Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
Vom Netzwerk:
dans le roc, dissimulés dans le secret de ses vallons et de ses ravins, leurs parois recouvertes d’un inestimable trésor de fresques byzantines.
    Depuis les premiers jours de la foi chrétienne, la Cappadoce avait été un important foyer de la chrétienté orthodoxe, le second juste après Constantinople. Paul de Tarse, saint Paul, avait prêché dans cette région en l’an 53, vingt ans exactement après la Crucifixion. La Cappadoce était ainsi devenue un asile pour les premiers adeptes de la Croix qui, fuyant les persécutions des Romains, trouvaient dans ce paysage labyrinthique un refuge naturel propre à les abriter du danger. Au IV e siècle, Basile le Grand, évêque de la ville toute proche de Kayseri et l’un de ces prélats baptisés « pères de la foi en Cappadoce », avait découvert le monachisme à l’occasion d’un voyage en Egypte et en avait introduit le concept de retour dans son pays. Les moines avaient alors entrepris de coloniser la région, taillant dans le roc des structures allant des cellules de prière individuelles creusées dans des aiguilles hautes de quelques mètres à peine jusqu’à des églises rupestres d’une taille impressionnante ou des monastères à plusieurs étages s’élevant haut dans les falaises.
    De telles excavations ne se trouvaient pas uniquement au-dessus du sol. Au cours des invasions et des conquêtes mongoles et musulmanes, elles s’étendirent également au sous-sol. Des dizaines de cités souterraines, dont certaines remontaient aux Hittites, parsemaient la région, au point que beaucoup n’avaient pas encore été explorées en totalité. Plusieurs se superposaient sur une douzaine d’étages, voire plus, en dessous de la surface du sol, dédales de tunnels, de quartiers d’habitation et d’entrepôts divers. Avec leurs conduits d’aération ingénieusement conçus et leurs plaques de pierre pouvant peser jusqu’à une tonne en forme de roue de moulin destinées à en interdire l’accès aux intrus, ces cités avaient fait office de sanctuaires pour des communautés entières chaque fois que des hordes hostiles hantaient la région, permettant ainsi aux tenants de la foi chrétienne orthodoxe de demeurer dans les vallées et de subir des siècles de domination seldjoukide et ottomane sans trop de dégâts.
    L’ironie veut que ce ne soit qu’en 1923, dans les premières années de la République turque, qui avait érigé le laïcisme en dogme, que les chrétiens aient été en fin de compte expulsés de la région. En fonction des accords dits de rapatriement forcé conclus entre la Turquie et la Grèce à la suite des quatre années de conflit ayant opposé les deux pays, la population orthodoxe de la région avait été déplacée en Grèce, des Turcs de religion musulmane venant s’installer à sa place dans les vallées. A la suite de cet exode, la plupart des monastères et des églises avaient sombré dans le délabrement du fait de l’absence d’entretien et du vandalisme rampant, une bien triste fin pour ces derniers témoignages de la gloire de Byzance, un âge d’or né plus de quinze siècles plus tôt.
    Alors qu’ils traversaient une sorte de forêt de cônes rocheux d’une dizaine de mètres de hauteur, Tess dut presque se pincer pour garder à l’esprit que cet endroit avait jadis été colonisé par des humains. Exténuée, elle avait le sentiment qu’il eût été beaucoup plus approprié pour des trolls ou autres djinns, et son cerveau fonctionnant au ralenti évoquait des images inquiétantes de créatures des sables, tout droit sorties des univers de Dune ou de La Guerre des étoiles , surgissant de leurs repaires enténébrés pour s’emparer d’elle et l’entraîner dans leur antre.
    La voix de Zahed interrompit son semi-cauchemar.
    — Mais où sont donc passées les foules de touristes ? demanda-t-il à Abdülkerim. Cet endroit ressemble à une ville fantôme.
    Bien que la vallée eût le statut de parc national, ils n’avaient pas rencontré plus d’une demi-douzaine de groupes de randonneurs, chacun ne rassemblant guère plus d’une poignée de personnes.
    — Cette gorge et les deux situées de part et d’autre sont considérées comme peu sûres dans les années 1950, expliqua le spécialiste de Byzance. Des éboulements ont souvent lieu dans les grottes, mettant en grand danger ceux qui les visitent ou les occupent. Les villageois sont relogés dans une ville nouvelle, à quelques

Weitere Kostenlose Bücher