La malédiction des templiers
occupant avant de rejoindre tranquillement la tour de contrôle afin de régler les formalités administratives. Le soir même, au volant de la voiture de location, il était venu retrouver Zahed à l’avion et l’avait aidé à faire sortir les deux autres, à la faveur de l’obscurité.
Les choses se compliquaient quelque peu, comme Zahed s’y était plus ou moins attendu. En observant le pompier, il vit que son regard était rivé sur Simmons, qui, affalé sur son siège, regardait droit devant lui, immobile, les yeux cachés derrière ses lunettes de soleil. Zahed eut une bouffée d’inquiétude. Le siège arrière faisant office d’écran, il plongea la main dans sa serviette et en sortit un pistolet Glock 28 ultraléger muni de son chargeur à capacité augmentée, de dix-neuf balles, son préféré. Il le glissa dans son dos, sous sa ceinture.
Sur quoi il rejoignit le pilote à la porte de la cabine, les deux passeports à la main.
— Votre ami… Il va bien ? demanda le pompier.
— Lui ? Oh, il est en pleine forme, répondit Zahed en tendant les documents à l’Italien et en ajoutant, avec un clin d’œil complice : Il a un peu abusé de votre Montepulciano hier soir, voilà tout.
— Ah bon, se détendit l’homme en feuilletant les passeports.
Zahed suivait ses moindres gestes, muscles tendus, les sens en éveil.
Sourcils froncés, le pompier s’efforçait tant bien que mal de garder ouvert le passeport de Zahed tout en remplissant l’un des formulaires posés sur ses genoux. Ayant terminé, il fit passer le papier sous la pile et s’occupa du passeport de Simmons. Il l’ouvrit, puis le mit un instant de côté pour feuilleter la liasse qu’il tenait à la main, de toute évidence à la recherche de quelque chose. Levant les yeux vers Zahed et Steyl, il leur adressa un sourire penaud avant d’en revenir à sa liasse, jusqu’à ce qu’un papier retienne son attention. Après l’avoir passé sans réellement le voir, il s’arrêta, fit un retour en arrière, l’extirpa de la pile et l’examina avec curiosité. Après quoi il fit ce qu’il n’aurait jamais dû faire : il jeta un coup d’œil à Simmons. Un coup d’œil qui n’avait rien d’anodin ni d’accidentel. Un regard furtif, lourd de sens, qui amena Zahed à glisser sa main dans son dos, à en retirer le pistolet d’un geste calme et fluide et à le pointer sur le visage de l’Italien.
Il leva son autre main, index pointé, se tapota doucement les lèvres, faisant comprendre au pompier qu’il devait se tenir tranquille. Puis il tendit cette même main vers l’homme et lui fit signe de lui remettre documents et passeports. Nerveux, l’Italien tourna rapidement les yeux de gauche à droite, montrant d’une façon un peu trop évidente qu’il réfléchissait au moyen de se sortir de ce guêpier. D’un mouvement du doigt, calmement, Zahed lui fit signe de ne rien tenter. Il acquiesça d’un hochement de tête et lui passa les documents.
Ses yeux quittant un court instant le pompier, Zahed lança à Steyl :
— Faites donc monter notre ami dans votre avion, je vous prie.
— Bien sûr, fit le pilote après une courte hésitation.
Il se pencha en avant et agrippa l’avant-bras de l’Italien. Ce dernier hocha la tête nerveusement et pénétra dans la cabine. Là, il resta debout, sans bouger, les bras ballants, transpirant comme jamais, le visage déformé par la peur, son corps d’obèse bouchant presque la porte de la cabine demeurée ouverte, la tête baissée sous le fuselage bas de plafond.
Feuilletant rapidement la liasse de documents, Zahed trouva sans mal le papier qui avait retenu l’attention du pompier. C’était l’alerte diffusée à tous les points de sortie du territoire italien. Une photo de Simmons l’illustrait. Zahed nota avec intérêt que la sienne n’y figurait pas. Il en tira la conclusion qu’aucun des enregistrements vidéo réalisés par les caméras de surveillance du Vatican n’était assez net. Une excellente nouvelle. Il devait faire en sorte que tout continue comme ça.
Levant les yeux vers l’Italien, il l’invita d’un geste à prendre place sur le siège opposé à celui qu’occupait Simmons, de l’autre côté de l’avion.
— Prego. Je vous en prie.
L’homme opina du bonnet. Au moment où il lui tournait le dos pour aller s’asseoir, Zahed leva son pistolet et frappa violemment le pompier à la tête. L’Italien tomba lourdement sur le
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