La malédiction des templiers
peu de temps pour mettre au jour une zone d’un peu plus d’un mètre carré, après quoi Tess creusa plus profondément.
Le pic heurta la pierre. Rien de bien considérable, juste un rocher de la taille d’une grosse balle. Elle déblaya la terre autour, aidée par Abdülkerim. D’autres morceaux de roc se trouvaient à côté, d’autres encore en dessous : deux couches de pierres bien denses, soigneusement disposées, qui empêchaient de distinguer ce qui se trouvait au-dessous.
— Ces pierres ne se trouvent pas là naturellement. Regardez la façon dont elles sont disposées. C’est quelqu’un qui les a apportées ici, remarqua Tess avant d’ajouter après une hésitation : Pour empêcher les bêtes sauvages d’atteindre les corps et de les déterrer.
— Bien, approuva Zahed avec un hochement de tête. Dans ce cas, les ossements devraient toujours être au même endroit.
Il lui adressa un regard qui l’incitait vivement à ne plus perdre de temps en bavardages, et elle se remit à la tâche, dégageant les pierres et les tendant au guide turc, qui les jetait ensuite au loin. Ils travaillèrent ainsi en tandem, à un rythme soutenu. Jusqu’à ce que quelque chose vienne interrompre la fluidité de leurs gestes.
Un coup d’œil du Turc, un regard interrogateur, inquiet.
Il venait de remarquer la ceinture à explosifs, ainsi que son cadenas, sous la chemise flottante que portait Tess.
La jeune femme le fixa alors longuement, avec intensité, et lui adressa un infime signe de tête, essayant de lui faire comprendre qu’il ne fallait surtout pas poser de questions, priant par ailleurs pour que leur ravisseur n’ait pas remarqué la réaction du Turc. Si c’était le cas, il n’en souffla mot. Elle vit la mâchoire d’Abdülkerim se contracter, et le Turc lui adressa à son tour un petit signe de tête indiquant qu’il avait compris le message puis se remit au travail.
Les pierres furent dégagées avant longtemps et, de nouveau, le pic ne rencontra plus que de l’argile, à un peu plus de cinquante centimètres de profondeur. C’est alors qu’apparut le premier ossement. Un fémur. Autour de lui, épars, d’autres, plus petits : les os d’une main, à l’extrémité d’un bras gauche.
Abandonnant son outil, Tess entreprit de déblayer soigneusement la terre à mains nues.
Le reste du squelette apparut alors rapidement.
Ses os étaient d’un marron terne, de la couleur de la terre dans laquelle ils reposaient depuis des siècles. Et même si le sol de la région ne souffrait pas d’une acidité particulièrement forte, Tess ne s’attendait guère à trouver grand-chose d’autre. Rares étaient les objets qui pouvaient survivre à sept siècles sous terre. Des armées de vers avaient fait leur ouvrage. Ses doigts butèrent sur plusieurs boucles en alliage de cuivre, uniques débris d’une ceinture et de bottes dont le cuir avait été depuis longtemps rongé, mais rien d’autre. Impossible de savoir avec certitude si les restes qu’elle avait sous les yeux étaient ceux d’un homme ou d’une femme ; cependant, à en juger par la longueur et l’épaisseur des principaux os des jambes et des bras, elle estima qu’il s’agissait plus probablement du squelette d’un individu de sexe masculin.
— Impossible avec ça de savoir de qui il s’agit, fit-elle remarquer en se relevant et en s’essuyant le front d’un revers de manche.
Elle était vannée, les efforts intenses qu’elle venait de fournir ayant épuisé le peu de forces qu’il lui restait après sa nuit blanche de la veille, là-haut dans la montagne. Comble d’inconfort, la ceinture piégée frottait contre ses côtes et pénétrait dans sa chair à chacun de ses mouvements, meurtrissant l’extrémité de sa cage thoracique. Mais à cela, elle ne pouvait rien.
Debout à côté d’elle, l’Iranien observait les restes humains. Il consulta sa montre avant de déclarer :
— Super. Beau boulot. Continuez comme ça.
Tess secoua la tête dans un mélange de mépris et de désespoir, avala une gorgée d’eau à la gourde que lui avait passée Abdülkerim, puis se remit à genoux et reprit le travail.
Une heure plus tard, avec l’aide du spécialiste de Byzance, elle avait exhumé les restes d’un autre corps.
Un, et pas deux…
Elle creusa deux petits trous de contrôle de chaque côté de la fosse commune, sans résultat. Ceux-ci ne révélèrent en effet aucune présence de pierres,
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