Il faut sans doute le faire. Mais il y a une procédure à suivre. Nous devons demander une autorisation au ministère ; c’est un processus très compliqué, et je ne suis pas sûr que…
— Pas question de demander une autorisation, l’interrompit l’Iranien. On va s’en occuper nous-mêmes. Et tout de suite.
Le Turc le regarda fixement, bouche bée.
— Maintenant ? Vous voulez… ? Mais non, c’est impossible. Nous devons respecter des règles très strictes dans la région. On ne peut pas se lancer comme ça dans des fouilles…
Zahed haussa les épaules, plongea négligemment la main dans son sac à dos et en sortit un automatique gris graphite, qu’il arma avant de le diriger droit sur le visage d’Abdülkerim.
— Si vous refusez, libre à vous.
Il tint l’arme pointée à quelques millimètres du front du Turc, exactement entre les deux yeux. Le front de l’homme se couvrit aussitôt de sueur. Il leva instinctivement les mains en l’air et fit trois pas en arrière, mais l’Iranien s’avança à son tour et lui colla le canon de l’arme sur le front.
— On creuse, on regarde et on s’en va sans faire de mal à personne. OK ? fit Zahed d’un ton égal, imperturbable comme à son habitude.
Le guide turc opina nerveusement du chef.
— Bien, fit alors l’Iranien, se reculant de quelques mètres. Et maintenant, plus vite nous commencerons, plus tôt nous quitterons les lieux.
Il glissa l’automatique sous sa ceinture, fouilla dans son sac et en sortit une bâche en toile vert bouteille qu’il ouvrit. Elle contenait un ustensile de camping repliable comprenant une pelle d’un côté, un pic de l’autre.
Il allongea la poignée au maximum, mit les deux outils en position et tendit le tout à Tess.
— C’est vous la spécialiste, non ?
Elle le fusilla du regard, puis, de très mauvaise grâce, s’empara de l’instrument.
— Ça risque de me prendre un certain temps, dit-elle en regardant l’objet d’un air ironique.
— Pas nécessairement. Vous avez à côté de vous un assistant tout à fait capable, qui ne rêve que de vous donner un coup de main, répondit Zahed avec un sourire, avant de se tourner vers Abdülkerim et de l’inviter à passer à l’action d’un geste de la main.
Le Turc fit oui de la tête puis rejoignit Tess.
Tous deux s’agenouillèrent, contemplèrent le sol avec résignation… et se mirent au travail.
Tess se servit du pic pour attaquer la couche de terre superficielle, sèche et compacte, Abdülkerim se chargeant de charrier les blocs d’argile séchée qu’elle dégageait et de les entasser à l’écart. Il ne leur fallut que
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