La malédiction des templiers
liberté. En liberté, et fou furieux. Reilly avait raison. Elle ne pouvait pas rester. Ce n’était pas raisonnable et, les choses étant ce qu’elles étaient, avec une fille et une mère qui attendaient son retour à la maison, le mieux qu’elle avait à faire était précisément de se montrer raisonnable.
Alors qu’elle se tournait pour rejoindre Reilly, ses yeux balayèrent de nouveau la rue en contrebas, s’arrêtant une fois de plus sur les chats. Ils venaient de longer une vitrine et se faufilaient dans une ruelle obscure en évitant soigneusement la silhouette solitaire qui se tenait, immobile, à l’angle.
Une silhouette solitaire qui regardait dans la direction de Tess.
La jeune femme se raidit. Il y avait quelque chose de familier dans son apparence. Ses yeux se fixèrent sur cette ombre, ses rétines se forçant à améliorer au maximum la résolution de l’image qu’ils lui renvoyaient.
Une adolescente.
Et pas n’importe laquelle.
Celle de la boutique de poterie.
Elle restait là, immobile, dans l’ombre, observant l’hôtel. Et en dépit de l’obscurité, Tess pouvait distinguer le blanc de ses yeux, petits fanaux lumineux dans les ténèbres.
Ses yeux levés vers elle.
Leurs regards se rencontrèrent. Tess sentit sa nuque se raidir. L’adolescente dut ressentir la même chose car elle se détourna soudain et disparut dans la ruelle.
Tess pivota sur elle-même, criant à Reilly :
— C’est la fille de la boutique, elle était dehors, à nous observer !
Elle ouvrit la porte de la chambre à la volée, dévala l’escalier, sortit en trombe de l’hôtel et se précipita dans la ruelle obscure, Reilly sur les talons. Aucun signe de l’adolescente. Tess poursuivit sa course jusqu’à un croisement avec une rue étroite. Elle regarda à gauche et à droite. Personne.
— Mais où est-elle passée, bon sang de bonsoir ? Elle n’a pas pu aller bien loin, quand même !
— Tu es sûre que c’était elle ?
— Absolument. Elle me regardait, Sean. Elle nous a certainement suivis jusqu’à l’hôtel. Mais pourquoi aurait-elle fait ça ? Merde ! Les évangiles… Ils sont dans mon sac à dos…
Elle s’apprêtait à reprendre la direction de l’hôtel quand Reilly l’arrêta du bras et lui montra son sac à dos, qu’il portait à l’épaule.
— Calme-toi, il est là.
C’était tout ce qu’ils avaient emporté avec eux à Konya. Outre les deux codex, le sac contenait le pistolet de Reilly.
Tess poussa un long soupir de soulagement.
— Tu crois que c’est ce qu’ils cherchaient ? Qu’elle nous a filés pour essayer de nous les piquer ?
— Je n’en sais rien. Peut-être.
Reilly regarda autour de lui et essaya de se repérer. Il fit un signe vers sa droite.
— Leur boutique est par là. C’est peut-être vers là qu’elle se dirigeait.
Tess réfléchit une seconde, puis fit oui de la tête.
— Ça paraît logique. Allons-y.
— Pourquoi ?
— Je veux savoir ce qu’elle fabriquait sous notre fenêtre.
55
Retrouver la boutique se révéla beaucoup plus difficile que prévu.
Les rues et venelles étroites du vieux quartier constituaient un véritable labyrinthe où il était facile de se perdre, surtout la nuit, le nombre de réverbères étant plus que limité. Lorsque Tess et Reilly finirent par tomber dessus, l’échoppe était plongée dans le noir.
Ce qui n’empêcha pas Tess de s’avancer résolument et de frapper de la paume contre son rideau en aluminium.
— Hé là ! cria-t-elle. Ouvrez ! Je sais que vous êtes là !
Reilly intervint :
— Enfin, Tess, la morigéna-t-il, tu vas réveiller tout le quartier…
— Je m’en fous. Peut-être que tout le quartier se trouverait mieux s’il savait que ces gens sont des escrocs, répliqua-t-elle en continuant de taper. Ouvrez cette porte ! Je n’ai pas l’intention de partir !
Reilly était sur le point de s’interposer de nouveau quand une lumière filtra à travers le volet de bois à claire-voie d’une fenêtre, au-dessus de la boutique. Quelques secondes plus tard, il s’ouvrit en grinçant, laissant apparaître la tête du commerçant.
— Qu’est-ce que vous faites là ? lança-t-il. Que voulez-vous ?
— Je veux parler à votre fille, répondit Tess.
— Ma fille ? s’étonna le boutiquier. Maintenant ? Mais pourquoi ?
— Dites-lui juste que je suis là, insista Tess. Elle comprendra.
— Ecoutez, madame, je ne sais pas ce que
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