La malédiction des templiers
dégager de l’étreinte de l’Iranien, d’élargir la zone où ce dernier courait le risque de recevoir un coup, jusqu’au moment où il sentit l’homme à sa portée : il rejeta alors la tête en arrière, aussi soudainement, aussi violemment qu’il le pouvait, et la base de son crâne alla donner dans le visage de l’Iranien. Le choc fut suffisant pour qu’il entende le bruit sourd de la chair meurtrie. L’étreinte de Zahed se relâcha aussitôt, ce qui n’échappa pas à Reilly, qui se tortilla de plus belle pour échapper à la clef qui le retenait prisonnier. L’Iranien essaya bien de resserrer sa prise mais la tête de l’Américain glissait déjà du bras replié autour de son cou.
Il mordit dans l’avant-bras tel un chien enragé.
L’Iranien poussa un cri de douleur accompagné d’un juron et releva vivement le bras, mais Reilly ne lâcha pas sa proie. Au contraire, il enfonça ses dents de plus belle dans l’avant-bras de son adversaire. Trop concentré sur l’Iranien, il avait toutefois oublié de s’intéresser au Sud-Africain, lequel passa ses deux bras autour de ses chevilles afin de les immobiliser de nouveau. Presque simultanément, Zahed libéra son coude, qu’il enfonça à la base de l’oreille de l’Américain, le sonnant à nouveau, ce qui lui permit de reprendre son étranglement.
Reilly essaya bien de continuer à lutter mais les deux hommes avaient raffermi leur prise, solidement. Ils parvinrent ainsi à lui faire franchir l’obstacle constitué par la pile de cartons contenant les textes anciens, puis l’espace restreint qui séparait les deux sièges en cuir qui donnaient vers l’avant, avant de le jeter tête la première entre ces deux fauteuils et les deux autres leur faisant face. La cabine étant bien trop étroite en largeur pour qu’il puisse tenir perpendiculairement, ils le firent pivoter de sorte qu’il soit en diagonale, ses pieds butant contre le siège avant droit, la tête à quelques centimètres à peine de la porte de la cabine.
— Vous allez pouvoir le tenir ? demanda le Sud-Africain.
— Faites ce que vous avez à faire, rétorqua Zahed.
Haletant, ce dernier se mit à califourchon sur le dos de Reilly, son poids compressant les bras toujours liés de l’Américain. Son propre avant-bras droit – le valide – était fermement appuyé contre le cou de Reilly, lui permettant tout juste de respirer.
— Je le tiens bien, ajouta-t-il.
Steyl resta encore là un moment, s’assurant que Zahed avait immobilisé Reilly comme il convenait, avant de s’en écarter lentement, prêt à réagir.
Rien ne se produisit.
— Je vais prévenir la tour par radio et nous ralentir, annonça le pilote à Zahed. Accordez-moi une minute.
— Allez-y.
Le Sud-Africain retourna dans le cockpit.
Il alerta par radio le contrôle aérien de Nicosie pour faire savoir qu’il avait atteint son palier de un deux zéro et demander l’autorisation de réduire sa vitesse à cent nœuds. Avec sa vitesse préalablement réduite, l’avion avait déjà commencé à ralentir. Une fois l’accord de la tour obtenu, Steyl modifia l’angle d’attaque des hélices afin de modifier celui des pales, ce qui, pour une automobile, aurait équivalu à passer sans transition de la cinquième à la seconde. Les hélices passèrent d’un coup à près de dix-neuf cents tours à la minute, accompagnées par un vrombissement strident dans la cabine.
Steyl regarda l’aiguille du tachymètre tomber au niveau recherché.
Elle atteignit le cent.
Tout était prêt.
— Vous pouvez ouvrir la porte ! lança-t-il à Zahed. Je vous rejoindrai dès qu’elle le sera complètement !
Il devait rester à son siège le temps que les deux parties de la porte soient ouvertes, afin d’être en mesure de réagir à toute complication imprévue susceptible d’intervenir au cours de cette manœuvre rien moins qu’orthodoxe.
Il se détourna de ses instruments pour regarder Zahed. Ce dernier, toujours à cheval sur le dos de Reilly, tendit la main pour tourner la poignée afin d’ouvrir la partie supérieure de la porte.
L’Iranien la repoussa d’un simple geste.
Le vent s’engouffra aussitôt et le panneau s’ouvrit avec violence.
Un grand souffle d’air glacial balaya la cabine avec un hurlement assourdissant.
Et ce fut le début de l’hallali.
64
Reilly avait l’impression qu’une horloge interne indiquait à son corps le passage de chaque seconde, exactement
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