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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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kilomètres d’ici, et aujourd’hui les touristes préfèrent s’en tenir à des zones plus sûres, comme celle qui entoure Göreme.
    — Moins on est de fous, plus on rit, commenta l’Iranien, scrutant le fond du canyon, devant lui. On est encore loin ?
    — Nous sommes presque arrivés.
    Quelques minutes plus tard, après avoir franchi la forêt de cônes, ils s’arrêtèrent devant une paroi dépourvue de signes particuliers. Le soleil était maintenant beaucoup plus bas, baignant le paysage lunaire environnant de différents tons de rose et de bleu particulièrement spectaculaires.
    — Nous y sommes, annonça l’historien.
    L’endroit n’avait rien de bien frappant, jusqu’à ce que le Turc montre du doigt le haut de la falaise. Tess fixa des yeux ce qu’il indiquait : à une quinzaine de mètres au-dessus de sa tête, sur le côté, elle distingua dans la paroi une ouverture, de forme carrée. Une salle, ou plus précisément une pièce, ouverte à tous les vents, taillée dans le roc.
    — La paroi extérieure de l’église s’effondre dans un glissement de terrain il y a plusieurs siècles, expliqua Abdülkerim. Elle entraîne avec elle l’entrée du tunnel et l’escalier qui y mène.
    — Mais alors comment va-t-on y accéder ? s’enquit Zahed.
    — Par là, répondit le Turc en l’entraînant au pied de la falaise et en lui montrant les marches taillées dans le tuf tendre.
    — A vous l’honneur, fit Zahed avec un geste du bras.
    Abdülkerim passa donc le premier, suivi de Tess, l’Iranien fermant la marche. Ils gravirent précautionneusement les marches friables, jusqu’à atteindre un petit palier. D’autres marches, assez raides, érodées par la pluie et le vent, menaient à la pièce. Sans le moindre parapet, celle-ci donnait directement de l’autre côté de la falaise, sur le vide.
    Tess regarda en contrebas, ce qui lui donna le tournis.
    — Je comprends maintenant pourquoi cet endroit ne regorge pas de touristes, commenta-t-elle.
    Le Turc haussa les épaules.
    — C’est auparavant une église, avant de n’en être que le vestibule. La nef se trouve par là.
    Il les précéda dans un étroit passage et alluma sa lampe torche.
    La salle dans laquelle ils se retrouvèrent était étonnamment grande, d’une douzaine de mètres de profondeur et large de la moitié. Chacun de ses côtés était bordé par une allée, séparée de la nef par des colonnes exclusivement décoratives puisqu’elles ne soutenaient rien, l’église tout entière ayant été taillée dans la roche tendre. La nef s’élevait jusqu’à une voûte en berceau et donnait sur ce qui ressemblait à une abside en forme de fer à cheval.
    — La fresque est par là, dit Abdülkerim en les précédant un peu plus loin, et la crypte se trouve sous nos pieds.
    Tess le suivit, ses yeux balayant rapidement les peintures byzantines ornant chaque centimètre carré des parois et du plafond de la vaste salle. A la lueur mouvante de la lampe torche, elle distingua des scènes tirées de la Bible qui lui étaient familières, comme l’Ascension du Christ ou la Cène, mais aussi une iconographie religieuse plus propre à la région, comme une fresque représentant Constantin le Grand et sa mère, sainte Hélène, celle-ci tenant la « Vraie Croix », celle sur laquelle Jésus avait été crucifié, qu’elle affirmait avoir découverte à l’occasion d’un pèlerinage effectué à Jérusalem, en 325, dans le but d’en rapporter des reliques.
    Les parois étaient également riches en représentations tout à fait troublantes. Ainsi, une fresque dépeignait un monstre tricéphale, au corps de serpent, dévorant les damnés, une autre des femmes nues attaquées par des reptiles, une autre encore une sauterelle géante exorcisée par deux croix. Le sentiment de malaise qu’elles suscitaient était d’autant plus grand que les yeux, et parfois tout le visage, de la plupart des personnages représentés avaient été effacés, rayés, mutilés par les envahisseurs musulmans, qui croyaient par ce biais les éradiquer une bonne fois pour toutes. Les fresques en hauteur, ainsi que celles qui ornaient le plafond, avaient toutefois été épargnées, sans doute parce que difficiles d’accès. Des visages graves, impressionnants, aux yeux en amande intacts, aux sourcils noirs très soulignés, aux bouches anguleuses et sévères, contemplaient Tess de toute leur hauteur, le support dépourvu de relief donnant

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