La malédiction des templiers
comme s’il avait avalé une bombe à retardement. Sa joue était pressée rudement contre la moquette en synthétique de la cabine, obturant complètement la vision de son œil gauche et rendant sa respiration difficile.
Il était incapable de bouger. L’Iranien l’immobilisait avec une efficacité redoutable. Mais au moins ce dernier était-il désormais seul. Si Reilly devait tenter quelque chose, il fallait qu’il le fasse avant que le pilote ne revienne. Contre deux adversaires, il serait presque totalement impuissant, ligoté comme il l’était.
Autrement dit, il était impératif qu’il passe à l’action sans plus tarder.
C’est alors qu’il entendit le pilote donner le feu vert à l’Iranien, sentit ce dernier se soulever légèrement, lui laissant donc un peu de marge, et entendit un cliquetis indiquant que l’on était en train de déverrouiller la porte de la cabine.
Il savait que, pour ce faire, Zahed se servait forcément de sa main valide, et qu’il serait dans l’impossibilité d’utiliser l’autre pour contrer son attaque.
C’était maintenant ou jamais.
Reilly concentra ses forces, banda ses muscles, entendit le panneau s’ouvrir d’un bloc, sentit l’air s’engouffrer en rugissant, ce qui lui donna un coup de fouet supplémentaire.
Il décida d’oublier le mot « jamais ».
Mobilisant toute son énergie, il roula sur le côté et prit appui sur son épaule gauche pour se soulever du plancher et se retrouver le dos tourné vers le fond de la cabine, l’Iranien toujours derrière lui. Simultanément, il comprima ses deux mains l’une contre l’autre et prit un maximum d’élan pour projeter son épaule droite en arrière, le plus fort qu’il pouvait. Son épaule heurta avec violence son adversaire, déclenchant des grognements de douleur. Ce coup ne suffirait pas à bouleverser du tout au tout le cours de la partie qui s’était engagée, Reilly le savait pertinemment. S’il ne pouvait à lui seul mettre l’Iranien hors d’état de nuire, il pouvait au moins le déstabiliser, afin qu’il ne l’ait plus sur le dos – au sens propre – l’espace de quelques secondes. Ce fut en effet le cas.
L’Iranien perdit l’équilibre et le libéra durant trois précieuses secondes, un laps de temps suffisant pour permettre à Reilly de passer à la phase suivante de sa contre-attaque.
Tandis que l’air glacial tourbillonnait dans la cabine, Reilly s’allongea prestement sur le dos et prit coup sur coup deux initiatives : il ramena d’abord ses jambes sur son torse et lâcha un double coup de pied d’une violence inouïe qui frappa l’Iranien en pleine poitrine et l’envoya valser contre la paroi de l’appareil ; puis il se balança en arrière, se mit en position fœtale et ramena ses épaules en avant dans le but de réduire au minimum la distance qui les séparait de ses hanches, afin de permettre à ses mains de passer devant dans un mouvement d’une grande fluidité.
Elles étaient certes toujours attachées. Mais plus dans son dos.
Zahed se releva au moment précis où Reilly se remettait sur ses pieds. L’Iranien se trouvait devant la porte à moitié ouverte et fit un pas de côté pour s’en écarter. Les deux hommes se mirent en garde, s’affrontant du regard, courbés en deux sous le plafond bas, chacun cherchant à anticiper ce qu’allait faire son adversaire. Puis Reilly comprit qu’il se passait quelque chose derrière lui.
Dans le même mouvement, il se retourna et se jeta sur le Sud-Africain dans l’espace étroit qui séparait les sièges, les bras tendus. Impossible de porter un coup digne de ce nom avec des mains liées. Il saisit le pilote par le cou et l’attira brutalement à lui, sa tête venant cogner avec violence le nez de son adversaire. Un coup de boule terrible, comme jamais Reilly n’en avait donné : le craquement qui en résulta fut nettement audible malgré le rugissement de l’air. La tête du Sud-Africain alla percuter la cloison verticale qui séparait la cabine du cockpit, et il s’effondra.
Reilly sentit Zahed dans son dos mais il ne parvint pas à se retourner à temps pour dévier le coup : l’Iranien avait sorti son pistolet et l’abattait sur Reilly, le frappant à la mâchoire. Le coup n’était pas parfait, mais il n’en fit pas moins de sérieux dégâts : le visage de l’Américain se tordit de douleur et sa vision se brouilla un instant.
Il vacilla, se retint au siège adossé à celui du
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