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La malédiction des templiers

La malédiction des templiers

Titel: La malédiction des templiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Raymond Khoury
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visiter ni adeptes à interroger. En tout cas pas ouvertement. S’il existait bien des rassemblements soufis, ceux-ci étaient d’ordre résolument privé et n’avaient lieu qu’entre initiés, loin des regards indiscrets. Les contrevenants potentiels allaient toujours au-devant de lourdes peines de prison.
    Le soufisme avait été interdit en 1925, peu après que le père de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk, eut fondé sa république sur les cendres de l’Empire ottoman, où l’islam était religion d’Etat. Souhaitant à tout prix montrer à quel point la nouvelle Turquie serait occidentalisée, il avait tout mis en œuvre pour faire en sorte que le nouvel Etat soit strictement laïc, établissant une muraille infranchissable entre religion et gouvernement. Les soufis, dont les loges exerçaient une influence certaine aux plus hauts niveaux de la société et du gouvernement ottomans, en avaient fait les frais. Leurs loges avaient été fermées, la plupart converties en mosquées. Les rituels publics, considérés par Atatürk et son gouvernement comme trop rétrogrades et comme un frein possible à la modernité de type occidental à laquelle ils aspiraient, avaient été proscrits, tout comme l’enseignement de la tradition. En fait, la seule manifestation visible du soufisme dans le pays demeurait les exhibitions de danse folklorique de la sema , cette cérémonie où les adeptes de Rumi priaient en tournant sur eux-mêmes et qui, ironie de l’histoire, était devenue l’un des emblèmes touristiques du pays. Et encore celles-ci n’avaient-elles été autorisées de nouveau, bon gré mal gré, que dans les années 1950, à la suite de la requête de l’épouse d’un diplomate américain en visite en Turquie, qui avait exprimé le vif désir d’en voir une. C’est ainsi que cette doctrine fondée sur la fraternité du cœur avait fini par être bannie tant par les régimes fondamentalistes moyen-orientaux dominant des pays comme l’Arabie saoudite et l’Afghanistan, sous prétexte d’hérésie progressiste, que par le régime laïc turc, pour les raisons inverses.
    A en juger par l’océan de barbes et de fichus serrés singulièrement austères qui les entourait, Konya était une ville très pieuse et traditionaliste. Par contraste, les Occidentaux en vêtements d’été étaient nombreux, les deux groupes se mélangeant sans complexe. Tess et Reilly rejoignirent le flot des pèlerins, des dizaines d’hommes et de femmes, jeunes et vieux, venus de tous les coins du globe, qui se dirigeaient vers le sanctuaire. Celui-ci surgit très vite devant eux, inratable avec sa tour ramassée, dotée d’un minaret effilé, et son toit recouvert de tuiles de céramique turquoise. Cette vaste bâtisse médiévale de couleur grise avait été la tekke de Rumi, la loge où le poète vivait et méditait avec ses disciples. Celle-ci avait été transformée en musée, érigé autour de sa tombe, de celles de son père et d’autres saints soufis.
    Ils suivirent la procession qui, après avoir franchi l’imposante porte voûtée, pénétrait au cœur du mausolée. La plupart de ses salles présentaient des dioramas montrant des mannequins dans des cadres soufis traditionnels, représentations sans âme de pratiques désormais interdites, souvenirs lugubres d’une tradition pas si lointaine stoppée net par un arrêt venu d’en haut.
    Tess avisa un éventaire proposant des prospectus en plusieurs langues. Elle en prit un rédigé en anglais et le parcourut tout en flânant dans les salles du musée. Un passage lui fit hocher la tête, ce qui ne manqua pas d’attirer l’attention de Reilly.
    — Alors ? interrogea-t-il.
    — Des écrits de Rumi. Ecoute ça : « J’ai recherché Dieu parmi les chrétiens et sur la Croix, et ne L’y ai point trouvé. Je suis entré dans les anciens temples de l’idolâtrie et n’y ai trouvé nulle trace de Lui. Je suis entré dans la grotte creusée dans la montagne de Hira, y ai pénétré au plus profond mais n’ai aucunement trouvé Dieu. Puis j’ai orienté ma quête vers la Kaaba, le lieu qui accueille les jeunes et les vieux ; Dieu ne s’y trouvait point. Enfin, j’ai regardé dans mon propre cœur et là L’y ai trouvé ; Il n’était nulle part ailleurs. »
    — Courageux, le mec, commenta Reilly. Je suis surpris qu’ils ne lui aient pas coupé la tête séance tenante.
    — En fait, c’est le sultan seldjoukide qui l’a invité à

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