La malédiction des templiers
incrédule.
— Toi alors, tu es impayable !
— Donc, ça veut dire que je t’ai manqué ?
Son sourire s’était maintenant franchement élargi. La résistance de Reilly allait céder avant longtemps.
Il soutint longuement son regard avant de lâcher :
— Bien sûr que tu m’as manqué.
Elle leva les sourcils, d’un air faussement surpris.
— Eh bien alors, si tu arrêtais de me regarder comme ça et…
Il ne lui laissa aucune chance de finir sa phrase. Roulant sur le lit, il prit sa tête dans ses mains et l’embrassa avec avidité. Les bouteilles de bière à moitié vides glissèrent du lit et tombèrent sur la moquette avec un bruit sourd tandis que leurs deux corps s’enlaçaient avec une ardeur renouvelée, leurs mains plongeant avec hâte sous leurs vêtements, à la recherche d’une chair familière.
— Je suis dégueulasse, murmura Tess tandis qu’il finissait de lui ôter sa chemise et embrassait le creux de ses seins avant de descendre vers son ventre.
Cela ne l’arrêta pas.
— Je sais. C’est ce que j’aime en toi, répliqua-t-il entre deux baisers.
Elle éclata d’un rire coquin, entre deux gémissements de plaisir.
— Mais non, je suis dégueulasse, vraiment. Sale, si tu préfères.
— Je te l’ai dit, ça fait partie de ton charme.
Elle prit sa tête entre ses mains, ferma les yeux et arqua le dos, sa tête disparaissant entre deux oreillers.
— Ça veut dire que j’ai besoin de me doucher, crétin.
— Moi aussi, marmonna-t-il tout en continuant de l’embrasser. Plus tard.
16
« Plus tard » prit deux bonnes heures. Reilly et Tess ne s’étaient pas revus depuis quatre mois. En fait, ils ne savaient pas jusqu’alors quand ils se reverraient, ni même si l’occasion s’en présenterait, car ils ne s’étaient pas exactement quittés dans les meilleurs termes. Et même si passer deux heures à se fondre l’un dans l’autre en oubliant le monde extérieur ne rattraperait pas cent vingt jours de désir réprimé ni ce qu’ils venaient de vivre et qui les avait tous deux conduits aux confins de la mort, c’était un excellent recommencement.
Après un long, très long passage dans la luxueuse cabine de douche au revêtement de marbre, ils se retrouvèrent au lit, cette fois dans d’épais peignoirs de bain, piochant allègrement dans le repas commandé au service en chambre, constitué de risotto parmigiano et de scaloppine al limone .
Reilly regardait Tess manger. Malgré la folie des dernières vingt-quatre heures, c’était si naturel de se trouver avec elle. Ou plus exactement de la retrouver. Sa présence lui rappelait avec un éclat singulier tout ce qui lui avait manqué en son absence. Ces yeux vert émeraude brillant d’intelligence mais aussi d’espièglerie. Ces lèvres exquisément ourlées et ces dents parfaites derrière un sourire lumineux. Ces boucles blondes, laissées en liberté, qui encadraient le tout et ajoutaient à ces vibrations farouches qui émanaient d’elle. Son rire. Son humour. Son énergie et son dynamisme. Cette aura qui fascinait tout le monde quand elle entrait quelque part. En la regardant à cet instant, en train d’engloutir son repas avec le plaisir sans réserve de quelqu’un dévorant la vie à pleines dents, il n’arrivait pas à croire qu’il l’avait bel et bien laissée sortir de son existence. C’est pourtant ce qu’il avait fait, même si les raisons de cette séparation semblaient désormais avoir été, sinon insignifiantes, en tout cas fort mal gérées. Une constatation bien entendu beaucoup plus facile à faire après coup…
Il aurait dû dire quelque chose à l’époque, se reprochait-il. Mettre un terme à cette lente érosion, aux frustrations, au sentiment d’inadaptation qu’il avait ressenti. Durement. A l’époque, il n’avait pas vu de solution magique. Ils avaient décidé très – trop ? – rapidement de refaire leur vie ensemble. Tess avait déjà une fille de douze ans, Kim, qu’elle avait eue de son ex-mari, journaliste en vue d’une chaîne de télévision, qui aurait bien mérité d’être traîné devant les tribunaux pour harcèlement sexuel, et qui s’était installé sur la côte Ouest. Reilly, de son côté, ne s’était jamais marié et n’avait pas d’enfants. Ce qui était devenu un vrai problème dès lors que les caprices de la reproduction humaine étaient entrés en jeu. Car Reilly ne souhaitait pas seulement être le beau-père de
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