La malédiction des templiers
d’un geste de la main.
— Ce qui s’est passé ce matin a commencé ici, à l’intérieur de la Cité du Vatican. La façon dont nous allons traiter cette affaire nous regarde nous… Par ailleurs, comme vous le savez, nous avons quelque influence sur ce qui se passe au-delà de ces murailles.
— Votre influence s’étend-elle jusqu’au siège du FBI ? Parce que, si j’ai bien compris, ils veulent me retirer mon badge.
Brugnone eut un sourire entendu.
— A cet égard, je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de domaines qui échappent à notre sphère d’influence, dit-il avant d’ajouter sur un ton plus ferme : Je veux que vous soyez partie prenante de cette enquête, agent Reilly. Je veux que vous retrouviez cet homme et mettiez un terme à ses agissements barbares. Mais j’ai également besoin de savoir que vous continuerez de veiller à nos intérêts, autrement dit que si vous trouvez ce qu’il recherche, quels que soient le ou les objets en question, vous me les remettrez en mains propres toutes affaires cessantes, au mépris d’autres considérations… ou influences, ajouta-t-il en insistant sur ce dernier mot.
— Qu’entendez-vous par là ? s’enquit Reilly, piqué au vif.
— Que certains de vos associés, ou de vos amis, pourraient avoir d’autres idées sur ce qu’il conviendrait de faire, s’agissant d’une découverte de portée historique.
Cette fois, c’est sur le mot « amis » que le prélat avait mis l’accent.
Reilly crut avoir compris.
— Vous vous inquiétez à propos de Tess ?
Brugnone haussa les épaules.
— Dans une situation comme celle-ci, chacun est un sujet de préoccupation. C’est pourquoi j’ai besoin de savoir que vous prendrez les intérêts de l’Eglise à cœur, avant toute autre chose. Puis-je avoir votre parole sur ce point, agent Reilly ?
Ce dernier soupesa les paroles du cardinal. D’un côté, il avait le sentiment d’être l’objet d’un chantage. De l’autre, ce n’était pas comme si on lui demandait de faire quelque chose qu’il n’aurait jamais fait de toute façon. Et par ailleurs, pour le moment, sa priorité consistait à mettre hors d’état de nuire l’homme responsable du carnage de ce matin. Le contenu de ces coffres était d’une importance secondaire. Et de loin.
— Vous avez ma parole.
Brugnone accusa réception d’un léger hochement de tête.
— En ce cas, vous devez vous mettre au travail sans plus tarder. Je parlerai à Delpiero et aux responsables de la police italienne. Ainsi qu’à vos supérieurs. Vous avez le champ libre.
— Je vous en remercie.
Reilly tendit la main au prélat, se demandant si ce geste était celui qui convenait. Brugnone la saisit fermement dans les deux siennes.
— Trouvez-le. Et arrêtez-le.
— Ce ne sera pas facile. Il a obtenu ce qu’il voulait… Et avec ce Registre, il a un coup d’avance sur nous. Si le livre contient des informations sur ce qu’est devenu ce Conrad, c’est là que nous trouverons notre homme. Mais il a des biscuits. Et pas nous.
Brugnone esquissa un sourire.
— Je ne dirais pas tout à fait cela…
Il laissa sa phrase en suspens, comme pour laisser languir son interlocuteur, avant de préciser :
— Voyez-vous, nous nous sommes rendu compte il y a déjà un bon moment que nos archives occupaient un volume bien trop considérable pour être administrées selon les méthodes traditionnelles. Nous avons plus de quatre-vingt-cinq kilomètres linéaires d’étagères bourrées à craquer de documents. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes lancés il y a maintenant huit ans dans un projet de numérisation à grande échelle. Aujourd’hui, nous avons scanné à peu près la moitié de nos archives.
Le visage de Reilly s’éclaira légèrement. Il pressentait déjà ce qui allait suivre mais n’en lança pas moins au prélat :
— J’espère que vous n’avez pas procédé par ordre alphabétique…
— Nous nous sommes basés avant tout sur l’intérêt potentiel des différents fonds, répliqua le cardinal avec un sourire entendu. Et, notamment après les événements survenus il y a trois ans, on ne peut pas dire que les Templiers soient un sujet dénué d’intérêt, n’est-ce pas ?
1 - Voir Le Dernier Templier , du même auteur, aux Presses de la Cité. (N.d.T.)
15
Le reste de l’après-midi fut à la fois chaotique et tumultueux.
Reilly et Tess le passèrent dans les bureaux de la
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